De la sève à l'écume, Corinne Nadaux

De la sève à l'écume, Corinne Nadaux, auto-édition avec l'aide de l'association A4PM, 2013, 214 pages

Genre : roman

Thèmes : enfance, amitié, pauvreté, simplicité, bonheur

L'auteur en quelques mots ...

Née en 1960, Corinne Nadaux s'est tournée vers l'écriture suite à un accident d'équitation qui l'a contrainte à cesser sa profession d'infirmière. Dès lors, le journal qu'elle tenait est devenu récit autobiographique et publié en auto édition en 2013 J'ai tant voulu être aimée. En 2013, elle signe De la Sève à l'écume dont elle souligne que les lieux sont réels mais les personnages fictifs.

L'histoire :

A 7 ans, Louise se prépare à entrer à l'école. Un grand pas pour cette petite fille élevée dans une roulotte par des parents aimants mais pauvres : un papa débardeur en forêt et une maman cantinière. Jusqu'à présent couvée, épargnée tant bien que mal de la pauvreté par un père bienveillant et une mère attentive, Louise va découvrir le monde cruel de l'école, les regards appuyés, les messes basses qui les accompagnent, la différence. Pourtant c'est une belle histoire d'amitié que lui réserve ce premier jour, une rencontre marquante avec une jeune fille bien plus pauvre qu'elle : Adèle. Nous sommes en 1955 et la France profonde vit de petits salaires, de débrouille, de solidarité. Au coeur des forêts landaises de Gascogne, les gemmeurs récoltent la résine pour une bouchée de pain.

7 ans plus tard, Louse sera envoyée à Arcachon, dans une famille bourgeoise , afin d'y faire ses débuts de femme de ménage. Les chemins des deux amies se séparent pour se croiser à nouveau quelques années plus tard dans un tout autre contexte. Louise qui rêvait d'être institutrice découvre une tout autre vie auprès de sa patronne Agathe qui l'éveillera à sa nouvelle vie, lui permettra de rencontrer l'amour. Avec elle on suit les événements qui ont marqué les années 60 et l'on voit se dérouler une vie, avec ses heurts, ses déceptions et ses espoirs...

En vrac et au fil des pages ...

Merci à Nanet du blog Les mots de Nanet pour m'avoir permis de découvrir ce livre. Je l'avais repéré sur son blog et avais été happée par la couverture que je trouve très belle.

Voici donc un joli roman, simple comme la vie au coeur d'un terroir marqué : les landes de Gascogne. L'auteur a souhaité semer au fil des pages quelques notes érudites sur la vie de ces hommes, debardeurs, gemmeurs, dont le labeur est ici décrit dans le détail, au détriment parfois de l'histoire de Louise qui reste en suspens. Néanmoins cela cadre avec l'ambiance et participe de la compréhension d'un milieu pauvre des années 50 /60 que l'on connait mal.

L'écriture est fluide, tantôt poétique, tantôt plus documentée. L'intrigue quant à elle suit le fil de l'histoire de Louise , son éveil à la vie , sa compréhension de la société qui l'entoure, l'abandon des rêves d'enfant et les espoirs de vie future. J'ai ri de son souhait de jeunesse suite à son premier jour d'école : devenir institutrice; paroles que j'ai aussi prononcées pour me retrouver aujourd'hui enseignante, comme quoi les vocations .. !

On pourra regretter que certains personnages ne soient pas plus fouillés, comme Raphaël dont s'éprend Louise. Cependant peut-être est-ce une volonté de l'auteur de nous entrainer davantage dans un univers féminin : Agathe ,la bourgeoise au grand coeur, supplantera Adèle dont la vie prend un autre chemin, plus déroutant; la mère de Louise qui ne sait pas pleinement exprimer son amour ... autant de femmes marquantes.

J'ai beaucoup apprécié l'image du père, bienveillant, au tout début du récit, ainsi que les valeurs véhiculées par l'histoire.

L'ensemble reste un peu fleur bleue mais vaut le détour.