L'Incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage, Haruki Murakami
L'Incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage, Haruki Murakami, éditions Belfond, 2014, 384 pages
Genre : roman
Thèmes : abandon, amitié, amour, adolescence, dépression, reconstruction, estime,de soi
L'auteur en quelques mots ...
On ne le présente plus mais retrouvez une biographie de Haruki Murakami ICI
L'histoire
" Depuis le mois de juillet de sa deuxième année d'université jusqu'au mois de janvier de l'année suivante, Tsukuru Tazaki vécut en pensant presque exclusivement à la mort. Son vongtième anniversaire survint durant cette période mais cette date n'eut pour lui aucune signification particulière".
Alors que depuis des années il entretenait une raltion d'amitié très forte avec un groupe de quatre amis, ces derniers avaient brusquement coupé les ponts, sans plus d'explication. Au départ résigné, Tsukuru ne tarda pas à s'apercevoir que cette blessure causait dans sa vie bien plus de dégâts qu'il ne voulait l'admettre. Son comportement, sa façon d'être, d'appréhender les choses avaient peu à peu changé, influant sur son psychisme. il faut dire que les quatre adolescents, trois garçons et deux filles, formaient une petite communauté parfaite au sein de laquelle chacun avait un rôle à jouer. Bien entendu Tsukuru se sentait parfois différent d'eux, mais aurait-il sans le vouloir pu commettre un impair poiur être ainsi rejeté
Quelques années plus tard, sa rencontre avec Sara et Haida va pourtant l'amener à explorer à nouveau son passé, comprendre le lien si fort qui l'unissait à ses amis pour qu'il en perde ses repères. Selon Sara, seule une nouvelle confrontation pourrait lui permettre de se libérer du fardeau qui l'opresse. Pourtant se produisent dans sa vie d'étranges événements dont on ne saurait dire s'ils sont réels ou sortis de l'imagination perturbée de Tsukuru ...
En vrac et au fil des pages ...
(Nagoya)
Les titres des récits de Haruki Murakami sont toujours une surprise !
C'est à la lecture d'un parcours initiatique que nous convie Haruki Murakami, l'auteur qui aime explorer l'inconscient de ses personnages. Ici Tsukuru apparait comme un jeune homme distant, menant une vie banale centrée sur sa passion pour les gares mais sans autre ambition que le travail bien fait, sans passion. Un personnage incolore comme lui-même se décrit, invisible. C'est du moins ce qu'il croit car ceux qui le cotoient perçoivent autre chose en lui.
Alors qu'il a été rejeté pour une raison inconnu du groupe dans lequel il avait sa juste place, le voici en perte de repère, errant au seuil de la mort puis trouvant la force de se reconstruire. Pourtant bâtir un futur sur une blessure est impossible aussi va-t-il devoir se confronter à son passé pour avancer.
Le plus troublant dans ce roman est la dimension fantastique que Murakami aime semer au fil des pages. On ne saura dire si tout cela sort de l'inconscient blessé de Tsukuru ou a réellement lieu mais l'on retrouvera quelques références connues de l'auteur : le thème du double, la lune, la puissance des relations qui unissent les hommes et les femmes, la question sexuelle au centre du récit et l'inexpliqué qui fait se cotoyer deux dimensions parallèles, deux mondes en quelques sortes. L'auteur brouille les pistes, nous entraine sur la piste d'une explication fantastique pour mieux revenir à la réalité. Comme souvent le récit se fait psychologique dès lors que l'on pénètre dans l'inconscient de Tsukuru. pourtant je dirais qu'ici Murakami propose un récit plus touchant, plus affectif.
Murakami nous mène entre Japon et Finlande, recréant l'histoire qui unit autrefois les cinq amis, chacun ayant finalement rompu le lien à sa façon après le rejet de Tsukuru qui découvrira ainsi combien il a compté pour ses amis et combien fut difficile pour tous la déchirure de leur séparation. La métaphore du tremblement de terre ou de l'inondation hante l'auteur qui renouvèle ici la description de la dépression :" A la manière de quelqu'un qui garde les yeux rivés sur l'écran de la télévision, face au spectacle hideux d'un gigantesque tremblement de terre ou d'inondations monstrueuses qui se sont déversés sur quelque région lointaine" ( comme dans Après le tremblement).
La musique classique est aussi très présente, Franz Liszt notamment et tout fait écho à la nostalgie, à la mélancolie que ressent Tsukuru par moments.
A l'issue de la lecture tout ne sera pas élucidé mais cette fois l'auteur laisse le lecteur libre d'imaginer la suite. Le personnage, attachant s'est livré et nous le connaissons à présent suffisamment pour cela.
Un roman sur le poids des non-dits ...
Retrouvez tous les billets consacrés à l'auteur ICI