Watership Down, Richard Adams
Watership Down, Richard Adams, Editions Monsieur Toussaint Louverture, 2016, 544 pages
Genre : roman contemporain
Thèmes : aventures, lapins, périple, environnement, respect, communauté
Traduit de l'anglais par Pierre Clinquart
L'auteur en quelques mots ...
Richard George Adams, né le 9 mai 1920 à Newbury, dans le Berkshire, est un romancier britannique. Il intègre le gouvernement en tant que bras droit du ministre de l'environnement. Ce n'est qu'à plus de 50 ans qu'il écrit son premier roman Watership Down, succès planétaire et véritable classique moderne dont les ventes s'élèvent aujourd'hui à plus de 50 millions d'exemplaires et qui a été traduit dans plus de 50 langues. Aujourd'hui, Richard Adams a écrit vingt ouvrages et vit à Witchurch avec sa femme, à quelques kilomètres seulement de l'endroit où il a grandi et qui lui a inspiré Watership Down. Fervent défenseur de la nature et des animaux, il continue à se battre pour la protection de l'environnement.
C'est grâce à son père qu'il développe sa passion pour la nature9. Il évoque à plusieurs reprises à quel point il aime parcourir la campagne anglaise, paysage que l'on retrouve dans son premier roman, mais aussi dans Nature Through the Seasons.
Au ministère, il réussit à faire signer une loi qu'il a écrite contre la pollution de l’air en 1968.
Il se bat contre la vente de fourrures et l'utilisation des animaux pour faire des tests cosmétiques10.
En 1982, il est nommé Président du RSCPA (Royal Society for the Prevention of Cruelty to Animals) mais quittera rapidement cette fonction, estimant que les personnes travaillant dans la société s'intéressaient plus à leurs carrières qu'au sort des animaux.
L'histoire :
Alors que le crépuscule approche, les lapins de garenne grignotent un pied de pissenlit ou une primevère oubliée. Aucun d'eux ne sait ce que dit le panneau, apposé près des terriers : des résidences de standing vont être construites ici prochainement.
L'un d'eux pourtant, Fyveer, semble pressentir une catastrophe et en parle à son frère, Hazel. Ce dernier croit urgent de s'en ouvrir au chef de la hourda car l'instinct de Fyveer ne l'a jamais trompé. Malheureusement, le Maitre n'est pas plus réceptif que les autres lapins et c'est donc seuls que les deux frères entreprennent de quitter leur garenne natale.
Mais alors qu'ils s'apprêtent à partir discrètement, plusieurs membres de la milice les entourent, clairement décidé à ne pas les laisser s'enfuir, d'autant que le discours d'Hazel a fait des émules au sein des terriers. N'écoutant que leur courage, les quelques lapins décidés à fuir le danger, bravent les interdits et se lancent dans un périple digne d'une épopée.
Nul ne sait ce qu'il fuit, mais les obstacles qui se dressent sur leur route ont de quoi dérouter les lapins peu aventureux qu'ils sont. Hazel saura pourtant devenir un chef respecté, Fyveer un membre écouté et tous découvriront que le monde, au-delà des limites de leur garenne, réserve bien des surprises ...
En vrac et a fil des pages ...
Voici une histoire peu commune qui fait penser à un conte pour enfant. Il n'en est rien pourtant. D'abord parce que le style demande une qualité de lecture importante. Ensuite parce que ce récit cache un message à destination des hommes .
L'environnement tient en effet une grande place dans les propos de la communauté et l'homme et ses agissements irréfléchis sont souvent mis à mal. Vu par des lapins, le comportement humain a de quoi surprendre,semble bien cruel et désintéressé de la cause animale.
Ce ne sont que des lapins me direz-vous ! je pense qu'après la lecture de ce livre, vous ne verrez plus ces petits êtres de la même façon. Car le roman s'appuie également sur un documentaire précis sur les mœurs de ces animaux, les raisons de leurs agissements parfois surprenants ( comme cette pétrification en face d'un danger par exemple). Non cela n'a rien à voir avec les gentilles familles de Béatrix Potter, car l'auteur s'attache ici à montrer l'espèce dans sa surprenante réalité, faite de violences, d’aberrations aussi, ce qui est intéressant car ils ne réagissent pas comme des hommes, disons qu'ils ne sont pas humanisés.
D'ailleurs Richard Adams nous plonge dans leur univers à part entière, fait de croyances et de légendes que l'on se raconte à la veillée, au fond des terriers. Ces croyances sont bâties sur l'existence millénaire des lapins aux côtés des hommes et sur les facultés qu'ils possèdent en regard des autres espèces. j'ai trouvé astucieuse l'idée de présenter également la vie du Dieu su'ils vénèrent et dans lequel on retrouve les capacités propres aux lapins ,comme la ruse ou la vélocité. L'auteur crée également un langage propre à l'espèce, en donnant l'explication au fur et à mesure et les employant après coup sans que cela ne gène la compréhension.
Le seul bémol est que le récit est typiquement masculin, dédié à la gloire du mâle et que les lapines sont juste des reproductrices ! Dommage !
La violence n'est pas absente du récit et les guerres et conflits qui le parsèment rappellent combien l'incompréhension traverse les espèces. Une morale pour l'homme ? Il faut dire que placé dans la peau d'un lapin, le lecteur n'a d'autre choix que de comprendre le danger permanent, la nécessité de la fuite ou de l'entraide pour survivre.
Dans ce contexte, l'auteur reprend le mythe du héros qui se forge grâce aux obstacles qu'il surmonte et devient aux yeux de ses congénères, le valeureux.
Evidemment l'on pourra entendre des échos d'événements passés mais aussi d'actualité dans ce déplacement de population, ce qui fait la force de ce récit intemporel finalement. La quête de l'eldorado n'est jamais loin de la fuite.
J'ai particulièrement apprécié les descriptions fines qui mettent dans l'ambiance, la beauté des paysages et le réalisme des situations. J'avoue que j'ai bien envie de retrouver les personnages de ce roman avec Tales of the Watership Down, recueil de nouvelles du même auteur. La réédition de cet ouvrage lui rend hommage avec une couverture fantastique des éditions Monsieur Toussaint Louverture