Allez, pour les derniers cadenas de l'atelier de Leiloona, un texte doux amer ...

Bichette, tu déconnes !

« Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine
»*

Aujourd’hui me voici, devant toi, mis à nu. Pourquoi parler de bois ? Le temps n’est plus aux faux semblants. Laissons aller nos âmes et que les flots emportent nos paroles trop sombres. C’est au soleil couchant qu’apparait le mieux la pureté des choses. Et si le gris l’emporte, alors les amours mortes gonfleront de leurs cris la Seine nonchalante.

Allons, Bichette, tu déconnes ! Vois-tu comme les gens passent autour de nous ? Qui peut dire si demain, l’un deux se souviendra avoir vu sur un pont, cherchant leur cadenas, ce couple larmoyant. Pour défaire une vie est-il bien nécessaire de faire marche arrière, d’enlever les symboles, d’ôter les souvenirs ? Devrons-nous aussi plonger pour en chercher la clé ? Peut-être devrions-nous essayer. Je me noierais volontiers aujourd’hui !

Tu l’as avalée ? … Grand Dieu !

Ce pont. Tu es venue pour l’alléger de notre amour. Et lui, le sauveras-tu de la chute ? Il t’empêche donc de dormir ce cadenas ? Mais Bichette, qui s’en soucie ?

Regarde-moi. Pose cette pince va ! Quand l’amour s’en va, le vent l’emporte. Je sens déjà la douce brise du soir. Ne te tourmente pas, je ne dirai à personne qu’un jour tu as cru m’aimer toute une vie.

« L'amour s'en va comme cette eau courante
L'amour s'en va
Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente
»*

*Le Pont Mirabeau- Guillaume Apollinaire

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