Je reprends peu à peu le fil de l'écriture. A cette occasion, la photo postée parLeiloona pour son rendez-vous hebdomadaire, me permet de renouer avec un exercice que j'apprécie.

Nous partons pour Olympie. Ce texte est librement inspiré de la légende relatée par Solon, dans laquelle deux jeunes argiens, vainqueurs des jeux, furent retrouvés morts au lendemain de la cérémonie. Leur mère avait demandé à la déesse Hera de leur accorder le plus grand bonheur qui soit pour un champion et le verdict fut : vaincre est un bonheur plus grand que de continuer à vivre …

Le corps et l'esprit

Des quatre sites qui accueillaient les festivités, Olympie était le plus prestigieux. Pourtant, pour obtenir le fameux titre de périodonice, il fallait remporter quatre victoires, une en chaque lieu : Olympie en Élide, Delphes en Phocide, l'Isthme en Corinthie, et Némée en Argolide.

Periodonice, la consécration suprême. La seule d’ailleurs, car pourquoi récompenser une deuxième ou une troisième place ? Seule comptait la gloire auréolée du gagnant. Et il serait celui-là, lui, Androsthénès.

Certes, il aurait pu concourir dans toutes les épreuves, mais seuls les jeux panégyriques l’intéressaient vraiment. Organisés par l’ensemble des cités, ils regroupaient de vaillants adversaires. Androsthénès excellait dans certaines épreuves mais, il le savait, sa particularité avait de quoi séduire. Les Muses l’inspiraient, aussi était–il capable de soutenir la déclamation, l'éloquence, la littérature, la tragédie ou la comédie.

Arcadiens d’origine, il ne comprenait pas la décision du peuple éléens d’interdire l'accès de l'enceinte sacrée aux Lacédémoniens. En cette période il était de tradition d’accorder une trêve olympique permettant à tous de sacrifier et de participer aux jeux, quelle que soit sa nation et même en temps de guerre, ce qui était le cas depuis plus de dix ans dans le Péloponnèse. Cela ternirait-il sa victoire ?

Les oracles le voyaient ceint de la couronne tressée et en avaient informé sa mère, désormais fébrile car le prestige qui porterait son fils aux nues sonnerait aussi le glas de leur complicité.

Tous deux avaient évoqués ensemble ces journées de liesse et, marchant vers les dieux des quatre grands sanctuaires, se repaissaient par avance du spectacle des courses de chars et de lutte qui célébreraient la vie partout en Grèce. Ensemble, ils avaient décidé de ne pas contrevenir au vœu des dieux et d’accepter, en toute humilité, leur décision. Androsthénès entrerait dans l’histoire des jeux comme le symbole des valeurs fondamentales : la beauté, l’entrainement du corps et l’élévation de l’esprit. Y avaient veillé les philosophes, aiguisant son sens de la répartie et les maitres guerriers dont les exercices physiques assuraient à son corps une élégance et une noblesse depuis sa plus tendre jeunesse.

Ainsi, les jeux étaient-ils l’occasion d’une perpétuelle émulation dont le but ultime était d’égaler le divin Diagoras.

Recueillis devant la statue d’Hera, Androsthénès attendait qu’apparaissent les théores qui annonceraient le début les jeux. Il savait désormais quelle serait, au-delà de la victoire, sa destinée. Car la déesse guerrière avait choisi pour lui : vaincre était un bonheur plus grand que de continuer à vivre …

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