Bienvenue à Blandings, PG Wodehouse
Bienvenue à Blandings, PG Wodehouse,
éditions 10/18 domaine étranger,250 pages
Genre : roman
Thèmes : vol, enquête, riche société britannique, journalisme,collection
L'auteur en quelques mots ...
Pelham Grenville Wodehouse (1881/1975), auteur britannique naturalisé américain en 1955, est un de ces écrivains prolixe dont on ne se lasse pas ! Difficile de lire tout ce qu'il a écrit et, pour le coup, je déroge à la règle et ne cite pas ses nombreux ouvresges ( romans, nouvelles, pièces de théâtre ou chansons).On peut néanmoins réunir ses romans sous forme de séries : les épisodes liés au personnage de Jeeves, valet de chambre qui a fait sa renommée, ceux qui prennent pour décor le chateau de Blandings de Lord Emsworth ou encore ceux qui mettent en scène le comte Ickenham.
Destiné à être banquier, Wodehouse change fort heureusement de voie et devient journaliste en 1903 pour le Globe et le Stand puis part pour les USA où il s'installera .
J'ai découvert en parcourant sa biographie qu'il avait vécu en France , au Touquet, au moment où a éclaté la seconde guerre mondiale. Pour cette raison il a été arrêté par les allemands et envoyé en Haute-Silésie. Là, il amuse ses camarades par ses sketches et finira par accepter la proposition allemande d'animer par ses comédies une émission de radio à Berlin, à destination des américains.
Evidemment , en Angleterre, on l'accuse de collaboration avec les nazis. George Orwell prendra sa défense.Cependant il préfèrera s'installer à NewYork avec sa femme.
La plupart de ses romans prennent pied dans la gentry britannique que Wodehouse décrit avec humour. Il est passé maitre dans l'art de décrire ses pairs et leurs petits travers.Les personnages sont brossés avec justesse et prennent vie grâce à une écriture alerte, dans un registre soutenu qui sied parfaitement à cet humour tout britannique.
Entre autres petites découvertes rigolotes qui soulignent la popularité de l'auteur encore aujourd'hui, un site sur lequel on peut demander de l'aide à 'inimitable Jeeves ! (cliquez sur l'image) tout aussi célèbre que Sherlock Holmes et Watson.
L'histoire : Londres.Le quartier d'Arundell Street est décrit comme réservé aux gens peu fortunés. C'est là que vit Ashe Marson , journaliste pour un quotidien miteux, qui rédige les avantures de Gridley Quayle, célèbre aventurier, pour une paye modique. "Dépendre de Gridley Quayle pour manger, c'était comme être enchainé à quelque monstre horrible".Soucieux de son physique, contrairement à ses compatriotes, il met en pratique la méthode de Larsen par des exercices quotidiens, "Quand on sait avec quelle réprobation Londres, comme toutes les grandes villes, considère l'exercice physique quand il ne répond pas à un but précis, on s'étonne du calme avec lequel ce jeune homme s'adonnait à cet entrainement bizarre.Les règles qui gouvernent le sport à Londres sont clairement définies. Vous pouvez courir, après un chapeau ou un omnibus; vous pouvez sauter, si vous désirez éviter de vous faire renverser par un taxi ou parce que vous avez glissé sur une peau de banane; mais si vous courez pour développer vos poumons ou sautez parce que c'est bon pour le foie, Londres vous punit par ses railleries". Mais Ashe Marson n'en aurait que faire si ce n'était cette jeune femme qui se moque de lui. Joan Valentine se repand aussitôt en excuse en lui rendant visite. Tous deux se découvrent alors des points communs, elle aussi écrit pour un journal, et deviennent amis. Découvrant Ashe perturbé par sa condition médiocre, elle le convaint de tenter l'aventure comme son aventurier de fiction et de lire les petites annonces à la recherche d'une activité qui lui corresponde mieux.Mais le destin leur réserve une rencontre plus piquante !
Parallèlement nous découvrons le gouverneur Emsworth et son fils Freddie."En plus du fait qu'il était un fils cadet, et donc une nuisance par définition, l'Honorable Freddie avait toujours trouvé des moyens variés d'ennuyer son père" .Exclu d'Oxford et constamment impliqué dans des affaires qui insupportent son père, il se voit couper les vivres et contraint de retourner dans la demeure familiale de Blandings. C'est cependant là qu'il fait la rencontre de la jeune Aline Peters, fille d'un riche homme d'affaires américain, avec laquelle il se fiance.
Quel rapport entre les deux partis me direz-vous ? C'est que l'Honorable Freddie est tombé amoureux dans sa jeunesse de Joan Valentine, laquelle jouait alors au Picadilly, et lui a envoyé des lettres toutes plus enflammées les unes que les autres. Si cela venait à se savoir, son mariage serait réduit à néant.Il mandate alors Dickie R Jones pour récupérer les missives compromettantes. Mais ce jour-là, chez Joan Valentine , R Jones n'est pas le seul à entreprendre une visite. C'est avec effroi puis intérêt qu'il découvre Aline Peters et comprend que les jeunes femmes sont des amies d'enfance . ll surprend alors une curieuse conversation : Aline demande à Joan de l'aider à récupérer une pièce de collection appartenant à son père qui a été volée à ce dernier.
Ce scarabée vaut de l'or et M Peters, fermement décidé à remettre la main dessus le plus discrètement possible, fait passer une annonce afin de recruter un mercenaire capable de mener à bien cette tâche. Devinez qui répond à l'annonce ?
Voici l'intrigue plantée. Tout ce beau monde va se retrouver au chateau de Blandings, les uns menant l'enquête sous couverture, les autres masquant leur jeu, sous le regard vigilant et soupçonneux de l'Efficace Baxter ...
En vrac et au fil des pages : j'ai littéralement adoré cette lecture. un vrai bonheur de la première à la dernière page !
L'écriture est enlevée, le style très britannique teinté d'humour à chaque page donne véritablement le sourire ( je dois même dire que j'ai ri en lisant certains passages !). Les personnages sont dépeints dans leurs petits défauts , ce qui les rend à la fois terriblement réalistes, attachants mais aussi burlesques.
Je ne savais pas à quoi m'attendre: enquête policière, peinture de moeurs. Finalement c'est tout cela, dans une ambiance un peu à la Agatha Christie mais bien plus drôle. Les événements s'enchainent à tel point que l'on finit par se dire que ce déroulement est complètement fou et pourtant logique.
Prenez une petite société fortunée de la gentry britannique, saupoudrez là de quelques énergumènes comme un Lord Emsworth cleptomane, un secrétaire dévoué au point de se sentir investi d'une mission de protection, un fils féru de romans d'aventure et totalement hors de la réalité, ajoutez un milliardaire américain à la santé défaillante et deux aventuriers sous couverture résolus à ne céder leur place à personne d'autre, mettez le tout dans une demeure britannique au charme désuet, agitez !
Une excellente recette donc ! Je vais de ce pas me procurer d'autres opus ...