Confessions d'un automate mangeur d'opium, Fabrice Colin,Mathieu Gaborit

Confessions d'un automate mangeur d'opium, Fabrice Colin, Mathieu Gaborit, éditions Le serpent à plumes, 2003, 424 pages.

Genre : uchronie, steampunk

Thèmes : amour, technologie, Paris au XIX°S, automates, immortalité

 

Les auteurs en quelques mots ...

 

Mathieu Gaborit, né le 25 août 1972, est un écrivain français, auteur de romans de fantasy et de science-fiction. Rôliste, il a collaboré au magazine Casus Belli, ce qui a contribué à le tourner vers l'écriture (comme cela a été le cas pour d'autres écrivains français de fantasy, par exemple Fabrice Colin). Il est également l'auteur d'un jeu de rôle steampunk peu connu, Ecryme, et a collaboré au jeu de rôle Agone, adapté de son roman le plus célèbre, Les Chroniques des Crépusculaires. (Wikipedia)

Ses écrits : -Les Chroniques des Crépusculaires, Éditions Mnémos (collection Légendaire), cycle de fantasy en trois tomes

-Abyme, Éditions Mnémos (collection Légendaire), en deux tomes

-Bohème, Éditions Mnémos (collection Science-Fiction), cycle steampunk en deux tomes

-Les chroniques des Féals, éditions Bragelonne, une trilogie de fantasy

-Faery City (2007), éditions La Mascara, roman graphique fantastique illustré par Amandine Labarre.

-Le Vitrail de jouvence, Fleuve Noir, 1998.

-nouvelle Chronique du soupir (2011), Éditions Le Pré aux clercs.

-D'une rive à l'autre (2012), Éditions Actusf.

 

Fabrice Colin, né le 6 juillet 1972 à Paris, est un écrivain français qui s'est d'abord fait connaître par ses textes relevant des littératures de l'imaginaire, fantasy et science-fiction, avant d'élargir son champ d'action et de se tourner vers le polar et la littérature générale.

Il est l'auteur de nombreux romans pour adultes, romans pour la jeunesse, nouvelles et scénarios de BD, ainsi que de dramatiques radiophoniques pour Radio France. Depuis avril 2014, il est également directeur éditorial des éditions Super 8.

D'abord rédacteur de jeux de rôle, pigiste puis collaborateur de la revue Casus Belli, il publie son premier roman Neuvième cercle en 1997 sous l'impulsion de Stéphane Marsan. Il s'est depuis illustré dans de nombreux domaines des littératures de l'imaginaire (quatre fois lauréat du Grand prix de l'Imaginaire), écrivant pour la jeunesse (Les enfants de la lune, Projet oXatan, La Malédiction d'Old Haven) aussi bien que pour les adultes (Dreamericana, Or not to be, Kathleen, etc.). Blue Jay Way, paru en 2012 aux éditions Sonatine, marque la première incursion de l'auteur dans le genre du polar, et un tournant dans sa carrière. (Wikipedia)

L'histoire :

« Du fond de l’âme. Une confession du fond de l’âme afin de libérer ces démons qui rongent mon crâne. Les vomir, les arracher à mon cœur. Je veux ... Je veux être semblable à cet homme, là, juste devant moi qui boit son café du bout des lèvres. Ou à cet autre qui vient d’entrer, le front en sueur d’avoir marché sous le soleil. Qui suis-je, à présent, pour me comparer à ceux qui furent mes semblables ? Un sang noir ruisselle entre mes doigts, des voix impies murmurent dans mon crâne ... Seigneur, que suis-je devenu ? Je ne guette pas votre miséricorde, ni même votre pitié. À présent, je puis siéger au côté du Diable et devenir son confesseur. Mais pour l’heure, je n’ai pas encore longé les rives du Styx. » Prologue

 

1889. Dans le Paris du XIX°S bruissant de nouvelles inventions fonctionnant à l'éther, cette substance incroyable qui semble pourtant receler des effets secondaires fâcheux, Margo est une jeune actrice de talent qui se produit sur scène dans le rôle de Juliette. Consciente de sa beauté, elle attire le regard des hommes. C'est pourtant vers les femmes que vont ses penchants, même si elle le cache en société.

Apprenant que sa meilleure amie s'est tuée en tombant d'un aérocab, Margo n'aura de cesse de découvrir la vérité sur ce qu'elle estime ne pas être un suicide. Son amie était en effet une jeune femme épanouie et amoureuse qui n'aurait pu finir ainsi. C'est donc qu'on l'a poussée. Peut-être le poème retenu dans sa main lors de sa chute la mettra-t-il sur la voie.

Se confiant à son frère Théo, scientifique engagé auprès de malade dans l'unité d'un hôpital psychiatrique, le Panoptique, elle éveille son intérêt par ce poème qu'il croit reconnaitre. Refont surface alors des souvenirs d'un patient qui s'adonnait à la poésie et dont il entreprend de retrouver trace dans les archives. Pourtant ,quelle n'est pas sa surprise en constatant que tout document relatif à Owen Haterley s'est étrangement volatilisé.

Il n'en faut pas davantage pour que frère et soeur se lancent dans une enquête qui va les mener bien eu-delà de leurs attentes. Théo, persuadé depuis longtemps des effets de l'éther sur le cerveau humain, penche pour un lien entre cette substance et le meurtre d'Aurélie. Dans un monde où les automates sont eu coeur de la vie humaine, certains d'entre eux seraient, dit-on, dotés de conscience et de sentiments. C'est ce que pense le père de la défunte Aurélie, persuadé qu'une telle invention a tué sa fille.

Quel lien établir alors entre une jeune femme, un poète fou et décédé et un automate ?

 

En vrac et au fil des pages ...

 

Nous voici plongés en pleine Exposition universelle, dans le Paris du XIX°S agrémenté de quelques engins volants et autres expérimentations scientifiques qui nous guident dans l'univers steampunk de Mathieu Gaborit et Fabrice Colin.

Les deux auteurs ne se contentent pas d'un univers mêlant le XIX°S et le futurisme. Ils explorent aussi à fond ce siècle en convoquant des figures emblématiques, comme Sarah Bernarhdt, le comte Villiers de l'Isle Adam, auteur des Contes Cruels et l'Eve future ( dans laquelle il évoque d'ailleurs les automates ou "andréides"), mentor du personnage d'Owen Haterley, que l'on prend plaisir à entendre et à voir , même s'il est ici diminué et en fin de vie. Il prend sa juste place dans un récit qui met en avant l'irréel. La Reine Victoria fait une apparition et clot le récit lors d'un gala à la Tour Eiffel, donnant un côté victorien à ce roman dans lequel les tenues vestimentaires des dames sont décrites par le menu (c'est l'instant mode !). On appréciera son flegme !

Le style est fluide et l'intrigue bien menée ,même si j'ai regretté de trop nombreux dialogues par rapport au récit. Il me semble que cela crée un décalage entre l'érudition et le style abouti du récit et l'aspect plus naif des parties dialoguées. Mais ce n'est que mon ressenti. Pour autant on ne perçoit pas le travail de l'un et de l'autre des auteurs, ce qui donne une harmonie, pas de rupture donc .

Les personnages sont bien campés bien qu'en opposition : Margo semble plus naive ou ingénue, n'hésitant pas à se jeter dans la gueule du loup par manque de reflexion. C'est cependant une femme forte qui revendique ses penchants sexuels. Théo raisonne en scientifique et ne se laisse pas emporter par ses passions. Ses théories sur l'éther sont au coeur du roman. Ces deux héros éprouvent une passion fusionnelle l'un pour l'autre si bien que cela donne un petit côté " toujours à la limite" dont on ne sait que penser ...

Petit bémol, mais je ne peux en dire trop, le prologue nous aiguillait sur la piste d'un automate doué d'intelligence, de sentiments, que l'on s'attend à retrouver plus tôt dans le récit. Sa façon de s'exprimer au début laisse entendre qu'il tiendra peut-être plusieurs chapitres et fera entendre sa voix. Pourtant il n'en est rien et, même si nos deux héros sont sympathiques, je pense que ce personnage aurait pu donner une autre dimension au roman. Il est en effet intriguant et je dois dire que l'on ne perd pas de vue ce prologue tout au long de la lecture.

Je dirais que l'intérêt de ce récit tient aux descriptions fines de Paris qui nous permettent d'imaginer sans peine aéronefs et autres aérocaphes, zeppelins, moyens de communication futuristes.Metropolis, cité du futur ferrugineuse, happe le lecteur par ses tours infinies. On ressent le vertige de Margo lorsqu'elle la traverse en aérocab. Paris, mélange d'art et de progrès comme la présentent les auteurs, n'est pas en reste; s'y cotoient le fer, le verre et l'electricité.

C'est donc un récit agréable qui a le mérite d'être bien écrit et de faire voyager le lecteur ... dans le temps.

 

 

Retour à l'accueil