B(r)aises, Joëlle Ecormier
B(r)aises, Joelle Ecormier, Océan éditions, 2011,
Genre : roman psychologique
Thèmes : désunion, volcan, souffrance, résilience
L'auteur en quelques mots ...
Retrouvez la présentation de l'auteur dans les billets suivants :
Je t'écris du pont / Plus léger que l'air
L'histoire :
A la suite d'un soirée chez des amis, un couple s'engage sur la route des laves, encore barrée par l'eruption volcanique de 2007. Le trajet fait de questions, de réponses évasives est le lieu de toutes les tensions. Rapidement un malaise s'installe et les souvenirs reviennent à l'esprit.
Dans la salle d'interrogatoire un policier cherche à savoir ce qui s'est passé : "On a dû arrêter les recherches.Un hélicoptère a survolé la mer et les zones boisées à proximité mais cela n'a rien donné", "Qu'est-il arrivé à votre oreille ?", "Vous avez fait comment pour retrouver la route ?", "Vous avez attendu combien de temps avant de partir à sa recherche ?"
Sorti prendre l'air, l'homme s'avance sur la coulée, laissant sa compagne seule dans la voiture. Un épais brouillard s'impose bientôt. Il ne revient pas. Elle comprend. C'est un jeu et elle en connait les règles...dangereuses. "Viens bébé", il l'appelle. Dans cette partie la roche volcanique est le troisième joueur. Un joueur totalement imprévisible, traitre et son allié à lui. Ils sont deux contre elle.
A moins que les souvenirs qui hantent son passé ne reviennent pour lui faire comprendre que c'est ce soir que tout va finir...
En vrac et au fil des pages ...
coulée 2007, la fournaise, ile de la réunion
Roman polyphonique, le récit de Joelle Ecormier entremêle deux textes : le récit de la soirée au cours de laquelle un homme et une femme vont mettre fin à leur union et l'interrogatoire auquel est soumis le personnage féminin. Aucun des personnages n'est nommé, mais cela se joue à trois. Elle , métropolitaine, tient une galerie d'art. Lui,créole, est ouvrier sur un chantier. Leur appartenance à deux milieux sociaux différents semble peser à ce stade de leur relation.
Rapidement le lecteur comprend que l'homme a disparu. Le récit se présente donc comme une reconstitution chronologique de la soirée qui a permis à la femme de s'en sortir indemne.
La force du récit réside dans le lieu choisi pour décor : la coulée du volcan. L'homme travaille sur ce chantier, réhabilitant la route des laves et connait donc les lieux par coeur. Son avantage est évident au départ . Cependant le lecteur sait qu'il ne s'en est pas sorti. Dès lors des questions se font jour : pourquoi ? Que s'est-il passé ? L'a-t-elle tué ?
Je ne classerais pas, toutefois, ce roman dans la catégorie thriller car , dès les premières pages, l'auteur campe un personnage féminin tourmenté, dont la vie tourne autour d'attirances sexuelles, d'un refus de s'engager. Le récit dévoilera le secret de famille si bien gardé et expliquera son attitude. Si elle accepte le jeu de son compagnon ce soir-là c'est parce qu'elle sait que cette soirée sera l'occasion d'en finir avec un passé qui est aussi un fardeau.
Le roman court, fluide et intense avec l'enchevêtrement de deux récits qui donnent envie d'en savoir plus, se lit rapidement. J'y ai retrouvé un décor connu mais je dois avouer que cela donne un certain piquant au récit, le lien entre la lave en fusion, les lieux brûlants et le parcours de ce couple étant particulièrement bien amené.
Une lecture que je vous recommande pour découvrir une auteur réunionnaise dont j'avais déjà chroniqué un récit jeunesse Je t'écris du pont et un roman Plus léger que l'air.