Le Destin miraculeux d'Edgar Mint, Brady Udall

Le Destin miraculeux d'Edgar Mint, Brady Udall, éditions France Loisirs, 2002, 443 pages

Genre : roman

Thèmes : enfance, accident, famille, tolérance, différence, racisme

Traduit de l'américain par Michel Lederer

 

L'auteur en quelques mots ...

Né en 1971, Brady Udall grandit dans la petite ville américaine de Saint Johns, en Arizona, au sein d’une famille nombreuse de mormons.

Il se consacre très jeune à l’écriture, remportant, à douze ans, un concours de poésie. Diplômé de l’université Brigham Young, il enseigne l’anglais au Brésil, puis en Corée, avant de rentrer aux États-Unis où il suit les cours de créativité littéraire du prestigieux Iowa Writer's Workshop de l’université de l’Iowa.

Quelques-unes de ses nouvelles sont publiées dans des magazines spécialisés américains. En 1998, son premier recueil d’histoires courtes, Lâchons les chiens, est salué comme une révélation par des critiques enthousiastes. Le Franklin and Marshall College (Pennsylvanie) lui propose alors un poste d’enseignant en littérature, qu’il accepte. Son premier roman, Le Destin miraculeux d’Edgar Mint, paraît en 2001 et le propulse au rang des meilleurs jeunes auteurs américains de sa génération. Son œuvre est comparée à celle de Dickens ou de John Irving, son style à celui de Raymond Carver.

Prenant leur source dans les contrées les plus reculées du Middle West, ses histoires vibrent sur une corde raide, constamment tendue entre l’humour et les drames les plus sombres.

L’écrivain William Kittredge dit de lui : « Une nouvelle génération d’écrivains commence à émerger et Brady Udall compte parmi les meilleurs d’entre eux. Un mec sensationnel, comme il dirait. » (source wikipedia)

L'histoire :

Pour ses sept ans, Edgar Mint a été écrasé par un facteur. Ou plutôt le facteur a roulé sur sa tête avec sa Jeep. C'est l'histoire qui fut racontée à Edgar alors que, miraculé, il reste en convalescence à Sainte Divine. Edgar a tout oublié, ne parvient pas à écrire et doit réapprendre à vivre, seul.

« "Si je devais ramener ma vie à un seul fait, voici ce que je dirais : j'avais sept ans quand le facteur m'a roulé sur la tête. Aucun événement n'aura été plus formateur. Mon existence chaotique, tortueuse, mon cerveau malade et ma foi en Dieu, mes empoignades avec les joies et les peines, tout cela, d'une manière ou d'une autre, découle de cet instant où, un matin d'été, la roue arrière gauche de la jeep de la poste a écrasé ma tête d'enfant contre le gravier brûlant de la réserve apache de San Carlos." Edgar Mint pourrait être aux années 2000 ce que Garp fut aux années 80. Après Lâchons les chiens, Brady Udall s'impose avec ce roman inclassable et génial, comme une des grandes révélations de la littérature américaine.»

Sa mère, indienne, alcoolique, l'a abandonné. Le cow boy blanc qui l'a séduite s'en est allé, la laissant seule, enceinte, sans ressource.Sa grand-mère le croit mort.

A Sainte Divine il a pourtant des amis, tous estropiés comme lui : Art, qui le prend sous son aile, Jeffrey et ce chirurgien, Barry, qui l'a sauvé en le ranimant alors que tous le croyaient mort.Mais la vie qui l'attend au pensionnat est tout autre : brimades, violences, sévices,les enfants sont intraitables entre eux , particulièrement envers les métis comme Edgar.Par quel miracle Edgar Mint , l'enfant-coma,parvient-il à survivre à tout ? La foi peut-être. Une amitié inprobable certainement. Là-bas tu t'adaptes ou tu meurs.Edgar s'adaptera.

Riche d'une patience hors norme et d'une générosité à toute épreuve, l'adolescent est placé en famille d'accueil, les Madsen, chez qui il réapprendra la douceur, le bonheur simple.Il ne perd pourtant pas de vue son objectif : retrouver le facteur et lui dire qu'il a survécu.

Mais le destin d'Edgar semble bien avoir encore quelques épreuves à lui soumettre...

En vrac et au fil des pages ...

 

Quelle étrange lecture ! Je me rends compte en le résumant qu'il me renvoie à des lectures ou des films que je regardais petite , Sans Famille d'Hector Malo, Les Misérables de Hugo, autant d'histoires qui vous prennent aux tripes parce qu'elles évoquent une enfance solitaire, difficile, parfois violente, tourmentée et qui n'en finit jamais.

Pourtant ici le ton est teinté d'humour, on entend l'adulte derrière le récit d'enfance et on y croit donc : quel adulte deviendra Edgar après une telle enfance ? Balotté de maison de convalescence en famille d'accueil, il ne vit que pour une chose ; retrouver celui qui a fait basculer sa vie et lui dire que tout va bien, qu'il est vivant.

Je dois dire que l'épisode concernant sa vie à Sherman m'a bousculée. Une telle violence fait référence à tout ce que l'on a déjà lu sur les pensionnats "à l'ancienne", la violence, la solitude, la débrouille pour survivre, montrer que l'on peut prendre le dessus face à un groupe de caids.Certains passages sont proprement révoltants et vous "secouent la pulpe" comme on dit !

Le style est fluide, on se laisse emporter par l'histoire, au-delà des interrogations qu'elle suppose. L'écriture est travaillée, qui nous livre une phrase à la troisième personne et les suivantes à la première, comme si le narrateur souffrait d'un dédoublement de personnalité ou que sa vie était hachée, morcelée comme sa mémoire, son corps. C'est troublant mais bien vu.

Parcours initiatique, c'est aussi une leçon de vie, de tolérance et de respect. On y parle de racisme, du regard envers les indiens, les métis, de l'intolérance dont on peut faire preuve envers une communauté qui nous est étrangère. Finalement, Edgar est observé avec curiosité, que ce soit pour ses origines ou son handicap.

La fin nous dévoile la véritable histoire, celle qu'Edgar a oubliée, celle où il était aimé comme tout enfant le mérite ...

Le Destin miraculeux d'Edgar Mint, Brady Udall
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