L'Etrange vie de Nobody Owens, Neil Gaiman
L'Etrange vie de Nobody Owens, Neil Gaiman, éditions Albin michel, 2009, 310 pages
Genre : fantastique
Thèmes : mort, cimetière, frontière, âmes, deuil, enfance, adolescence, initiatique
Traduit de l'américain par Valérie Le Plouhinec
illustrations de Dave McKean
L'auteur en quelques mots ...
retrouvez la biographie de l'auteur sur le billet consacré à Neverwhere
L'histoire:
"Il y avait une main dans les ténèbres, et cette main tenait un couteau."
Le Jack pénétra dans la chambre du bébé, après avoir exterminé sa famille, mais trouva le berceau vide. Où l'enfant avait-il pu se cacher ? Un enfant si petit ne pouvait être loin mais avait réussi à se faufiler hors de la maison , direction la colline ou plutôt le vieux cimetière de la colline.
Le Jack ,ayant pour mission d'éliminer l'enfant, tenta bien de pénétrer en ces murs mais une force l'en empêcha, lui intima de quitter les lieux et d'oublier l'enfant.
C'est alors que les Owens découvrirent le bébé et entreprirent de lui offrir un logis et une vie des plus étranges, au coeur de ce cimetière. Eux que la vie avait quitté depuis longtemps, parvinrent à convaincre les autres résidents permanents de la nécessité de laisser le petit grandir parmi eux. Protégé par Silas, son tuteur, instruit par Mr Pennyworth qui lui apprendrait l'art du Flottement, de l'Effacement ou de la Songerie et aimé de tous comme "l'enfant vivant".
Mais comment le nommer ? Nobody. Nobody Owens, afin que personne ne puisse le voir ou le retrouver. Mais peut-on réellement échapper à son destin ?
"Dors, dors, mon tout petit
Dors jusqu'au bout de la nuit,
Un jour tu verras le monde
Tu verras comme la terre est ronde.
Danse, danse avec ton amour,
Pose un baiser sur ses lèvres,
Tu trouveras ton nom un jour
Et un trésor dans les Ténèbres..."
En vrac et au fil des pages ...
C'est par sa plume que Neil Gaiman nous convie dans ses univers, souvent sombres et étranges. Mais ici l'histoire y est aussi pour beaucoup et j'ai eu la sensation de retrouver l'ambiance des films de Tim Burton ( Noces funèbres par exemple).
Dès le départ, le suspens est posé avec une phrase liminaire que l'on n'oublie pas. Nobody est recherché et ce fameux Jack, qui n'est en fait pas seul, n'est pas sans faire penser à la bande de Pearly Soames dans Winter's Tale ( magnifique film que je vous recommande). C'est dire , donc, que l'univers de Gaiman est très visuel et nous emporte littéralement.
Nobody, Bod, grandit donc avec une éducation particulière, livrée par des fantômes, en décalage avec la vraie vie, celle que Nobody ne peut encore connaitre. C'est que le danger rôde partout pour le petit bonhomme, y compris dans ce cimetière où les goules et autres créatures des ténèbres ,sont toujours avides de chair fraîche. La peur, en revanche, n'est pas en lui et cela lui permet d'appréhender le monde avec un regard naif. L'amour est au coeur du récit, celui que lui portent ses parents adoptifs et son tuteur, mais aussi celui que l'enfant diffuse autour de lui et qui semble parfois redonner vie à ce lieu, ses habitants.
Mais comment aborder les humains lorsqu'on ne sait rien de leur moeurs ? Sa rencontre avec la jeune Scarlett sera le déclencheur d'un désir de savoir mais aussi d'une souffrance qui le fera grandir. Nous suivons donc Nobody jusqu'à ses 15 ans, âge de raison qui le fera basculer dans le monde des adultes et perdre cette innocence qui lui permettait de communiquer avec les morts.
La fin est émouvante et juste. on comprend alors qu'il s'agit aussi d'un récit initiatique, le passage de l'enfant à l'homme et tout ce que cela implique.
Une belle lecture que je vous recommande.