Ces liens qui nous séparent, Ann Brashares
Ces liens qui nous séparent, Ann Brashares, éditions Gallimard, 2017, 336 pages
Genre : récit jeunesse
Thèmes : famille, divorce, adolescence, sentiments, mariage, fratrie, amour
Traduit de l'anglais par Vanessa Rubio-Barreau
L'auteur en quelques mots...
Connue pour son premier roman Quatre filles et un jean, Ann Brashares est un auteure américaine spécialisée dans la littérature jeunesse.
L'histoire
" Pour lui, l'odeur de la maison, plus que toute autre, était l'odeur d'une fille qu'il ne connaissait pas"
Une semaine sur deux, Ray s'installe dans la maison familiale de Wainscott avec sa mère Lila, son père Adam et ses soeurs Mattie, Quinn et Emma. Il retrouve alors la chambre qu'il partage avec Sasha sans la connaitre. Ils partagent une maison, trois soeurs, mais n'ont aucun lien familial, comme deux étrangers au sein des querelles familiales.
Une semaine sur deux Sasha retrouve les petits riens que Ray a disséminés dans la chambre. Son père Robert a divorcé de Lila bien des années avant sa naissance et s'est remarié avec Evie. Depuis,les deux familles recomposées partagent la maison que personne n'a voulu laisser à l'autre. Devenus adolescents, Ray et Sasha découvrent qu'ils partagent bien plus qu'une chambre, que quelque chose de plus fort les lie, au delà des liens de la famille.
Les rancoeurs sont tenaces, aussi l'organisation est-elle draconienne afin que jamais Robert et Lila ne se croisent. Les seules à vivre le quotidien des deux familles sont les soeurs de Ray et Sasha alors qu'eux mêmes ne se sont jamais vus. Etrange de penser que l'on connait si bien une personne sans jamais l'avoir croisée, grâce à des objets, des jeux partagés, de petites habitudes.
Pourtant un événement va tout bouleverser : Emma va épouser Jamie et ses soeurs se sont mise en tête d'organiser des fiançailles. Bien que les tensions soient grandes chacune y croit. Leurs parents sauront ils surmonter leur haine viscérale l'un de l'autre ?
Tout aurait pu bien se passer, mais de menus détails s'en mêlent ...jusqu'au drame.
En vrac et au fil des pages ...
Voici un récit jeunesse bien mené, plein d'émotions, qui a pour originalité de se positionner du côté des enfants pour traiter un thème important pour les adolescents : le divorce.
Ici le petit plus tient en ce duo , Ray et Sasha, qui ont été élevés dans un même lieu, au milieu des mêmes soeurs, mais qui n'ont d'autre lien qu'une chambre qui devient leur refuge. Chaque semaine chacun y laisse une part de lui même et s'interroge sur ce que fait l'autre. Un objet, une odeur, leur rappelle sans cesse qu'ils sont les deux faces d'une même pièce.
A 17 ans, leurs sentiments évoluent vers un nécessaire besoin de compréhension : quelle est leur place dans la fratrie ? Comment était le couple Robert, Lila avant eux ? Ont ils le droit de se parler, de se rencontrer malgré les interdits de leurs familles ?
Au delà des sentiments naissants, d'autres sujets se font jour comme des secrets de famille, la question de la filiation, Robert étant né au Bangladesh puis adopté, la transmission des valeurs, le poids des non dits qui perturbent forcément les enfants.
Un des personnages est beaucoup plus fort que les autres : Quinn. Constamment dans l'empathie, un peu à l'écart dans cette famille oû elle apparait comme un être à part, un peu magique. " Son esprit voulait rendre visite à chacun. Elle ne pouvait s'en empêcher. Ce mélange d'espoir et d'angoisse l'attirait comme du nectar pour un papillon." Elle est le ciment de la famille, celle qui écoute, comprend et décide finalement de bousculer les choses, parce que le moment est arrivé.
J'ai aimé les représentations de Ray, revenant sur ce qu'il comprenait du monde et de la famille lorsqu'il était enfant, "Il s'était toujours plus ou moins figuré que la maison se volatilisait le'dimanche à midi pile, puis se rematérialisait un instant plus tard sous une forme légèrement différente. C'était toujours perturbant de devoir fuir comme un voleur alors que ses soeurs pouvaient rester et voir la métamorphose s'accomplir. Il imaginait qu'elles étaient un peu magiques elles aussi. "
Un petit côté fleur bleue dans l'expression des sentiments et dans la fin attendue, mais cela reste une lecture sensible et juste.
Lecture sur le sable