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A la vie, à la mort, Paule du Bouchet, éditions Gallimard, collection Scripto,

1999, 124 pages

Genre : recueil de nouvelles

Thèmes : guerre, famille,amitié, amour, séparation, mort

 

L'auteur en quelques mots ...

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Après des études de philosophie, Paule du Bouchet a été enseignante et pianiste de jazz. Je l'ai découverte grâce à une collection, Découverte Gallimard, pour laquelle elle travaille depuis 1974.

Elle a créé, toujours chez cet éditeur, la collection Gallimard jeunesse musique et dirige le département consécré aux livres lus "Ecoutez lire".

Elle partage donc sa vie entre écriture de romans jeunesse, musique et albums. Sa bibliographie est très variées puisqu'elle a écrit des livres sur la mythologie, les peintres, les grands compositeurs , les grandes époques de l'Histoire ( Louis XIV, la Révolution française, la première et la deuxième guerre mondiale).

Je l'ai découverte par le biais de mon travail puisque ses écrits sont souvent utilisés en classe ( Le Journal d'Adèle et Ala vie, à la mort entre autres).

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L'histoire ...

Le recueil comprend sept nouvelles autour de la guerre.

J'ai choisi de parler de quatre d'entre elles.

Le Noyer : Le vieux Florent reçoit la visite de deux hommes qui lui demadent de couper le noyer centenaire, au fond de son jardin, pour la bonne cause. "L'Opération Aile bleue" en dépend et avec elle la survie du maquis du Ventoux (...) Nous sommes à l'automne 1944". Florent apprend les nouvelles par le journal et sait bien que le débarquement à eu lieu. Mais couper son noyer ? Pas question. Autour de ce noyer il a tissé des liens avec son petit fils, sa nièce, la seule famille qui lui reste. L'arbre a toujours été là, témoin du temps. D'ailleurs il les attend pour vendanger son carré de vignes. Mais ce matin de 1944 il déplie son journal et y lit la mauvaise nouvelle, "huit civils massacrés au village de Vesnes (...) Vesnes c'est tout près, à quelques kilomètres seulement".

En vrac et au fil des pages : à quoi s'attache-t-on lorsqu'on n'a plus de famille ? Cette lecture m'a rappelé la vie de village, l'attachement à la maison familiale, le caractère bourru de certains habitants attachés à leur terre et peu complaisants mais au coeur d'or. L'originalité de la nouvelle sera découverte à la fin lorsque le noyer livrera son secret ...

Initiales : Avril 1918. Juliette travaille à Paris, dans le grand magasin "La Belle jardinière" au rayon "Toilette des dames". Chaque jour elle entend les nouvelles du front, "la terrible offensive allemande dans la Somme, la difficulté qu'avaient les troupes françaises à tenir malgré le renfort des alliés anglais et américains". D'ailleurs c'est un soldat américain qui se présente ce matin là. "Monsieur ne parle pas le français. Voulez-vous vous occuper de lui, je vous prie" demande le chef de rayon. ussitôt Juliette est submergée par un sentiment indéfinissable. L'étranger, par son attitude à la fois sereine et empreinte de désespoir, la trouble. Il veut faire un cadeau à une femme et Juliette prend plaisir à l'aiguiller tout en goûtant "avec délice un instant volé à sa journée, dont elle sentait en même temps déjà la blessure de la fin. Bientôt il faudrait partir". Le soldat choisit un poudrier en argent et, au moment d'y faire graver les initiales de la femme à qui ce cadeau est destiné "elle lut JS. Ses propres initiales" ...

En vrac et au fil des pages : j'ai trouvé cette nouvelle particulièrement touchante et le geste du soldat américain assez fort et symbolique ( mais pour comprendre vous devrez lire la nouvelle !) : "le présent d'un homme qui part à une femme qui reste". Ce qui reste de cette histoire n'est pas la naissance d'une belle histoire d'amour car l'auteur réussit à ramener au coeur de la lecture l'histoire de cet homme, ce soldat américain de passage, venu pour défendre une patrie qui n'est pas la sienne.

Père et fils : juillet 1914. Le drame qui s'annonce touche l'Europe "mais personne n'y croyait. La guerre c'était l'affaire du gouvernement, pas des simples paysans". François et son père travaillent ensemble au champ et Auguste entreprend d'enseigner à son fils le maniement de la faux, geste dont il aura besoin si lui part à la guerre. Un lien très for les unit, une complicité qui leur permet de se comprendre. Aussi lorsqu'Auguste est réquisitionné François devient-il le soutien de famille. Régulièrement la mairie du village annonçait le nom des hommes tombés au combat. Auguste eut plus de chance. Mais à chaque permission c'est un autre homme qui revenait, distant, meurtri." En Février 1918 François dut partir à son tour. Il venait d'avoir dix sept ans(...) une adolescence volée". Convaincu qu'il peut retrouver son père il va surtout découvrir l'horreur et l'abérration de la guerre...

En vrac et au fil des pages : voici une nouvelle qui dénonce bien l'absurdité de cette guerre, le sentiment d'incompréhension des hommes jetés dans les tranchées, contraints de tuer pour survivre. Mais la survie n'était pas pour autant une assurance de bonheur retrouvé. La cicatrice, la plaie à jamais ouverte, la distance avec la famille qui ne peut comprendre le choc, l'amitié générée par la proximité dans les combats et le soutien indéfectiblme des frères d'armes, tout cela est abordé dans cette courte nouvelle bien menée.

A la vie, à la mort : "Ils étaient trois. Trois à s'être reconnus sans avoir besoin de se présenter". Dans la cour du lycée ils sont les trois seuls à ne pas entonner le chant "Maréchal, nous voilà"en ralliement à Pétain. Trois à dire non en silence. En cette année 1942 l'occupation allemande rend le quotidien difficile. En novembre, les juifs déjà mis au ban de l'administration, devaient porter l'étoile jaune. Lucien, l'un des trois amis, fut du nombre de ceux qui arborèrent l'insigne. Par solidarité, Pierre et Jean le portèrent aussi. Aussitôt renvoyés du lycée "ils se considérèrent en résistance". Cachés dans une cave ils commencèrent à imprimer des tracts au nom de "Résistance et Liberté". Bientôt le groupe s'agrandit. "Pas un instant le sentiment de faire quelquechose d'exceptionnel ,ou d'héroique, ou de beau, ne les effleura..."

En vrac et au fil des pages :  la nouvelle rappelle la lettre d'Henri Floch à sa femme Lucie par le sort qui est réservé aux jeunes résistants. une nouvelle forte, bien écrite, qui met l'honneur au premier plan et donne son titre au recueil.

C'est un recueil touchant et varié qui présente de multiples situations, toutes liées à la guerre, que ce soit la Grande guerre ou la seconde. L'engagement, la solidarité, l'amitié en sont les fils conducteurs. Mais ce sont surtout des récits qui mettent en scène des gens ordinaires plongés au coeur d'une situation extraordinaire qui les arrache à leur quotidien. J'en recommande la lecture, que l'on soit adolescent ou adulte .

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