http://1cagibi.files.wordpress.com/2012/02/pere_de_francois.jpeg?w=600En naviguant sur la blogosphère je suis tombée sur une histoire aussi dérangeante que passionnante. Voici quelques temps l'écrivain Marc Lefrançois publiait un billet sur son blog et racontait comment un brocanteur avait trouvé dans une benne à ordure toute une collection de Pléiade. Nous sommes à Paris, dans le XVI° arrondissement. L'affaire fait grand bruit : une fortune ainsi jetée mais, au-delà du prix, un geste redoutable : jeter des livres !

Me reviennent à l'esprit en lisant ce billet , en vrac et sous le coup de l'émotion, Farenheit 451, les autodafés, les 20 000 livres brûlés le 10 mai 1933 par les nazis ... Bref, comment un tel geste a-t-il pu se produire ? Un inconscient qui ne connait pas la valeur de ces livres ? Un voleur qui s'est débarrassé de son butin ? On pense à tout sauf à la réalité des faits.


Ce matin, verdict, on met enfin un nom sur ce geste fou : François Bon.  François Bon connu pour ses ateliers d'écriture et qui a inspiré mon travail avec mes classes de collège d'ailleurs, à l'origine du site littéraire Remue.net, un amateur de rock (il a animé des emission sur France Culture sur les Rolling stone notamment) qui a rédigé des biographies de groupes comme Led Zeppelin ou les Rolling Stone, puis l'auteur entre autre de Sortie d'Usine... Enfin, pas le dernier des ignares !


L'affaire remonte à la publication d'une traduction du Vieil Homme et la mer d'Ernest Hemingway, réalisée par François Bon en version numérique. Aussitôt Gallimard diffuse un courrier aux éditeurs précisant que la maison possède les droits d'auteur et ne peut approuver un telle publication. Je ne peux rentrer dans les détails, qui me dépassent de toutes façons, sur les droits d'édition. François Bon pensait clairement être dans son droit en proposant une traduction nouvelle, repensée du chef-d'oeuvre d'Hemingway, puisque l'oeuvre était dans le domaine public aux USA et au Canada. Oui mais pas en France !

 

Le geste fou de François Bon fut de se débarrasser de tous ses Pléiade (Gallimard) en signe de protestation contre ce qu'il estime être une injustice. Chacun en pensera ce qu'il veut mais je trouvais important de remonter à l'origine du geste. Pour moi les livres sont si précieux, si rares et importants, que je ne peux me résoudre à approuver le geste. En revanche, lorsqu'un écrivain aussi passionné que François Bon en arrive à cela, lui dont la vie est consacrée tout entière à l'écriture, on se doit de s'interroger, de réfléchir.Au-delà de la querelle c'est le livre numérique qui est attaqué, pour vous dire comme le débat est complexe.

 

Nous sommes des lecteurs passionnés, avides de découvertes. Nous nous laissons emporter par les mots et ignorons bien souvent quelle souffrance se cache derrière, quelles batailles ont mis ce livre entre nos mains parfois. Moi qui admire Hemingway j'aimerais pouvoir lire cette nouvelle traduction, portée par l'émotion d'un vécu que François Bon relate ici en fin de page.

Alors la pépite ce matin est ici , sur un site québécois bien entendu !

 

Je relis le début de ce billet et je me dis que le geste de l'auteur est aussi fou que fort. C'est pour moi un geste désespéré, révolté, abîmé.

Depuis , de nombreux témoignages de soutien lui sont parvenus. En voici un de plus, bien modeste et finalement mitigé. Je comprends sans comprendre...


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