L'Affaire Nicolas Le Floch, Jean François Parot
L'Affaire Nicolas Le Floch, Jean françois Parot, éditions Lattès,2002, 440 pages
Genre : policier historique
Thèmes : 1774, fin de règne, succession, meurtres, complots, Angleterre
Retrouvez la biographie de jean François Parot ici
tome 1 L'Enigme des blancs manteaux
tome 2 L'Homme au ventre de plomb
L'histoire
la Comtesse du Barry
6 Janvier 1774. Nicolas Le Floch , se rendant chez son amie Mme de Lastérieux, est pris à parti par cette dernière alors que la demeure accueille quelques musiciens à l'occasion d'une soirée. Contrarié il quitte le domicile de sa maitresse avant d'y revenir plus tard pour découvrir que son absence n'a nullement contrarié cette dernière. Pourtant, en s'éveillant le lendemain au domicile de M de Noblecourt, il apprend, stupéfait que Julie de Lastérieux a été assassinée et que les soupçons pèsent sur lui. Commence alors une enquête des plus délicates, conduite par l'inspecteur Bourdeau, fidèle ami de Nicolas et menée par le lieutenant de police Sartine, persuadé de l'innocence de son poulain.
Rapidement, les preuves s'accumulent contre Nicolas, à commencer par une lettre diffamatoire du musicien Balbastre, l'accusant de violences lors de la dernière soirée et le mettant à porte à faux.Dès lors, Nicolas le Floch écarté de l'affaire, oeuvre en douce afin de démasquer les coupables de l'assassinat de Mme de Lastérieux . Envoyé à Londres par le roi pour une affaire de libelles mettant à mal des personnnalités de la Cour, Nicolas échappe de peu à la mort mais parvient à rassembler les pièces d'un puzzle des plus complexes
Parallèlement Louis XV, à l'agonie, convie auprès de lui "le petit Ranreuil" afin de lui remettre une boite contenant des pièces capables de mettre à l'abri des esprits malveillants Mme Du Barry, sa favorite. La Cour, qui a toujours animé des complots, est en effervescence et l'on attend dans le trouble le plus profond la mise en place de la succession du roi, qui décède le 10 Mai 1774.
Une année difficile donc pour le commissaire au Chatelet qui , de révélations en révélations, apprendra ... qu'il est père de famille !
En vrac et au fil des pages ...
Cet opus des enquêtes de Nicolas Le Floch m'a semblé plus complexe que les précédents. J'y ai retrouvé la plume animée et propre à nous plonger dans le climat de 1774, mais ai eu plus de mal à rassembler les pièces du puzzle dans une intrigue plus longue. Comme d'habitude l'enquête principale est doublée d'une intrigue de cour. Cependant ici, l'originalité du tome fait que le coupable désigné n'est autre que le commissaire lui-même ( il fallait bien que cela arrive !). Pourtant à aucun moment je n'ai craint pour sa vie ( la peine capitale était pourtant de mise) et l'ai regretté, non pas pour notre héros mais pour le suspens !
J'ai apprécié néanmoins le côté politique qui nous conduit à Londres et les nouveaux personnages qui animent la cour et ne manquent pas de piquant, comme la Comtesse du Barry (pour moi qui suis toulousaine , ce sont de jolies retrouvailles !) ou le Chevalier d'Eon, un original dont l'auteur dresse un portrait sympathique. Le récit de la succession du roi Louis XV est des plus intéressants et je dois avouer que c'est cette partie que j'ai préférée. La question religieuse, au coeur des intérêts, est assez bien développée: le renversement de Choiseul par l'entremise Mme Du Barry , l'ascension du Duc d'Aiguillon qui en a découlé, sont au coeur des rancoeurs au moment d'administrer les saints sacrements à Louis XV. Tout cela est clairement expliqué.
Entre autres nouveautés, on apprend que la belle Julie de Lastérieux employait à son service deux esclaves venus de Guadeloupe à qui elle avait fait miroiter un affranchissement. Le lecteur appréciera l'évocation des pratiques liées à l'esclavage dans les colonies, bien que ce propos ne soit malheureusement pas développé.
Bien évidemment on retrouve avec plaisir les passages gourmands ( encore que cette profusion de viande me laisse penser que je n'aurais pas aimé vivre à cette époque !), nos héros aimant déguster et doubler ce plaisir d'un récit de la recette. J'ai souri à l'évocation par notre héros de la cuisine anglaise et son plaisir de rentrer au pays afin de profiter de la bonne chère ( pourtant je les aimais bien moi ces toasts à la confiture ou ce rosbif accompagné de son pudding !)
Le récit est toujours aussi captivant et la plume fine mais j'espère que l'épisode suivant sera plus palpitant. L'auteur prend soin de ménager son effet dans tous les cas en nous dévoilant une paternité liée à une rencontre qui remonte à 14 ans. Cela vous rappelle quelqu'un ?
A la fin du récit cependant Sartine se voit appelé au service de la Marine du roi, laissant Nicolas penser à ce que sera son sort sous l'autorité de Le Noir, à moins qu'il ne soit écarté des affaires policières ...