Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, Harper Lee

Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, Harper Lee, éditions de Fallois, 2005, 347 pages

Genre : roman

Thèmes : ségrégation, famille, enfance

 

L'auteur en quelques mots ...

 

Née en 1926 à Monroeville dans l'Alabama, Nell Harper Lee est connue pour son seul roman : Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, qui a obtenu le prix Pullitzer en 1961. De son enfance elle tire quelques éléments que l'on retrouve dans son roman : la ressemblance entre son père, avocat et Atticus Finch, son amitié avec son voisin Truman Capote. Elle participe d'ailleurs au récit De sang froid de ce dernier.

Son roman présente la particularité d'être paru, en français, sous trois titres successifs (en plus du titre de l'adaptation cinématographique) :

  • Quand meurt le rossignol, en 1961, dans une traduction de Germaine Béraud ;
  • Alouette, je te plumerai, en 1989, dans une traduction d'Isabelle Stoïanov ;
  • Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, en 2005, dans la précédente traduction d'Isabelle Stoïanov revue par Isabelle Hausser.

Probablement marquée par  son récit Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, Harper Lee rédige des essais et articles mais pas d'autre roman. . C'est avec surprise que l'on a appris la sortie de son deuxième roman en 2015, Go set a watchman.

 

L'histoire

 

Alabama, années 30. Jem et Scout Finch occupent leurs vacances à envisager un moyen de découvrir qui est Boo Radley et le faire sortir de sa demeure où il vit reclus depuis des années. Fascinés et effrayés à la fois par la légende qui court sur cet homme, les enfants imaginent son aspect physique, ses réactions, jusqu'au jour où ils découvrent de petits cadeaux laissés dans un tronc d'arbre.Ils en déduisent que cela provient de Boo Radley. Dill, leur camarade à l'imagination fertile, se joint à eux. Les enfants en viennent à la conclusion que Boo n'est pas le monstre qu'ils croient, ce qui sera vérifié le soir de l'incendie chez Maudie .

Elevés dans la bienveillance ils découvrent bientôt le racisme et les jugements à l'emporte pièce  à l'occasion du procès de Tom Robinson, jeune homme noir accusé de viol par une famille pauvre de Maycomb, les Ewell. Atticus Finch, avocat de Tom Robinson et père des enfants, n'aura de cesse de prouver son innocence et devra faire face aux menaces de certains habitants et aux représailles du père Ewell dont la réputation a souffert durant ce procès.

Même après le verdict, la famille Finch sera encore la cible de sa malveillance...

 

En vrac et au fil des pages ...

 

Voici un roman touchant qui aborde avec simplicité le thème de la ségrégation durant les années 30 dans le sud des Etats-Unis. La narration , assurée par Scout, apporte la naïveté d'une jeune fille de 9 ans. Revenant sur son enfance, elle commente avec son regard d'adulte ce qu'elle a vécu et revient sur la bienveillance de son père, les relations avec son frère, la vie dans la petite ville de Maycomb en Alabama, pétrie d'a priori et de culture raciste.

Dès les premières pages on sent qu'il va se produire un evénement d'ampleur, mais l'on ne sait s'il sera lié à la fascinante histoire de Boo Radley ou en lien avec le procès Robinson.Plusieurs histoires s'imbriquent en réalité pour dresser le portrait d'une petite ville du sud et les thèmes à l'honneur ne laissent pas de place au doute : l'éducation et les préjugès forgent les destins. L'on verra ainsi une critique implicite de la société qui maintient les uns dans la pauvreté, ne permettant pas l'accès à l'école alors que les autres subissent la ségrégation.

La justice est observée par l'enfant, son regard naif et tolérant, l'adulte qui croit dans les valeurs qui ont fait de lui un avocat, les jurés qui vivent dans une époque où la couleur de peau détermine le verdict. Malgré tout la leçon donnée par Atticus à ses enfants est empreinte de bienveillance, tentant d'expliquer au mieux les injustices dont les jeunes sont témoins, eux qui ont grandi dans une communauté dans laquelle on ne fait pas de différence ( la nounou noire est là pour le rappeler) : " Une salle d'audience est le seul endroit où un homme a droit à un traitement équitable, de quelque coleur de l'arc en ciel que spit sa peau, mais les gens trouvent le moyen d'apporter leurs préjugés dans le box du jury".

Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur est un récit initiatique, l'histoire d'une jeune fille marquée dans son enfance par plusieurs événements déterminants, qui découvre peu à peu son père, comprend les valeurs qu'il lui inculque et le respect d'autant plus qu'ils se bat avec l'énergie du désespoir mais sans violence.

J'ai aimé la référénce au poème L'Oiseau moqueur en même temps que l'allusion faite aux deux personnages clés qui feront évoluer Scout : Boo Radley et Tom Robinson, deux êtres à part, en marge, tout comme l'oiseau qui égaye de sa présence la journée des habitant et ne nuit à personne. "To kill a mocking bird is a sin." dit Atticus à ses enfants ( tuer un oiseau moqueur est un péché)

On a beaucoup glosé sur ce roman et sa dimension autobiographique, de même que sur le fait que Harper Lee n'ait plus jamais écrit de récit à la suite. Pour ma part j'ai hâte de lire  Go set a watchman et  vous livre un extrait, en attendant, de l'adaptation cinamétographique de Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur.

 

Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, Harper Lee
Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, Harper Lee
Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, Harper Lee
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