La Voleuse de livres, Markus Zusak
La Voleuse de livres, Markus Zusak, Pocket jeunesse, 2008,
Genre : roman
Thèmes : seconde guerre mondiale, shoah, Mort, amitié, solidarité, lecture
L'auteur en quelques mots ...
Né à Sidney en 1975 d'une mère allemande et d'un père australien, Markus Zusak est auteur de romans jeunesse. Son premier livre, The Underdog, a connu un grand succès en Autrichien, mais c'est avec Combat de frères qu'il est reconnu internationalement. Il a depuis été primé pour tous ses romans et figure sur la liste des meilleures ventes avec La Voleuse de livres.
l'histoire :
"Mort et chocolat :
D'abord les couleurs.
Ensuite les humains.
C'est comme ça que je vois les choses, d'habitude (...)
Je n'ai pas de faux, ni de faucille.
Je ne porte une robe à capuche noir que lorsqu'il fait froid (...)
Vous voulez savoir à quoi je ressemble ?
Je vais vous aider
Allez vous chercher un miroir pendant que je poursuis(...)
C'est l'histoire de quelqu'un qui fait partie de ces éternels survivants, quelqu'un qui sait ce qu'être abandonné veut dire."
Au milieu de la voie ferrée une mère pleure son fils. Sa jeune fille est auprès d'elle, transie de froid. Elle a découvert le corps inanimé de son jeune frère quelques minutes plus tôt dans le train. Elles repartiront seules pour Munich après avoir enterré le petit. Il faut faire vite car la famille d'accueil attend, les Huberman.
La petite s'appelle Liesel et la Mort qui raconte ce récit prétend l'avoir croisée à trois reprises.
Mais n'allons pas trop vite. Nous sommes à Molching, rue Himmel ( himmel = ciel) et Liesel va découvrir ses parents nourriciers a coeur de l'Allemagne nazie.
Voici une histoire où il est question :
"d'une fillette
de mots
d'un accordéoniste
d'allemands fanatiques
d'un boxeur juif"
et de livres, de livres, de livres ...
En vrac et au fil des pages ...
"Le 23 juin 1942 un groupe de juifs se trouvait dans une prison allemande en territoire polonais(...) Vous devez me croire si je vous dis que , ce jour-là, j'ai recueilli chaque âme comme si elle venait de naître (...) et je les ai libérés de leur peur".
L'originalité de ce récit est de donner la parole à la Mort. mais pas une Mort malfaisante, stéréotype à tête de squelette, une faux à la main. Ici, c'est une voix bienveillante qui raconte et revient sur un épisode marquant de l'Histoire : la shoah.
Alors vous me direz, un énième roman sur le sujet ! Pas du tout. Le parti pris de l'auteur est de raconter l'histoire de Liesel, laissée par sa mère dans une famille d'accueil qui pourra la protéger et de montrer l'Allemagne nazie de l'intérieur à travers les yeux d'une petite fille. C'est donc avec innocence que l'on découvre la mise en place de la propagande, des jeunesses hitlériennes, des premières mesures de répression. C'est l'histoire d'une jeune fille qui va ouvrir les yeux sur ce qui l'entoure et comprendre.
les classiques sont bien entendu présents : la famille qui cache un jeune juif, le fils enrôlé en Russie qui croit en Hitler , les voisins dont on ne sait si l'on peut leur faire confiance. Ces ingrédients créent une tension permanente qui porte le récit.
J'avoue avoir été un peu génée par les retours en arrière et les formules répétitives qui offrent une construction puzzle. Les coupures dues au séquences freinent parfois la lecture, comme un commentaire extérieur. Je n'oublie pas qu'il s'agit d'un livre jeunesse et me disque cela convient sans doute parfaitement à des lecteurs plus jeunes pour qui le suspens est un moteur de lecture. En revanche, la seconde moitié du livre me semble plus convaincante et la fin poignante. Car c'est là la force du roman : parvenir à nous donner les larmes aux yeux en jouant sur les connaissances du lecteur.
Je recommande cette lecture originale pour la force du récit. Le récit enchassé écrit par le jeune juif caché dans la cave, Max, est magnifique. Poétique, métaphorique, il donne un second souffle au roman tout en permettant à Liesel d'ouvrir les yeux sur les événements qui l'entourent. Il donne sens au livre. c'est une vraie pépite au milieu du récit.
Les relations entre Hans, le père adoptif, et Liesel sont réellement émouvante et portent le roman, de même que l'amitié entre la jeune fille et son ami Rudy. Une belle description de ce qui peut se nouer en période trouble.
Puis le livre , en tant qu'objet qui peut sauver les hommes, est au coeur de l'histoire, mais là je n'en dis pas plus.
Le petit plus : ce roman a été adapté au cinéma et sortira en février 2014