"Je veux ma place au soleil", Bernadette THOMAS
Je veux ma place au soleil, Bernadette Thomas, Editions Grand Océans, 247 pages
Thèmes : île de la Réunion, relations inter-générationnelles, nature, emploi/chômage,illetrisme
genre :roman
J'ai rencontré Bernadette THOMAS l'année dernière à l'occasion d'une séance lecture dans mon collège. Je n'ai pas résisté à l'envie de l'inviter à nouveau en fin d'année, pour un petit moment d'échange avec mes élèves (rendez-vous ICI pour en savoir plus). A cette occasion je me suis plongée dans son parcours, son oeuvre au sens large. J'ai d'abord été étonnée par la variété des genres : roman fantasy avec La Terre jumelle, fiction réaliste avec Le souffle des disparus ou Je veux ma place au soleil. Des récits toujours ancrés dans son ile natale ,La Réunion, ses croyances, ses superstitions.
L'histoire : Je veux ma place au soleil se détache un peu des autres romans de Bernadette THOMAS par la révolte qu'il contient. Le style est ample mais aussi incisif. Le roman s'ouvre sur une description de Bras-la boue, banlieue défavorisée inspiré d'un quartier de Saint Denis qui donne le ton. Maximin a 20 ans et vit avec sa mère, ses frères et soeur et son beau père dans un quartier précaire,gangréné par le chômage, l'illettrisme et l'ennui. Ecoeuré par l'école, une vie qu'il juge décevante, il décide de se lancer dans une quête aussi folle que passionnante : la découverte d'un trésor laissé par des pirates qui lui apporterait richesse et liberté. Ses pas le mènent dans les Hauts de l'ile puis à Sainte Suzanne, Sainte Rose, Saint Philippe pour autant de rencontres insolites et attachantes. Sur fond de révolte, tant personnelle que sociale, Bernadette THOMAS nous montre les deux facettes de l'ile, une société à deux vitesses dont la richesse réside dans ses racines, ses croyances ancestrales, sa mixité culturelle.
Le roman évoque le voyage et la quête initiatique qui font l'unité de ses écrits. C'est aussi un hymne à la tolérance et au respect, une invitation à lier les générations qui peuvent s'apporter beaucoup mutuellement. La Réunion change et tente de se mettre au diapason de la métropole, du monde moderne. Mais elle porte en elle une spécificité et une originalité qu'elle doit préserver.En filigrane Bernadette THOMAS propose au lecteur , non pas de vivre dans le passé, mais de se donner les moyens de vivre avec son temps tout en restant conscient de ses racines.
Le roman aborde de nombreux thèmes:
- l'école avec ce qu'elle comporte d'opportunités mais aussi de fermeture pour des jeunes dont la langue maternelle n'est pas forcément le français mais le créole, le shimaoré, le malagasy... La plupart des créolophones sont bilingues mais la langue de l'école reste le français, avec toutes les difficultés d'apprentissage que cela comporte dans un système qui n'utilise pas la langue maternelle comme support d'apprentissage. L'échec scolaire qui en résulte ...
- le chômage et la société de consommation qui laissent sur le côté de la route bon nombre de personnes défavorisées. Le roman dénonce ici l'apparence trompeuse, le refus de voir les choses en face et d'apporter une aide réelle et efficace aux plus démunis; la débrouille qui en découle. Mais l'auteur souligne aussi sans le dénoncer le comportement de la jeunesse , entre désir de consommation et passivité.
- les croyances, les légendes réunionnaises, profondément ancrées.
- la nécessité d'un retour à l'essentiel, aux vraies valeurs en s'appuyant sur les particularités de la Réunion. C'est aussi le combat de bien d'autres écrivains sur l'ile et je ne manquerai pas d'en parler dans un prochain billet.
On peut trouver les romans de Bernadette THOMAS en métropole ou commander via internet: ICI