Le Jardin blanc, Stéphanie Barron
Le Jardin blanc, Stéphanie Barron, éditions NiL, 2013, 397 pages
Genre : roman
Thèmes : Virginia Woolf, jardin, secret, écrits, famille, complot, nazis
L'auteur en quelques mots ...
Je vous ai présenté Stephanie Barron pour sa série consacrée à Jane Austen, ICI.
L'histoire
" Lasse de nager dans l'onde du temps
Je lève la main, laisse la surface se refermer,
(...)
J'ai sombré dans une image, noyée d'eau,
où ne tremble aucun vent ni ne pénètre nul bruit,
Illusoire, délicate au toucher, lointaine (...)"
Vita Sackville-West, 1930
Alors qu'elle est envoyée dans le Kent par son employeur, Gray pour y découvrir les plans du jardin blanc de Vita Sackville, Jo Bellamy fait la découverte, dans une remise, d'un carnet dont l'écriture et le style évoquent immédiatement Virginia Woolf. La chef jardinière des lieux, Imogen Cantwell, accepte de le lui laisser quelques jours, le temps de lire les pages concernant son grand-père, Jock Bellamy, qui s'est suicidé quelques temps plus tôt. Le carnet porte en effet l'inscription "carnet de Jock", ce qui interpelle Jo. Elle sait que son grand-père a travaillé dans le Kent avant de s'engager dans la seconde guerre, mais ce qu'elle s'aprête à découvrir dépasse tout ce qu'elle aurait pu imaginer.
Afin de prouver la véracité de l'écrit, Jo s'adresse à un expert, Peter Llewellyn, travaillant pour un cabinet réputé, Sotheby's. Aussitôt celui-ci lui propose de le faire expertiser par une personne spécialisée dans les écrits de Virginia Woolf et qui n'est autre que son ex-femme, Margaux Strand. Espérant récupérer rapidement son bien afin de le rendre à Imogen, Jo Bellamy accepte de lui confier son trésor mais déclenche ainsi une série d'événement facheux dont elle ne mesure pas les conséquences. Car bien que le journal fasse mention de la date du 28 Mars 1941, tous pensent que Virginia a pu l'écrire et n'est donc pas décédée ce jour-là comme on le pense. Il faut dire que tout concorde : son corps a été retrouvé des jours plus tard, laissant un vide de temps entre sa disparition et sa découverte.
Margaux disparue dans la nature avec le carnet, Imogen persuadée d'avoir été volée, Jo angoissée à l'idée de ne jamais comprendre qui fut son grand-père, quel lien l'unissait à Virginia Woolf et pourqu'oi il s'est suicidé, Peter regrettant de s'être laissé berner par son ex-femme, chacun partira à la poursuite de l'autre afin de dévoiler les derniers jours de l'existence de Virginia Woolf.
En vrac et au fil des pages ...
J'apprécie beaucoup les écrits qui mettent en scène des personnes ayant existé et profitant d'une faille, un vide dans leur biographie. C'est ici le cas de Virginia Woolf dont le décès est daté du 28 Mars 1941 mais dont le corps n'a été retrouvé qu'un mois plus tard, laissant toute latitude à l'auteur pour imaginer ce qui a pu se passer entre sa disparition et la découverte de son corps.
On retrouve la plume légère et agréable de Stephanie Barron ainsi que la riche documentation qui sous-tend le récit. Les relations avec Vita Sackville et son mari Harold sont présentées comme fusionnelles et ambigües, le couple accueillant Virginia mais observant d'un oeil critique son attitude, souvent qualifiée de folie. Le couple formé par Virginia et Léonard laisse planer un mystère, l'attitude de ce dernier laissant penser qu'il était difficile à vivre et acceptait mal le comportement de sa femme.
Le personnage de Jock, le grand-père est ici imaginé mais apporte à l'intrigue l'histoire parallèle qui permet de lier deux époques. On comprend rapidement qu'un événement grave a du se produire dans sa jeunesse pour qu'il se suicide , des années plus tard, alors que sa petite fille s'apprête à retourner dans le Kent et, peut-être à faire une découverte sur laquelle il ne souhaitait pas s'étendre. Le voile ne sera levé qu'à la fin avec la découverte de l'autre partie du journal rédigé par Virginia Woolf et une lettre de Jock.
Avec ce récit on entre aussi dans un jardin anglais que l'on n'a pas de mal à se représenter, dont le nom recèle aussi un secret, dévoilé au fil des pages.
La partie centrale du roman, axée sur la course poursuite, est moins passionnante que celles qui dévoilent les écrits de Virginia, le carnet, les relations ambigues qu'entretenaient les hommes avec le parti nazi et leur rôle dans l'espionnage durant la seconde guerre.
un roman qui se lit donc facilement et m'a rappelé les romans de Kate Morton.
Le petit plus : chateau de Sissinghurst dans le Kent