La Reine et moi, Sue Townsend
La Reine et moi, Sue Townsend, éditions du Seuil, 1994, 319 pages
Genre : roman
Thèmes : Angleterre, monarchie, républicains, pauvreté, humour, valeurs
L'auteur en quelques mots ...
Née en 1948 à Leicester, Sue Townsend est une romancière spécialisée dans la littérature pour enfants.Elle quitte l'école à 15 ans pour de petits boulots .Mariée à 18 ans elle écrit pour survivre.Auteur du Journal secret d'Adrien, 13 ans 3/4, elle poursuit dans cette ligne avec Les aventures d'Adrian Molen 15 ans et Adrian Mole , 23 ans 3/4.
Intéressée par la politique elle mêle souvent dans ses récits une description de la société anglaise. Parmi ses écrits pour adultes on peut aussi citer La Femme qui décida de passer une année au lit.
De grave problèmes de santé dus au diabète la rendent aveugle en 2001. En 2009, elle reçoit un rein de l'un de ses fils.
L'histoire
" la Reine était au lit avec Harris et regardait la soirée électorale à la télévision. Il était vingt trois heures vingt (...) La Reine se cala sur ses oreillers de lin légèrement empesés, se demandant qui, du charmant John Major ou du fort agréable Neil Kinnock, baiserait sa main , le lendemain".
Le lendemain fut pourtant une toute autre journée. "On vous attribué un studio de retraité, au rez de chaussée d'un pavillon. C'est votre droit en tant que citoyenne ordinaire de ce pays". Car les Républicains sont passés et Jack Barker gèrera désormais les affaires du gouvernement. En état de choc, le Prince Philip quitte le palais de Buckingham et tous partent pour Hellebore close qui, par un malencontreux effacement de lettres signale à leur arrivée, Hell close !
Une solidarité se met alors en place au sein de cette cité ouvrière afin d'aider les nouveaux venus à prendre leur place et trouver leurs repères. Chaque membre de la famille royale vit cet événement à sa façon, Charles et Diana s'amusent comme des petits fous à l'idée d'une vie normale, les enfants William et Harry prennent vite conscience que pour survivre dans une cité il faut devenir une vraie racaille, ce qui n'est pas pour leur déplaire, la princesse Ann jette son dévolu sur un poseur de moquette, la reine mère se fait une amie dont le fils l'aide à parier sur le bon cheval et la reine tente veinement d'intégrer son époux, dépressif, à ce nouveau monde.
Ils découvrent alors les difficultés quotidiennes de la population d'en bas, les maigres revenus qui permettent tout juste de survivre, l'assistance sociale qui enlève les enfants au moindre manquement mais aussi l'amitié qui lie les habitants de ce quartier et l'entraide .
C'est une autre Angleterre qui s'ouvre à eux alors que Jack Barker annonce à la télévision que les privilèges sont abolis.
En vrac et au fil des pages ...
Voici une drôle d'histoire à laquelle on adhère dès les premières pages en se demandant où l'auteur veut nous amener. Traitée avec humour, cette expérience joue sur les décalages entre le monde à part de la famille royale et la réalité en prenant les extrêmes, mais se revèle vite décevante tant la situation parait absurde.
On rit des malentendus dus à l'accent ou certaines expressions utilisées par la famille royale qui doit rapidement, pour se faire comprendre, supprimer les tournures ampoulées. La reine se révèle être une vraie organisatrice et gère tout cela de main de maitre avec un sang froid qui nous oriente vers la fin du récit. Le prince Philip est le grand absent puisque cloué au lit par une dépression dont il ne se remet pas. Mais les personnages les plus drôles sont sans doute Charles et Diana qui , comme de juste, s'éloignent l'un de l'autre et vivent chacun leur histoire avec enthousiasme.
La fin est attendue bien sûr, il ne pouvait en être autrement. Mais ce qui est intéressant dans ce roman est la peinture de la classe populaire, ceux- là même qui ont voté républicain et attendent du gouvernement un vrai changement. On découvre l'envers du décor dans une Angleterre où la pauvreté fait des ravages, où l'administration n'aide en rien, la paperasse adressée à des gens qui ne maitrisent pas ce vocabulaire faisant des dégâts. Le tout est traité avec humour.
Un bon moment de lecture, sans plus. Même si le sujet n'est pas exactement le même j'ai préféré La Reine des lectrices de Alan Bennett.