On rejouerait Cendrillon ...
Pour l'atelier d'écriture de ce lundi, Leiloona nous invite à nous pencher sur une paire de chaussures ! Une photo de Kot.
Je serai la Cendrillon des temps modernes. Pour moi il rejouera la scène de l’essayage de soulier dans les maisons du quartier, il me retrouvera et nous vivrons heureux.
Mouais, sauf que je ne le connais pas encore. Et lui non plus. Pas grave.
Tentative n°1 : déposer mes chaussures sur le trottoir à minuit. Au petit matin, en sortant de chez lui, il ne pourra les manquer. Leur couleur bleu électrique ne manquera pas de le séduire et il se dira sans autre pensée qu’il lui faut cette fille !
Bon allez ! Attendre. Dans quelques heures il sortira. A moins qu’une pimbèche ne les emporte avant. Oh mon dieu ! Et s’il sort au moment où elle les prend, il pensera qu’elles sont à elle et il l’épousera et ils auront beaucoup d’enfants et …
Non, ça n’arrivera pas car je n’en ai déposé qu’une. Qui s’encombrerait d’une seule chaussure, même si elles viennent de chez Chloé ?
Mouais, du coup lui aussi se dira que cette pauvre chaussure est décidément perdue. Peut-être la jettera-t-il aux ordures ? Non ! Si ?
Bon ok je laisse la paire. Là quand même le signal est fort : prend-moi ! Enfin les chaussures quoi !
Et une fois dans ses mains, regarder la pointure, la marque, la couleur. En déduire le genre de fille qui pourrait porter de telles beautés. Moi je guette et lorsqu’il relève la tête j’apparais. Et là il me demande si elles sont à moi. Et là je dis …
Je dis que je ne sais plus et que pour le savoir il faudrait qu’il me les essaie. Normalement il devrait comprendre la référence au conte. Non ? Hum …
Bon ou sinon je le laisse regarder partout autour de lui et là il lève les yeux et me voit à la fenêtre. Je lui lance un « oups ! » et il comprend qu’elles sont à moi. Alors il grimpe quatre à quatre les escaliers de mon immeuble, frappe à ma porte (non sans avoir essayé des dizaines de portes avant bien entendu !). Il est épuisé et n’y croit plus, mais si c’est bien moi !
Et là il dit …
Eh ! Mais qu’est-ce qu’ils font là tous en bas ? C’est quoi cet attroupement autour de mes chaussures ? Non, non ! Ne les touchez pas ! C’est pour lui cette mise en scène. Mais non elles ne sont pas piégées (sans blague qui piègerait des chaussures Chloé ?). Mais non il ne s’est rien passé sur ce trottoir cette nuit ! Elles sont là pour lui, point ! Bon sang mais vous ne connaissez pas le conte ? Cendrillon, ça vous parle ? Bon ok y’avait pas la paire. Ok elles n’étaient pas bleues (m’enfin y’a bien des malins qui croient qu’elles étaient en verre alors !). Mais bon le signal est fort non ?
Allez fichez moi le camp ! Dans quelques minutes il va sortir et lui il va comprendre. Et moi j’arrêterai de l’épier chaque heure de chaque jour derrière ma fenêtre, d’inventer des scenarios pas possible pour lui parler. J’arrêterai de croire qu’il n’est pas fait pour moi. Et il me verra, enfin, et nous serons heureux.
Hein que c’est possible ? Si seulement…si seulement.