Rebecca, Daphné du Maurier
Rebecca, Daphné du Maurier, éditions Le Livre de poche, 1971, 377 pages
Genre : roman
Thèmes : amour, mystère, drame, suspicion, domaine
L'auteur en quelques mots ...
Née en 1907 à Londres, Daphné du maurier est élevée dans une famille londonienne aisée. Elle est la fille de l'acteur Gerald du Maurier et la petite-fille de l'écrivain et dessinateur George du Maurier, ami de Henry James et auteur notamment de Trilby.Daphné du Maurier évoque dans "Les Souffleurs de Verre", les origines françaises de sa famille.
Daphné Du Maurier écrit ses premières pages dignes d'être publiées à l'âge de dix-huit ans. Elle publie son premier roman, "The Loving Spirit" ("La Chaîne d'amour"), en 1931 et épouse l'année suivante le général de division Frederick Browning. Le roman de Daphné du Maurier le plus connu est certainement "Rebecca" (1938), l’histoire du mariage d’une jeune femme avec un veuf riche et mystérieux. Oeuvre saluée par la critique, qui lui apporte la gloire. Ce roman lui a été inspiré par une demeure qui l'avait marquée et qu'elle n'a eu de cesse de réclamer pour la louer auprès de son propriétaire : Menabilly.
Trois de ses écrits sont portés à l'écran par Alfred Hitchcock :
"L'Auberge de la Jamaïque" (1936), adapté au cinéma sous le titre "La Taverne de la Jamaïque" en 1939, "Rebecca" (1938), adapté au cinéma en 1940 et "Les Oiseaux" (1952), adapté au cinéma en 1963.
L'histoire :
" J'ai rêvé l'autre nuit que je retournais à Manderley".
" Un nuage invisible jusqu'alors passa devant la lune et s'y arrêta un instant, comme une main sombre devant un visage. L'illusion s'évanouit et les lumières des fenêtres d'éteignirent. Je n'avais plus devant moi que des murs silencieux et sans âme."
Revenant sur son passé, la narratrice évoque avec précision ce que fut Manderley, demeure imposante dont l'attrait était aussi bien dû à ses parterres fleuris qu'à son côté mystérieux.
Alors qu'elle était au service de Mrs van Hopper en tant que dame de compagnie, la narratrice, réservée, peu sûre d'elle, fait la connaissance de Maximilien de Winter. L'homme est lui aussi à l'écart et, bien que de noble naissance, ne semble pas tenir à la compagnie des autres résidants de l'hôtel à Monte-Carlo. Il exerce pourtant sur la narratrice un attrait qui lui fait quitter sa réserve. Tous deux vivrons des moments exaltants et hors du temps jusqu'à ce que Mrs Van Hopper annonce son départ, qui implique celui de sa dame de compagnie.
Aussi soudainement qu'étonnament, Max de Winter n'entrevoit d'autre solution pour sauver la jeune femme des griffes de sa maitresse que le mariage. Sans plus réfléchir, la narratrice accepte et se retrouve , après un rapide voyage de noces en Italie, à Manderley, demeure des Winter. Elle découvre alors la marque indélébile de la première Mme de Winter, Rebecca que les domestiques adoraient et ne parvient à toruver sa juste place.
Commence alors une vie qu'elle n'a pas voulue, faite de rituels, de recommandations dans laquelle elle semble n'être que l'ombre de Rebecca. Mais c'était sans compter sur les chemins tortueux du destin ...
En vrac et au fil des pages ...
(Menabilly)
j'ai adoré me replonger dans l'unievrs si particulier de Daphné du Maurier où les ombres du passé se mêlent à l'inconscient des vivants pour les tourmenter. lors de ma première lecture, voilà des années, j'étais plus intriguée par le personnage de Rebecca qui se dessine peu à peu et uniquement par le portrait qu'en dressent les autres protagonistes. le suspens est latent et l'on s'attend à chaque instant à voir ressurgir son fantôme.
Cette deuxième lecture m'a permis de me détacher de ce personnage pour me concentrer que la narratrice, nouvelle Mme de Winter qui, il faut bien le dire, est affligeante de naiveté ! Seul le dernier tiers du récit lui rend hommage, la rendant plus forte, capable d'affronter la terrible Mrs Danvers et la fatalité.Cependant l'on suit à,travers ses yeux l'évolution de la situation, de son entrée dans un Manderley qu'elle admire mais qui lui est totalement inconnu, aux face à face avec la dame de compagnie de Rebecca, toujours plus ou moins maitresse des lieux.
Les descriptions sont riches de détails et l'on n'a aucun mal à imaginer la demeure qui m'est apparue plus réelle grâce à la lecture récente d'une biographie rédigée par Tatiana de Rosnay, Manderley for ever. En effet, j'y ai appris que l'idée de ce roman avait émergée alors que daphné du Maurier était sous l'emprise d'une autre demeure, Menabilly. Le personnage de Mrs Danvers tient lui-même d'une femme cotoyée alors qu'elle était en pensionnat.
Quelques pépites comme cette description gourmande typiquement british que je ne résiste pas à vous livrer : " Sur ce balcon net, blanchi par des siècles de soleil, je songe à l'heure du thé de Manderley et à la table dressée devant la cheminée de la bibliothèque. La porte s'ouvrant toute grande à quatre heures et demi tapant et l'apparition du plateau d'argent, de la bouilloire, de la nappe blanche. (...) Je revois ces croissants luisants de beurre, le bord croustillant des toasts et les scones brûlants. Il y avait des sandwiches aux mystérieuses saveurs et un pain d'épices extraordinaire, un cake à l'angélique qui fondait dans la bouche, et un autre plus épais aux amandes et aux raisins.
L'on comprend qu' Alfred Hitchcock soit tombé sous le charme de ce récit et ai souhaité l'adapter.