La Liste de mes envies, Grégoire Delacourt, éditions JC Lattès, 2014, 185 pages

Genre : roman contemporain, feel good

Thèmes : couple, quotidien, gain, simplicité, amitiés, trahison, estime de soi

L'auteur en quelques mots ...


Né à Valenciennes en 1960, Grégoire Delacourt est écrivain et publicitaire. Il a maintes fois été récompensé pour son travail.
« L’écrivain de la famille » paru en 2011 est son premier roman et il a reçu de nombreux prix.
« La liste de mes envies », son second roman, a été acheté par 27 pays et a fait l'objet d'une adaptation au théâtre en 2013. L'adaptation cinématographique est sortie en mai 2014, avec Mathilde Seigner, Marc Lavoine et Patrick Chesnais.
Son troisième roman, « La Première chose qu'on regarde », est sorti en avril 2013.
En 2014, il sort « On ne voyait que le bonheur » qui a été sélectionné pour le Goncourt. Il obtient le titre de « Meilleur roman de l'année 2014 » décerné par les journalistes du Parisien.
« Les Quatre saisons de l'été » sort en avril 2015 et met en scène, un même été, au Touquet Paris-Plage, les amours d'été de quatre couples.
Son sixième roman, « Danser au bord de l'abîme » paraît en janvier 2017. C'est le 28 février 2018 que Lattès publie son septième roman, « La femme qui ne vieillissait pas »

L'histoire :

"On se ment toujours"

Jocelyne se décrit comme quelconque, un peu ronde, pétrie de rêves mais vivant une vie fort banale à Arras aux côtés de son époux, Jocelyn ( combien y avait-il de chance pour qu'une Jocelyne épouse un Jocelyn ?). Et cela lui suffit, la comble même. Gérante d'une petite mercerie, elle tient également un blog, Dixdoigtdor, sur lequel elle distille conseils et bonne humeur et qui commence à prendre de l'ampleur si l'on en juge par les commentaires toujours plus nombreux.

Pourtant sa vie n'a pas été rose et les souvenirs sont vivaces sous la surface : le décès aussi brutal qu'inattendu de sa maman, alors qu'elle était toute jeune, la perte d'un enfant et les reproches de Jocelyn. Autant de blessures qui restent ancrées et lui font apprécier chaque instant comme un trésor. A commencer par les moment précieux passés auprès de son père qui lui accord six minutes d'attention par jour, avant de lui poser à nouveau la question fatidique : "qui êtes-vous ?".

Son quotidien est rythmé par son travail, la vie auprès de son homme, les instants précieux auprès de son père, les visites de sa fille, réservée, peu loquace mais qu'un lien fusionnel unit à Jocelyne, l'attente d'un fils qui s'éloigne et qu'elle ne comprend pas toujours.

Lorsque cette petite vie bien rangée bascule, c'est tout son univers qui est remis en question, tout ce qu'elle a patiemment construit en luttant contre le pessimisme, en ne reproduisant pas les mêmes erreurs. Des envies, elle en a bien sûr, toute une liste, mais combien nécessiteraient un tel changement de vie ? Et si tout était possible ? Et si ce tout changeait à jamais sa perception des choses et l'éloignait des petits bonheurs simples ?

En vrac et au fil des pages ...

 

J'ai découvert Grégoire Delacourt avec un récit fort, poignant : Danser au bord de l'abîme ( que j'espère chroniquer bientôt ! Honte à moi car c'est un très beau récit). J'espérais retrouver cette profondeur dans La Liste de mes envies dont on fait tant de cas sur la blogosphère. Ce ne fut pas le cas. Pour autant cela reste un récit très simple, tendre parfois, brutal aussi, à l'image de la vie de Jocelyne.

La particularité de l'auteur est de coller au personnage, à travers les mots choisis. Ici la simplicité de Jocelyne apparaît dans la syntaxe autant que dans les faits. Les petites choses simples du quotidien nous apparaissent, à travers ses yeux, comme autant de petits trésors à chérir. Puis, l'auteur distille lentement quelques bribes d'un passé douloureux, et l'on reconstitue le chemin de Jocelyne, semé de moments douloureux. On comprend qu'elle n'a jamais guéri de la disparition brutale de sa mère, tombée d'une crise cardiaque sur le trottoir alors que Jocelyne était enfant. On comprend combien devenir mère était important et comme il fut douloureux pour elle de perdre un enfant. Le récit se dévoile peu à peu, se déplie pour nous offrir un panorama fait de hauts et de bas, comme toute vie finalement.

Avec elle on apprend le pardon ( aurai-je pardonné moi-même à un Jocelyn alcoolique, les mots d'une rare violence prononcés suite à la perte d'un enfant?), la résilience. On comprend combien cette petite vie rangée, sans excès lui plait, parce qu'elle est prévisible, rassurante, mais aussi parce qu'elle est vrai. Éloge de la simplicité.

Mais l'équilibre est fragile et lorsqu'un événement majeur survient, qui pourrait lui permettre une autre vie, sans contrainte, alors que le commun des mortels serait enchanté, Jocelyne s'interroge, se remet en question, se demande où sera la sincérité désormais. Car désirer une autre vie est un rêve qui rend heureux, mais accèder à cette nouvelle vie peut devenir un cauchemar. Le temps de se poser ces questions et il est déjà trop tard. La chance apparaît et disparaît aussi qu'elle est venue. Encore une leçon de vie.

Le lecteur, évidemment détestera Jocelyn, pestera contre la naïveté de Jocelyne, et espérera une rémission pour elle. Mais la fin du récit nous laisse sur une impression mitigée, une blessure de plus, un espoir au loin, des regrets sauf pour Jocelyne.

Certains passages,à moins que ce ne soit l'écriture, m'ont fait penser à L'Elégance du hérisson de Muriel Barbery, que j'avais adoré. Un de ces récits qui nous replacent juste où on doit être et, l'air de rien, sème une petite graine dans notre esprit. Bien que je n'aie pas ressenti la même puissance que dans Danser au bord de l'abîme, je compte bien poursuivre ma découverte de l'auteur.

 

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