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Petit rappel : principe du bento littéraire

 

Une Langue venue d'ailleurs, Akira Mizubayashi, Gallimard, 2011, 269 pages

Public : adultes

Thèmes : langue, culture, Japon, France, littérature

 

Pour ce deuxième bento j'ai choisi de présenter un auteur dont la lecture m'a profondément marquée. C'est aussi une personne que j'estime pour son parcours, son courage et l'amour qu'il voue à la langue française. A l'heure où notre langue subit de lourdes transformations ( je ne m'étendrai pas sur le sujet mais en tant qu'enseignante je fais partie des nostalgiques de la belle langue, parlée et écrite), je pense que la lecture de ce livre peut nous amener à une réflexion intéressante sur le français.

 

En conseillant cette lecture à une connaissance, je me suis aperçue qu'elle se prêterait bien à un bento littéraire.C'est une lecture à la fois savoureuse et vivifiante, qui redonne confiance en sa propre langue. Dans cet écrit autobiographique Akira Mizubayashi revient sur son parcours de natif japonais, français d'adoption. Etudiant dans les années 70, l'auteur avoue une insatiable soif d'apprendre et de comprendre la langue française . Ankylosé dans sa propre langue qui ne lui donne pas les moyens de libérer sa pensée comme il le souhaite, il se jette à corps perdu dans la découverte du français. Son amour et sa passion le poussent à se tourner vers le XVIII°S pour en adopter la langue, la littérature et sen faire le spécialiste. Avec Rousseau et Mozart comme compagnons de route, Akira Mizubayashi entre dans le français comme on entre en religion.

 

"Presque français et plus tout à fait japonais" (préface de Daniel Pennac), il est en perpétuelle recherche du terme le plus approprié pour traduire sa pensée. Au delà de l'expérience personnelle, il nous interroge sur le rapport que nous entretenons avec notre langue (moyen de communication? traduction de la pensée ? vecteur d'information ? véhicule des sentiments ?). Cet homme me fascine car a poussé sa passion jusqu'au bout, transformé sa façon de penser et a beaucoup abandonné pour se trouver enfin. Quitter (en partie) une langue pour aller à la rencontre d'une autre dans laquelle on va se glisser par choix et par passion, c'est ce qu'il nous raconte dans Une Langue venue d'ailleurs.

 

Dans ce livre c'est toute la culture japonaise qui vient à la rencontre de la France en recherche d'harmonie. Et l'on sait combien ces deux cultures sont différentes ! "Vous êtes invité chez un ami qui possède un grand appartement(...) Il vous fait les honneurs de la maison (...)Dans mon pays, avoir des invités à la maison, cela ne se fait pas facilement. A plus forte raison, leur en montrer tous les coins et recoins, cela est inconcevable. La maison est le théâtre de gestes privés (...) votre regard se promène dans les zones les plus reculées et se pose sur les objets le plus souvent cachés : le plaisir de l'effraction, celui d'Asmodée qui enlève les toits."

 

"Naitre à la langue française". Quelle belle expression ! C'est sans doute celle qui résume le mieux l'ouvrage d'Akira Mizubayashi. "Le japonais n'est pas une langue que j'ai choisie. Le Français si (...)J'ai adhéré à cette langue et elle m'a adopté...C'est une question d'amour (...)L'un ( le japonais) a surgi en moi, il s'est ensemencé au fond de moi (...)L'autre (le français), c'est la langue vers laquelle j'ai cheminé avec patience et impatience tout à la fois"

 

Akira Mizubayashi est reconnu pour son parcours hors norme mais aussi et surtout pour sa plume :

- Prix littéraire Asie 2011 de l'ADELF

- Prix du rayonnement de la langue et de la culture française de l'Académie Française

Pour en savoir plus rendez vous  ICI

 

Le Bento

Akira Mizubayashi parle beaucoup de littérature et de musique dans son livre mais peu de gastronomie. Pour lui j'imagine tout de même une boite à bento traditionnelle, en bois, à deux étages. Mais pas de ces bois peints et colorés. Plutôt une boite aux couleurs naturelles qui rappellerait la simplicité de l'auteur. Puisque l'auteur nous raconte son parcours d'universitaire, j'opte pour un repas adapté à un étudiant qui a peu de temps pour manger mais en même temps besoin d'énergie.

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Dans un des compartiments, deux délicieux onigiri agrémentés de furikake. J'aime ces petits éclats sombres dans les boules de riz blanc. Traditionnellement servis avec un condiment, ceux-ci seront fourrés avec des prunes au vinaigre  (umeboshi). C'est le contraste entre la douceur du riz et l'acidité piquante de la prune qui fait la saveur de cet encas.

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Dans l'autre compatiment deux yakitori au poulet. Ces petites brochettes sont cuites de deux façons mais celle que je préfère enrobe les petits morceaux de poulet de sauce "tare",  douce et sucrée.

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Je sais bien que le repas japonais ne comprend généralement pas de dessert ! Cependant Akira Mizubayashi a choisi la France comme terre d'asile et la note sucrée de fin de repas est importante chez nous. Dans le compartiment du dessous je placerai donc une salade de fruits frais , pour sa légèreté, parsemée de graines de sésame grillées.

 

Cet obento sera , bien entendu, emballé dans un furoshiki (carré de tissus permettant de le transporter plus facilement.)

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