Causes perdues, Gérard Meric-Cadourel, éditions Persée, 2011, 443 pages
Genre : roman
Thèmes : Chine, communisme, mondialisation, milieu de la finance
Ce livre m'a été envoyé par les Editions Persées dans le cadre d'un partenariat via le forum Livraddict . Merci à eux pour cette lecture.
L'auteur en quelques mots...
Bien que n'appartenant pas à un milieu de lecteurs assidus, Gérard Meric Cadourel a ressenti très tôt un besoin d'écrire, "Je n'ai jamais cessé d'écrire durant toute ma vie. Des contes, des poèmes, mes souffrances internes que j'avais besoin d'extérioriser par l'écriture"
A travers ses écrits se sont des valeurs comme la justice, la liberté, le libre arbitre, que l'auteur met en avant. Des modèles aussi prestigieux que Martin Luther King ou Gandhi l'ont inspiré ( on les retrouve d'ailleurs dans son roman) car il veut, comme le disait Voltaire, écrire "pour agir".
Partagé entre Bruxelles et la banlieue toulousaine, Gérad Meric-Cadourel a beaucoup voyagé. Fort de cette expérience il pose sa vision du monde dans un roman d'anticipation qui donne à voir un idéal auquel il aspire.
L'histoire : Nous sommes en 2025. Philippe d'Arciac s'apprête à partir en vacances avec sa famille, sa femme et ses deux enfants. Vacances bien méritées puisqu'il est avocat d'affaires et connait au quotidien une grande tension. Natif de Saramon, Philippe d'Arciac aime retrouver ses racines et sa terre à quelques kilomètres d'Auch, dans le Sud de la France. Là, tout est simplicité, harmonie avec la nature, "Jamais il ne s'était lassé du panorama qui s'offrait à ses yeux et il était heureux de voir que les hommes au cours des siècles passés avaient su préserver à l'état naturel leur patrimoine mais aussi ouvragé avec respect, amour et humilité, le cadastre des labours, champs, boisés et bâtis qui, au fil du temps, avaient modelé l'environnement et donné à la région un charme fou."
Peu après son arrivée dans le Midi, il est cependant contacté par la femme d'Henri Schneider, magnat de la finance et président du groupe "Schneider food end Co", emprisonné par les autorités chinoises et accusé d'espionnage et d'empoisonnement délibéré. Fermement décidé à ne pas intervenir pour un homme qu'il sait arrogant et qui a probablement mérité son sort, Philippe d'Arciac finit par céder.
Commence alors pour lui une aventure incroyable au coeur de la Chine qui est devenue la première puissance mondiale et dont le "Grand leader" entend bien devenir le maître du monde.
Henri Schneider, emprisonné comme ses partenaires, subit au fond d'une geôle une attente qui va le mener aux portes de la mort. Torturés ou froidement abattus, d'éminents européens subissent le joug d'un dictateur qui entend faire régner l'ordre dans son pays. Certes, les ultra-libéraux ne sont pas tout blancs dans cette affaire et la création d'une bulle financière au sein de la Chine a suscité de vives colères. Les grands patrons, réalisant des profits mirifiques dans ce pays à la croissance exponentielle, ont délocalisé leurs industries et n'ont pas toujours agi en lien avec le pays qui les accueillait. Cependant le sort qui leur est réservé souligne une barbarie digne des plus grandes dictatures. "A cause de la folie d'un tyran, nous sommes à la veille d'un conflit mondial". Modernisant son armée, la Chine devient un danger pour la planète.
Déterminé à défendre son client, Philippe d'Arciac découvre alors un réseau caché dont l'objectif est de renverser le pouvoir du Grand leader et rétablir la liberté de pensée, formatée par l'idéologie communiste au fil du temps, et faire émerger une société civile égalitaire. Echappant à la vigilance de son garde du corps, Philippe d'Arciac entrera en contact avec Monsieur Qi et le mystérieux Généralissime ...
En vrac et au fil des pages : malgré un début prometteur je n'ai pas réussi à entrer dans l'ambiance proposée par Gérard Meric-Cadourel. Je pense que cela provient essentiellement du fait que le roman vire souvent à l'exposé. Je m'explique : afin de donner au lecteur toutes les informations nécessaires à la compréhension de l'intrigue, l'auteur nous livre moult détails sur l'économie chinoise, le milieu de la finance ou la politique. Les données historiques m'ont beaucoup intéressée mais je pense que la façon de les amener fait que ces passages, au demeurant fort longs, sont comme déconnectés de l'histoire interne du roman. De la même façon le livre est émaillé d'articles de presse que l'on aurait peut-être pu réduire mais qui nous sont présentés en entier ou par vagues, freinant ainsi la lecture.
Cela est fort dommage car l'intrigue en elle même est bien ficelée et les personnages ont une vraie personnalité qui peut permettre au lecteur de s'immerger dans ce monde à la fois proche de nous et lointain ( au sens où l'on n'aimerait pas que les événements décrits se produisent !). On pourra reprocher au roman d'être trop manichéen. Je pense qu'ici c'est la vision idéaliste de l'auteur qui s'oppose à l'injustice et la barbarie. La fin est une invitation à la paix dans le monde.
J'ai apprécié la touche spirituelle amenée par des convictions fortes. Là encore l'exposé sur le Falun Dafa par exemple, mouvement spirituel chinois, aurait mérité une appropriation plus personnelle de façon à ce qu'il n'apparaisse pas comme une page d'érudition. Car, au final, c'est ce qui ressort de ma lecture. J'ai souvent eu l'impression de lire un documentaire et non un roman. Pour cela, lorsque l'histoire me ramenait vers Philippe d'Arciac et l'intrigue haletante, il me fallait un certain temps avant de réellement plonger dans le livre.
Les ingrédients sont là : de mystérieux personnages qui entretiennent des liens avec des confréries, des réseaux cachés qui oeuvrent en secret, des scènes haletantes, d'autres choquantes ( comme les scènes de torture particulièrement violente mais qui peuvent plaire dans ce type d'écrit), un personnage principal attachant. La construction du récit est aussi intéresante dans la mesure où elle propose plusieurs points de vue et donne la parole, tour à tour, aux divers personnages. Il est dommage que tout cela ne soit pas plus lié, fondu en une intrigue qui diffuserait subrepticement les données documentaires sans en faire étalage.
Cela étant le roman de Gérard Meric Cadourel fait réfléchir et , à l'heure où la Chine émergente envahit le marché mondial mais effraie aussi, le questionnement proposé invite à se demander de quoi demain sera fait.
Merci aux éditions Persée et à Livraddict pour ce partenariat