L'Adjacent, Christopher Priest

L'Adjacent, Christopher Priest, éditions Denoël, lunes d'encre, 2015, 552 pages

Genre : science-fiction

Thèmes : aviation amour, univers parallèles, guerre, expérimentation, deuil

 

L'auteur en quelques mots ...

 

L'Adjacent, Christopher Priest

Né en 1943 à Cheadle, Christopher Priest est un écrivain britannique qui vit actuellement à Hastings. Sa première nouvelle intitulée The Run parait en 1966. Mais c'est avec Le Monde inverti qu'il connait le succès. Depuis, La Fontaine pétrifiante, Le Glamour, Le Prestige (adapté au cinéma par Christopher Nolan ) et la Séparation ont confirmé l'engouement du public. Les thèmes du double, de l'illusion, sont au coeur de son écriture.

 

Merci à Joyeux Drille du blog Appuyez sur la touche lecture pour le lien vers une interview de Christopher Priest lors des Imaginales.

 

L'histoire : 

 

"Je dupe et je trompe. Voilà ce que je fais"

 

Tibor Tarent quitte précipitamment l'Anatolie, escorté par des officiels, pour rallier la République islamique de Grande-Bretagne. Sa femme, Mélanie Tarent, vient de décéder dans des circonstances pour le moins étranges. Son corps n'ayant pas été retrouvé, Tibor doute. Infirmière, Mélanie s'était investie dans cette région où l'a suivie son mari, photographe. Tous deux espéraient se rapprocher mais vont vivre cette étape comme une séparation, un détachement. De retour dans son pays, Tibor Tarent découvre que des attentats ont eu lieu qui ont quasiment rayé Londres de la carte. Cette révélation lui est faite peu à peu par ceux qu'il rencontre et qui lui en apprennent un peu plus sur ce qui s'est passé en son absence. Rapidement, Tibor Tarent comprend que des événements hors du commun ont lieu et fait le lien avec la mort de Mélanie : en ces deux lieux un étrange triangle a été retrouvé au sol, seule marque de la violence déployée contre des êtres humains. Pourtant, alors qu'on le mène d'un lieu à un autre, Tibor a du mal à comprendre ce qu'il découvre, ce que l'on veut de lui. Le seul début d'explication qu'il parvient à glaner est que cela aurait à voir avec l'adjacence.Lorsqu'on lui révèle qu'il est censé connaitre un professeur du nom de Thijs Rietveld, sa mémoire lui fait défaut. Et pourtant ...

A des années de là, un illusionniste du nom de Tom Trent croise dans un train, un homme qui va se révéler être H G Wells. Les deux hommes se prennent d'amitié et dissertent sur la magie, ce que l'on attend d'eux en les convoquant pour une mission particulière pour la Navy en cette période de guerre mondiale. Le lieutenant- aviateur Simeon Bartlett lui révèlera son souhait de rendre l'aviation britannique invisible aux yeux des allemands par un tour d'illusionnisme à grande échelle.L'illusion qui se joue dans une salle peut-elle entrer en jeu dans la réalité ?

1943, Mike Torrance, mécanicien instruments, est chargé d'entretenir les avions au sol. Sa passion pour les Lancasters lui fait apprécier ses fonctions à Tealby Moor.Lorsqu'il découvre un portefeuille dans un des appareils, il ne résiste pas à l'envie de contacter l'aviateur à qui il appartient : l'officier Roszka. La surprise se corse lorsque Torrance découvre que l'officier est une femme...

 

En vrac et au fil des pages ...

 

J'avoue avoir été surprise de l'univers dans lequel l'auteur ancre son récit : la République islamique de Grande-Bretagne. Sans doute échaudée par l'actualité, certaines parutions douteuses de certains écrivains, j'y suis allée à petits pas. rapidement cependant l'on comprend que ce n'est qu'un fond, que cette thématique ne sera pas développée à outrance si ce n'est à travers l'accoutrement de certaines femmes voilées.

Cela étant dit j'ai lu ce roman comme un puzzle, la structure des chapitres invitant le lecteur à mettre bout à bout. Curieusement, et comme ne le laisse pas deviner mon introduction, ce roman est aussi une hsitoire d'amour. Un amour qui traverse le temps, franchit les frontières de l'espace pour devenir intemporel. L'originalité est de nous faire comprendre qu'on a lu un roman d'amour à la fin seulement. C'est un fil conducteur discret.

Le personnage de Tibor Tarent semble être le pendant de Mike Torrance ou de Tom Trent, tous trois liés par un même destin.Ainsi l'auteur crée-t-il une nébuleuse autour du personnage, le présentant en diverses époques alors que seul le lecteur fait le lien.

Chaque période a ses propres codes, sa propre histoire mais le thème de l'adjacence est toujours présent et les événements se font écho. Cela m'a fait penser au film Cloud Atlas, pour cette notion de double en divers lieux ou époques ( un film que je recommande au passage).

L'illusion est donc double .Dans le récit  :quel événement fait se volatiliser les personnages et ne laisser qu'une marque en forme de triangle au sol ? Quel lien existe entre eux ? Dans l'écriture : comment l'écriture parvient -elle à en dire peu mais à créer l'illusion qu'on a compris ? Car comprend-t-on réellement  la fin ?

On aura la solution en cheminant vers la fin, lorsque la révélation sera faite à Tibor de l'illusion visuelle, de la perte de mémoire, la force des sentiments qui transcende la réalité.

Les parties scientifiques m'ont parues obscures, mais je ne suis pas versée dans ce domaine. certains y trouveront donc d'autres indices sans doute. ce qui m'a le plus plu est le jeu de cache- cache, les surprises ( l'apparition de H G Wells), les indices disséminés et l'idée que l'on devrait relire ce roman pour en comprendre les ficelles.

Il n'en reste pas mois que ce roman ne se donne pas et qu'il faut se concentrer pour suivre, comprendre.

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