Avant que les ombres s'effacent, Louis-Philippe Dalembert

Avant que les ombres s'effacent, Louis-Philippe Dalembert, éditions Sabine Wespieser, 20a7, 287 pages

Genre : historique

Thèmes : shoah, exil, reconstruction, Juif, Haiti, famille

 

L'auteur en quelques mots ...

Avant que les ombres s'effacent, Louis-Philippe Dalembert

Né à Port au Prince, en Haiti ,en 1962, Louis-Philippe Dalembert est un écrivain d'expression française et créole, romancier et poète.

"Le décès de son père, quelques mois après sa naissance, a des conséquences dramatiques sur la situation matérielle de la famille. Les premières années de son enfance, il grandit ainsi au Bel-Air, un quartier populaire de la capitale, dans un univers entouré de femmes : les cousines de sa mère, qui s'absente la semaine pour enseigner en province, sa sœur aînée, ses grand-tantes et sa grand-mère maternelle. Cette dernière mène son petit monde à la baguette,

À l'âge de six ans, il connaît la première grande séparation de sa vie : la famille laisse le quartier pour s'installer ailleurs. Il en tirera un roman intitulé Le crayon du bon Dieu n'a pas de gomme, trace d'une enfance très religieuse placée sous le signe du sabbat.

De formation littéraire et journalistique, Dalembert travaille comme journaliste d'abord dans son pays natal avant de partir en 1986 en France poursuivre des études qu'il achève à l'université Paris Sorbonne."

Depuis son départ d'Haiti, il a beaucoup voyagé, ce qui transparait dans ses oeuvres.

Source Wikipedia

L'histoire

 

" Le vendredi 12 décembre 1941, par une paisible matinée caraibe oû le soleil, à cette époque de l'année, caresse la peau plutôt que de la mordre, la république indépendante, libre et démocratique d'Haiti déclara les hostilités au IIIe Reich et au royaume d'Italie (...)Premier pays de l'Histoire contemporaine à avoir aboli les armes à la main l'esclavage sur son sol, le tout jeune Etat avait décidé lors, pour en finir une bonne fois pour toutes avec la notion de race, que les êtres humains étaient tous des nègres, foutre !"

1913. Le futur Dr Schwazberg nait a Lodz, ville polonaise sous administration russe. Appartenant à une famille d'immigrés juifs, il doit son nom à sa soeur Salomé pour qui la langue française regorge de merveilles. Ce sera Ruben, inspiré par" De l'égalité des races humaines" d'Antenor Firmin,auteur haitien, livre rapporté de Paris " la ville de Zola" par l'oncle Joshua et érigé en symbole dans la famille. Devenu médecin Ruben fait l'admiration de la tribu : sa mère Judith, son père Néhémiah, l'oncle Joshua, la tante Ruth.

Ruben avait 5 ans lorsque la famille passa la frontière pour s'établir en Allemagne à Charlottenburg.

Devenu médecin, Ruben était promis à un brillant avenir. Mais c'était sans compter sur l'Histoire, la haine inspirée par Hitler. Et lorsque les premiers mots apparurent " Judenfrei" ,il fallut se résoudre à quitter le pays. La nuit de Cristal allait précipiter les choses. Pour la deuxième fois dans sa vie, Haiti , en la personne d'un diplomate,allait croiser la route de Ruben en le sauvant des griffes de ses poursuivants, dans une ruelle de Berlin. Oû aller désormais? La famille entière pourrait elle rester unie ?

Pour Judith, seuls les Etats unis peuvent procurer à la famille la sécurité dont elle a besoin. Alors que tante Ruth souhaite vivre en Israel, une partie de la famille s'apprête à embarquer pour les USA. Oncle Joshua et Ruben les rejoindront rapidement, c'est entendu comme cela. Pourtant, rassurés d'avoir fait partir ses parents et sa soeur, Ruben ne s'attend pas à ce qui va se produire lorsque, " comme sugis de l 'enfer" , deux miliciens les embarquent dans un train, direction Buchenwald. 

C'est pourtant là que les deux hommes vont faire la connaissance de Johnny l'américain qui va changer leur vie...

 

 

En vrac et au fil des pages...

 

Un énième livre sur la shoah ? Non. Avant que les ombres s'effacent se démarque de bien des récits sur la seconde guerre mondiale. Tout d'abord par le ton, à la fois poétique et léger, plein d'humour, que l'auteur a choisi d'utiliser, comme une ode à la vie.

Le récit commence ainsi, en donnant un ton ironique à la naissance de Ruben Shwarzberg, en présentant la famille dans ses particularités parfois loufoques. Cela m'a rappelé les portraits bourrés d'humour du début du film Le fabuleux destin d'Amélie Poulain. Chacun y est présenté avec ses défauts, ses qualités et apparait ainsi le portrait hétéroclite d'une tribu dont on a hâte de suivre l' histoire.

Dans ce contexte, Ruben est le chouchou de la famille. Adulé par sa mère car médecin ( apparait là la maman juive fière de son fils !), poussé au meilleur par sa soeur Salomé, jeune fille rebelle, accompagné fidèlement par son oncle Joe avec qui il vivra les instants les plus douloureux de sa vie.

On sait par le resumé que son histoire est liée à Haiti et l'originalité est de partir d'un livre, De l'égalité des races, que l'on va retrouver tout au long du récit, qui semble tracer le destin de Ruben sans qu'il en ait conscience. On ne s'attend néanmoins pas à ce qu'il rechappe des camps de concentration, ce qui donne l'occasion de quitter l'Alemagne pour la France oû il va connaitre malgré tout des jours heureux. Commence ici la seconde partie du récit que l'on pourrait qualifier d'éducation sentimentale. Le jeune Ruben va, en effet, faire l'expérience de l'amour avec une haitienne. C'est par cette communauté d'ailleurs, qu'il va partir pour le pays qui a guidé ses pas et y vivre une vie dediée aux plus démunis en tant que médecin.

Le dernier volet du récit le présente donc dans sa vieillesse, relatant pour sa nièce venue des USA, l'histoire de sa famille, une histoire dont il a longtrmps tu certains passages traumatisants. La vie dans le camp n'est pas passée sou silenceet l'on retrouve les descriptions désormais connues. Cette période sera un temps occultée par Ruben qui décide avec son oncle de n'en rien dire à la famille. Car ils auraient du rester dans ce camp et y mourir, maks le destin a choisk de mettre sur leur route un homme mystérieux, Johnny l'américain, qui va les sauver.

C'est un très beau récit que nous livre Louis Philippe Dalembert que je ne connaissais pas ,mais dont j'ai hâte de lire les recueils poétiques et autres romans. Je trouve le point de vue adopté original et l'ecriture très travaillée.

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