A la mémoire des morts, Anne Perry (saga des Reavley tome 5)

unchocolatdansmonroman 28 Octobre 2018 …

Saga des Reavley, tome 5 : A la mémoire des morts, Anne Perry, éditions 10/18, collection Grands détectives, 2007, 379 pages

Genre : policier historique

Thèmes : Première guerre mondiale, tranchées, meurtre, complots, guerre, geopolitique

L'auteur en quelques mots ...

Retrouvez la biographie d'Anne Perry sur les chroniques précédentes :

tome1 : Avant la tourmente

tome 2 : Le Temps des armes

tome 3 : Les Anges des ténèbres

tome 4 : Les tranchées de la haine

L'histoire :

La guerre touche à sa fin, les allemands sont peu à peu repoussés par les alliés. Pourtant, au cœur des tranchées, des soldats partent toujours au front et nombreux sont ceux qui n'en reviennent pas. L'horreur est la même de chaque côté et les campements ne cessent de voir défiler les blessés.

C'est dans ce contexte qu'oeuvre Joseph Reavley, aumônier récompensé pour son courage, aux côtés des soldats qui, chaque jour, risquent leur vie. Mais cet année l'espoir est permis et sans doute les fêtes de fin d'année verront-elles réunies les familles déchirées.

De son côté, Matthew Reavley, engagé dans l'Intelligence Service, vient d'apprendre qu'il va enfin pouvoir démasquer le Pacificateur, cet être de l'ombre dont la volonté était d'empêcher le conflit afin de permettre à l'Allemagne et quelques alliés du Reich, d'asseoir leur domination sur le monde. Une action qui a pu paraître louable à certains qui ont vu là une occasion d'éviter tant de morts. Pourtant, retirer leur libre arbitre à des citoyens qui avaient à cœur de défendre leur patrie, semblait démesuré aux yeux de la fratrie Reavley dont les parents, décédés dans un accident de voiture juste avant le déclenchement du conflit, œuvraient eux aussi pour plus de justice. Matthew doit absolument rejoindre Ypres, où se trouvent sa soeur , Judith et son frère Joseph, afin d'intercepter un espion allemand qui prétend pouvoir identifier le Pacificateur.

Mais alors que l'officier Schenckendorff est finalement amené au campement, ce dernier se voit mis en quarantaine suite au meurtre sauvage d'une infirmière. Dès lors, le doute, la suspicion et la haine troublent les jugements. D'aucuns accusent les prisonniers allemands, alors que dans l'esprit des Reavley , l'idée qu'il pourrait s'agir d'un anglais commence à germer. Lorsqu'un inspecteur est nommé et dépêché sur place, les soupçons se portent sur Matthew, désormais accusé de meurtre.

Ce drame remettra-t-il en question la découverte du vrai visage du Pacificateur ?

En vrac et au fil des pages ...

Voici le dernier tome d'une saga que j'ai adorée et que je relirai avec plaisir dans quelques temps. Il faut dire que le récit est richement documenté. Le lecteur est plongé au cœur des tranchées et une foule de détails font ressortir le travail d'Anne Perry. Les personnages sont réalistes et attachants et j'ai pris plaisir à les retrouver, les voir évoluer, changer avec une guerre qui a marqué les corps et les esprits à jamais.

Puisque l'on s'achemine vers la fin, j'avais hâte de connaitre l'identité du fameux Pacificateur, personnage que l'on découvre dès le départ et dont on ne sait que penser tant ses convictions peuvent apparaître logiques. Instigateur d'un plan destiné à empêcher le conflit, ce dernier n'a pas hésité à fomenter des meurtres, des complots, afin de permettre l'hégémonie allemande. Justifiant son plan par le désir de sauver le plus grand nombre, il ne comprend pas que les hommes souhaitent se battre pour défendre leur identité, leur nation. Mais le Pacificateur a connu la guerre des Boers et s'est juré d'anéantir tout projet de guerre à venir. Dans son sillage, un journaliste britannique, Mason, commence à comprendre combien ce projet aurait pu coûter à la liberté de chacun. Dans ce tome on le retrouve donc aux côtés de Judith Reavley dont il est amoureux, prêt à confondre le Pacificateur qu'il connaît.

Ce dernier opus est émouvant car revient sur un conflit dont la monstruosité n'est plus à démontrer, mais s'attarde sur l'avenir, le retour à la vie des rescapés, la certitude que rien ne sera plus comme avant, la peur de ne pouvoir avancer, de ne pouvoir raconter la réalité à ceux qui n'ont pas connu l'horreur. Un des tomes précédent faisait la part belle à la désinformation, la propagande afin de ne pas effrayer les citoyens restés à l'arrière, ne pas leur montrer la réalité d'un conflit dans lequel chacun a fait de son mieux. Un autre insistait sur l'obligation de tuer pour ne pas être tué à son tour, l'instinct de survie qui fait commettre l'irréparable ou fait devenir fou la plupart des hommes, condamnés à tuer pour survivre, mais à quel prix, l'injustice des sanctions prises par son propre camp pour éviter les désertions ...

Mais l'originalité est de mettre en scène une enquête à chaque épisode, en parallèle de la guerre qui n'est pourtant pas qu'une toile de fond. La personnalité de nos trois héros apparaît, alors qu'eux-mêmes ne soupçonnaient pas cette part en eux. On les voit changer, comprendre aux aussi que cette guerre les a transformés.

Ce dernier tome est, il faut le reconnaître, le plus noir de la série et s'achève d'ailleurs assez brutalement, ce qui semble logique à l'issue d'un conflit qui a laissé bien peu d'espoir malgré les hourra de part et d'autre dans les tranchées à l'annonce de la fin de la guerre.

Bref, c'est une saga passionnante que je vous invite à découvrir.