14/14, Paul Béorn et Silène Edgar
14/14, Paul Béorn et Silène Edgar, éditions Caltelmore, 2016, 414 pages
Genre : jeunesse historique
Thèmes : guerre, amitié, correspondance
Les auteurs en quelques mots ...
J'ai déjà eu l'occasion de présenter Paul Béorn sur le billet suivant :
Le septième guerrier mage, Paul Béorn
"Fille et sœur d'auteurs, Silène a grandi dans une maison dont les murs sont faits de livres. Nourrie de voyages, elle a bourlingué un peu lors de ses études de lettres, et après quelques années à droite à gauche, dont une superbe escapade d'un an à Tahiti, elle a finalement posé ses valises près de Guérande. Elle enseigne aujourd’hui dans un petit collège du marais briéron, dont l'atmosphère est propice à l'imaginaire.
Pour la jeunesse, elle est l'auteur d'une trilogie d'anticipation post-apocalyptique, largement nourri de son expérience polynésienne, dont le premier volume, La Saveur des figues, paraît en 2010. L'aventure de Moana se poursuit avec Le Bateau vagabond, paru en octobre 2011 et À la source des nuages, paru en novembre 2013.
Pour adultes, elle s'est aussi essayé, dans la collection pour adultes du Jasmin, à des contes érotiques et fantastiques, Les Moelleuses au chocolat. En 2014, elle inaugure la collection Snark, chez Bragelonne, avec Fortune Cookies, un roman d'anticipation à court terme, paru en numérique, avec tirage à la demande. Féelure, un roman de fantasy burlesque est paru dans la même collection. Elle a également co-écrit 14-14 avec Paul Beorn (Castelmore) un roman pour adolescents qui rapproche deux jeunes gens, vivant l'un en 2014, et l'autre en 1914.
Fondatrice du site Callioprofs, elle y écrit, avec Cindy van Wilder, des chroniques sur nombre d'auteurs pour adolescents. Elle est, avec Paul Beorn et Agnès Marot, co-directrice des deux éditions du Guide des éditeurs de l’imaginaire à destination des jeunes auteurs.
Peu avant les Imaginales 2015 sort Adèle et les noces de la reine Margot." (source Imaginales.fr)
L'histoire :
Janvier 2014. Adrien attend Marion au cimetière, lieu idéal pour un rendez-vous adolescent ! Mais alors qu'il se remémore les instants passés avec elle et qu'il imagine qu'elle pourrait être sa petite amie, un texto arrive sur son portable. Marion ne viendra pas et souhaite lui parler de Franck."Autrefois les choses étaient simples, c'était l'enfance". Aujourd'hui tout lui pèse, y compris le collège, dans lequel il ne brille d'ailleurs pas par son travail. A quoi cela sert-il ? Heureusement il a sa petite soeur Eloise, qui le comprend et lui apporte l'amour dont il a tant besoin.
Janvier 1914. Hadrien marche au milieu des tombes, identifiant celles des familles riches et celles des lus pauvres, comme sa propre famille. Sa mère, pourtant issue de la bourgeoisie, a épousé un fermier en dépit de l'avis de son père.Le père d'Hadrien, fier, n'a jamais souhaité accepter la moindre aide, de même qu'il n'entend pas que son fils souhaite devenir ingénieur et passer son certificat d'études. "Qui aurait eu l'idée de faire dégager les tombes de la neige aujourd'hui, à par son père ? Tout ça pour l'empêcher de lire L'Epatant au coin du feu !". Hadrien aime lire, apprendre et rêve de poursuivre ses études. Heureusement il peut compter sur sa douce amie Simone, dont le petit frère va si mal et dont la famille ne peut payer un médecin.
Plongés dans leurs reflexions, les deux jeunes garçons ne voient pas qu'à un siècle de distance, une nouvelle boite aux lettres apparait dans leur rue.
Cela tombe bien, la mère d'Adrien souhaite qu'il écrive des cartes de voeux pour la famille. Qui rédige encore des lettres au XXI°S ? Il choisit de commencer par son cousin, un jeune garçon vantard qu'il apprécie peu mais à qui il va donner des nouvelles. Mais ce n'est pas le cousin qui recevra la missive ...
En vrac et au fil des pages ...
Sur une idée originale, les deux auteurs alternent les chapitres, conviant le lecteur à plonger dans l'année 1914, les conditions de vie d'une famille peu fortunée, la détresse des paysans, mais aussi le thème de l'école, des études.
Ce dernier point est ce qui relie nos deux protagonistes, à un siècle d'écart. Adrien déteste le collège, ne veut pas apprendre et reporte sur les études toute sa frustration. Pourtant il est loin d'être sot et a juste besoin de motivation.Hadrien, au contraire, voit dans l'apprentissage un moyen d'échapper à sa condition. Il ne rejette pas le métier de son père mais pense que des études d'ingénieur lui permettraient d'améliorer l'exploitation.
l'idée d'une correspondance permet également d'aborder la langue, l'expression. A de multiples reprises les deux garçons sont surpris par le vocabulaire de l'autre, ne comprenant pas une expression. C'est d'ailleurs ce qui va leur permettre de comprendre la vérité.
Peut-on changer le cours de l'Histoire ? Adrien sait ce qu'il va advenir en 1914 et souhaite en informer son camarade. car les deux garçons ont tissé des liens très forts malgré la distance, s'entraidant, l'un pour des histoires de coeur, l'autre pour les études, se confiant leurs chagrins, leurs espoirs. c'est une belle leçon d'amitié et de solidarité que nous livrent les auteurs.
La trame fantastique n'est pas exploitée plus loin que la boite aux lettres car le récit se veut réaliste et présente un fond historique que les jeunes lecteurs découvriront avec plaisir, car amené en douceur, par les conditions de vie de la famille, les journaux qui abordent l'événement, une sortie scolaire au cours de laquelle Adrien aura l'occasion de montrer sa connaissance du passé ...
Pas de temps morts car plusieurs thèmes s'entrecroisent et , même si l'intrigue tourne autour d'une correspondance , on a envie de savoir si le petit frère de Simone va guérir, si la guerre va anéantir le village d'Hadrien ...
Le récit est richement documenté et situe l'action autour de Laon, ville fortifiée qui sera occupée dès le 2 septembre 1914.Les allemands prendront alors le Chemin des Dames et ce lieu deviendra stratégique, hébergeant le siège de l'état major de la septième armée allemande.
Un livre qui se dévore en quelques heures.