laddu et thé indien au Bar à 4
Parmi les petits friandises que j'affectionne , le laddu arrive en tête. Cette pâtisserie indienne à base de farine de pois chiche est certes très sucrée, mais on n'en mange pas tous les jours n'est-ce pas ?
Pour moi le laddu est associé à un lieu : le Bar à 4, restaurant aux spécialités indiennes et orientales, localisé au Tampon sur l'ile de la Réunion. Si vous recherchez un restaurant raffiné, passez votre chemin ! Le charme de cet endroit est ailleurs, dans l'indescriptible même si la devanture fait frémir (photo ci dessous) !
Mais ce n'est pas le contenant qui importe, plutôt ce que l'on trouve à l'intérieur. Et tout d'abord l'accueil souriant, les senteurs épicées, l'agitation aux fourneaux de la famille, le côté désuet et typique de la décoration. Puis les gens, d'origines différentes, qui parlent fort, les enfants qui circulent entre les tables. " Vous voulez rester en terrasse ?" Non, non, surtout pas. Surtout pas trop près de la rue ! Je veux être au milieu de cette ambiance colorée et métissée.
Je ne suis pas venue pour manger un plat aujourd'hui. Je voudrais un laddu (comment le prononce-t-on ? Laddou ?). "Avec un thé ?". Oui c'est ça, avec un thé. Posé sur ma table, Les Mots à nu de Jean françois Samlong. "L'ombre m'a attrapé dans l'éclat d'une écriture qui ouvre son chemin dans l'inédit de la langue. Du placenta cérébral naissent les mots, les images qui signifient qu'on ne tient que soi dans le creux de sa main".
Le laddu arrive : un petite boule à l'aspect caramel clair, de petits grains plus foncés ça et là. Puis le thé. Mmh ! Je l'ai vu faire ce thé, J'ai vu le cérémonial : première infusion puis cuisson. D'abord l'eau qui bout avec les épices (cardamome, gingembre, cannelle, poivre noir... peut-être autre chose ?). Puis on retire l'eau du feu et on ajoute, pour infusion, le thé noir et le sucre. Le lait chauffe à côté. Je la vois filtrer le thé, ajouter le lait chaud au liquide bouillant et faire cuire. C'est là que le mélange prend cet aspect blanc caramélisé et que les arômes se mêlent sans doute. J'avais essayé auparavant de préparer un thé massala. Je sais aujourd'hui l'importance de cette cuisson.
Puis un thé prend toujours un goût particulier suivant le lieu où on le déguste, les gens qui nous entourent, la lecture qui occupe nos pensées. "La blessure qui ne relève pas la beauté au regard de l'aveugle n'est que fente, jamais jouissance. il en est ainsi de certains livres qui ne donnent à lire que l'encre de l'écriture sur le beau papier que la pensée a effleuré, où ne souffle aucune tempête, où ne parle aucun orage, alors que d'autres vous entrainent plus loin dans l'enfer endormi des ombres."
L'ensemble est parfait, tout est très doux, sucré,parfumé. Du laddu j'aime la saveur de rose, à peine perceptible, et les petits raisins secs ou dattes qui fondent en bouche. Du thé j'aime les senteurs mêlées de cardamome, cannelle et quelque chose que je n'identifie pas mais qui est probablement lié au lait.
Autour de moi des conversations en créole, d'autres en tamoul. Au milieu, jean François Samlong me souffle "En moi, l'île est un volcan. Autour. Partout. Je suis prisonnier du volcan, de l'écrit qui me pousse vers la liberté du langage".