l-ombre-du-vent-copie-1.jpg

 

L'Ombre du vent, Carlos Ruiz Zafon, éditions Grasset, 2004, 524 pages

Thèmes : livres,secret,Barcelone,guerre

Genre :roman

 

 

" Je me souviens encore de ce petit matin où mon père m'emmena pour la première fois visiter le Cimetière des Livres Oubliés. Nous étions aux premiers jours de l'été 1945, et nous marchions dans les rues d'une Barcelone écrasée sous un ciel de cendre et un soleil fuligineux qui se répandait sur la ville comme une coulée de cuivre liquide." Ainsi débute le récit de Daniel que son père conduit en un lieu mystérieux, réservé à quelques initiés. Il lui révèle alors un bien étrange secret et l'invite à "adopter" un livre parmi les milliers que compte cette bibliothèque particulière . Adopter un livre pour le sauver. Daniel choisit L'Ombre du vent de Juliàan Carax ( à moins que ce ne soit lui qui le choisisse !). Il ne sait encore rien de cet auteur, si ce n'est qu'un étrange individu brûle tous ses livres. Le récit se poursuit au rythme d'une enquête qui révèlera la vie troublante de Juliàn Carax.

Tout au long du récit, plane l'ombre de ce personnage diabolique qui fait osciller le roman entre fantastique et suspens.


Il est difficile de qualifier le genre romanesque dans lequel s'inscrit ici Zafon tant ils s'imbriquent: réalisme, fantastique, policier. Mais peu importe car je dirais que ce roman est surtout un hommage au livre, à l'ivresse de la lecture. Tout lecteur est comme Daniel, obsédé par un seul objectif : savoir !

 

A la manière d'un journal de bord, Carlos Zafon installe l'ambiance ( "1945-49 Jours de cendre"; "1954 Villes d'ombres";"1933-1955 Nuria Monfort : mémoire de revenants";"27 novembre 1955: post mortem"). Sans entrer dans le détail il laisse planer l'ombre du régime franquiste. Son écriture nous plonge dans les brumes barcelonaises qu'il décrit à merveille.

 

Je crois que la magie de ce roman ne tient pas qu'à l'histoire (qui est au demeurant assez compliquée à résumer !) mais au fait que les éléments nous soient donnés peu à peu et constituent une intrigue en même temps qu'une énigme qui happent le lecteur. Nulle facilité ou attendu dans ce récit ne vient corrompre la lecture et l'on suit jusqu'au bout le cheminement de Daniel Sempere sans en perdre une miette. Les personnages sont attachants, à commencer par le narrateur qui n'a pourtant rien d'un héros ( le personnage principal n'est-il pas le livre d'ailleurs ?). Fond et forme se mêlent à merveille si bien qu'à la fin reste une sensation qui me fait dire que l'écriture et l'ambiance qui s'en dégage, plus que l'histoire elle-même, font de L'Ombre du vent un roman que l'on apprécie.

 

J'ai lu ce livre à sa sortie en France et, comme toujours, j'en ai corné quelques pages. C'est amusant de retrouver ces repères ! Pourtant, en les relisant , je ne sais plus ce que j'y ai vu et pourquoi je les ai marquées ainsi; preuve que lorsqu'on est plongé dans une lecture, des mots nous accrochent et ne prennent de sens que par rapport à cette lecture justement. Ici, une phrase prélevée au hasard " N'oublie jamais la faculté d'oublier qu'éveillent les guerres", retenu pour la référence au devoir de mémoire qui me préoccupe aussi dans mes cours au collège. Là: "Il était vêtu de marbre et portait le monde dans son regard"

 

Avec cette lecture je participe à  : littraturecontemporaine


D'autres avis sur :

Logo Livraddict

   


Retour à l'accueil