Je copie-colle le petite mot de Leiloona , en préambule à l'atelier d'écriture de ce jour, parce que je ne saurais expliquer mieux qu'elle la genèse de cette photo :

Souvent le net permet de belles discussions. La semaine dernière je suis allée voir une très jolie pièce de théâtre : Les Anciennes Odeurs. A la parution de mon article, une discussion a commencé avec l’un des comédiens : Yannick Debain (vous l’avez sans doute croisé un jour à la télé … allez aussi le découvrir au théâtre !)

Celui-ci n’a pas seulement lu l’article, mais il a parcouru Bric à Book et est tombé sur l’atelier d’écriture. Or ce comédien a lui aussi plusieurs cordes à son arc : il aime prendre des photos … Il m’a très gentiment proposé d’utiliser une de ses photos pour l’atelier. Voilà qui est chose faite. Merci Yannick Debain.

Le ciel à portée de main...

Quelle est loin ma ville. Damas, trésor araméen. Je l’ai pensée ordinaire, défigurée et l’ai assimilée au chaos que nos traitres créaient. Honte à moi qui aurait du la bénir chaque jour, vénérer le passé glorieux d’une cité digne des légendes. Il a fallu une traversée, l’ombre de la mort et la peur de ne jamais la revoir, pour apprécier son visage meurtri.

L’attachement ne vaut rien contre la folie des hommes. Comment vivre en terre aimée sans dignité ? Ne sachant ce qui m’attendait j’ai franchi le pas et me voilà, déraciné mais plein d’espoir, en un lieu d’une vertigineuse immensité ; perdu dans la masse, apeuré et rassuré à la fois.

Ici la ville n’a pas ton visage, Damas, et si tu laissais le soleil caresser tes rues, les immeubles qui m’entourent semblent vouloir atteindre le ciel. J’apprends à aimer l’espace, les reflets changeants sur les murs de verre. Je suis un parmi d’autres et chaque bâtiment me tend le miroir de la vérité : « voici qui tu es désormais, déraciné mais vivant, marchant du même pas, plus lent peut-être parce qu’attentif. »

Nous vivons sous le même ciel, mais mon regard, souvent, s’élève, le temps d’un souvenir, d’un espoir. Là où certains baissent la tête, je refuse de fermer les yeux à nouveau. L’espace bleuté au-dessus de moi est tout ce qui me relie à mon passé. Ici, la verticalité est un élan vers toi, une prière adressée à qui voudra m’entendre.

Eux voient un fou, le visage tendu vers le haut des immeubles.

- Ne comprend-il pas que tout est perception faussée, visible et invisible ?

Sans doute, la présence écrasante des constructions leur rappelle-t-elle combien ils sont petits, frêles entre leurs corps de géants. Aussi n’en perçoivent-ils plus la beauté. Pour moi, c’est le ciel à portée de main.

Illusoire illusion où chacun voit ce qu’il veut.

 

 

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