Quand le jazz est là ...
La photo choisie par Leiloona pour cet atelier ( photo de Romaric Cazaux) m'a tout de suite fait penser au jazz, une musique que j'affectionne et qui me transporte dans le New York des années 50. pour les besoins de la cause j'emprunte e titre à une chanson de Claude Nougaro, Le Jazz et la Java.
La nuit, enfin, comme une renaissance, Ernie. La faune nocturne s'éveille, disparate, métissée. Insomniaques, piliers de bar, sans âme, sans gîte; tous trouvent de quoi se repaitre. D'autres, mélomanes, guettent les enseignes aux noms évocateurs : le Blue note, le Cotton club...
Je suis de ceux-là, mon frère.
Le jazz, aah, langueur d'un blues qui s'étire, porté par un saxophoniste mélancolique ou un pianiste fou. Nulle autre musique n'atteint mes sens. Le jazz fait naitre en moi un sentiment mêlé de bonheur intense et de spleen.
Ahmad Jamal, Eddie Culloun, Sidney Bechet, le grand Armstrong, Lester Young, New York, Chicago, partout je les ai suivis. Mal aimés, adulés, ils portent les stigmates du désenchantement. C'est ça le jazz, mon frère, une musique qui ne se donne pas mais qu'il faut comprendre, le son d'une histoire, l'espoir d'un peuple. Il n'y a pas un mais des jazz, aux confluences de courants portés par des hommes passionnés, épris de liberté. C'est une musique bouillonnante qui se réinvente sans cesse, en phase avec son époque. Ecoute le jazz, Ernie, et tu comprendras le monde.
Faut-il que la salle soit sombre et enfumée comme la ruelle qui l'accueille ? C'est qu'on ne joue pas le jazz à salle comble, le jour le tue. L'intimité lui convient mieux, l'ambiance feutrée d'un club, le rythme achoppé, décadent et la nuit pour écrin.
Regarde-les Ernie, ils ne te voient pas, ils sont en transe et ne font qu'un avec leur instrument. c'est une plainte ou une déclaration d'amour, l'essence de la vie, un battement de cœur. On ne peut que communier avec eux, entrer dans l'univers qu'ils dépeignent pour nous. Écoute et ressens, ils parlent à ton cœur.
Le jazz, ami, ça se vit, avec ses tripes, avec son âme.
Mais il est tôt et il est temps, Ernie. Ce soir je te parlerai de Joe "king" Oliver et de Fletcher Henderson, je te dirai les voix du jazz, le scat, Ella Fitzgerald et Sarah Vaughan ...
"En se retirant des rêves, la nuit du jazz laisse par terre ses journaux de la veille et des coquillages qui, si vous les portez à l’oreille, vous en racontent plus long sur vous-même que votre petit doigt." Alain Gerber