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Le Cadavre anglais, Jean François Parot, editions JC Lattès,2007, 417 pages

Genre : récit policier historique

Thèmes : cour de Louis XV, Marie Antoinette, meurtre, Angleterre, enquête, art

L'auteur en quelques mots ...

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Retrouvez la biographie de l'auteur sur la chronique L'Enigme des blancs manteaux, tome 1 des enquêtes de Nicolas Le floch

l'histoire

Paris 1777. La rue Saint Germain l'Auxerrois est plongée dans l'obscurité en ce 8 février 1777, période de carnaval qui unit sous le masque la population parisienne. Nicolas le Floch s'en étonne, Sartine ayant fait installer des réverbères afin de sécuriser les rues. Cela sera signalé au plus tôt le lendemain matin. Il faut dire que les temps ont changé depuis que Sartine est devenu ministre et notre héros se remémore les circonstances dramatiques qui ont entouré ces bouleversements : "son retour de Guérande, seize ans auparavant, la disparition du commissaire Lardin puis l'assassinat de Madame de Lastérieux, sa maitresse..." . Désormais Louis XVI gouverne, "le roi demeurait populaire même si l'on doutait de sa fermeté(...)le nom de la reine suscitait au mieux un silence hostile, au pire des propos graveleux". Mais Nicolas le Floch n'a pas le temps de réfléchir à cela; un riche équipage le dépasse dans lequel il croit reconnaitre une connaissance sous son masque de carnaval. Ce regard ne lui est pas inconnu, pourtant ... Cela lui reviendra en mémoire lorsque, appelé par le gouverneur de la prison de Fort L'Evêque, il découvre le cadavre d'un inconnu qui aurait visiblement réussi à s'échapper de sa cellule. Rapidement, aidé de son fidèle compagnon Bourdeau, du docteur Semacgus et du bourreau Sanson, il découvre l'identité de l'homme qui le mènera sur une piste des plus troublantes où horlogers anglais et français se livrent une féroce concurrence afin de satisfaire aux exigences politiques des Etats : une montre marine capable de donner la longitude, qui ne peut être connue que par la détermination du temps.L'on comprend dès lors que celui qui possède cet objet détient un pouvoir supplémentaire. Nicolas n'aura de cesse de faire la lumière sur cette étrange affaire, malgré les obstacles qui se dressent devant lui, à commencer par Sartine, désormais ministre, qui semble décidé à ne pas lui faciliter la tâche.

Parallèlement , une affaire de Cour requiert son attention : la reine Marie Antoinette semble s'être laissée emporter par sa passion du jeu et subi désormais le joug d'une intrigante. A cela s'ajoute le vol d'un objet de valeur, dérobé à la Cour du Roi Frédéric II et qui se retrouve mystérieusement entre les mains de la reine !

Naviguant ainsi entre le peuple et la cour, Nicolas le Floch, commissaire au Châtelet et marquis de Ranreuil, n'oublie pas toutefois d'où il vient et se montre attentif au Paris du XVIII°S au sein duquel les écarts entre riches et pauvres sont de plus en plus marqués.

Il se doit de démêler au plus vite ces intrigues, d'autant qu'il va de surprises en surprises, découvrant notamment qu"Antoinette, la Satin, mère de son fils Louis, est de passage à Paris et semble compromise dans un grave complot entre la France et l'Angleterre... "avoir affaire avec ce type de truchement entre deux mondes, celui du pouvoir et celui à la marge des affaires d'Etat et des intérêts extérieurs du Royaume, impliquait des non-dits plus éloquents que de longs discours".

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En vrac et au fil des pages ...

Ayant lu les deux premiers tomes de la saga, l'Enigme des blancs manteaux et L'Homme au ventre de plomb, j'aurais logiquement dû m'atteler à la lecture du troisième opus de cette pasionnante saga. Néanmoins, la tentation à la médiathèque fut la plus forte. j'ai par ailleurs offert ce tome à Alittlebitdramatic récemment et souhaitais en connaitre l'intrigue.

Je n'ai pas été déçue bien que, il faut l'avouer, suivre les aventures de Nicolas Le Floch est tout de même plus appréciable. En effet, outre l'intrigue policière et les données historiques, la particularité de la saga de Jean François Parot est de faire évoluer son personnage. On le retrouve donc ici au poste de commissaire chargé des affaires extraordinaires, non plus sous les ordres de Sartine désormais Ministre chargé des affaires de la Marine. Père de Louis, jeune page des écuries à la cour du roi, Nicolas suit l'évolution de son fils. Il me faudra reprendre dans l'ordre et patiemment les autres volumes afin de combler mes lacunes !

Néanmoins le roman se lit bien et l'on retombe vite sur ses pattes lorsqu'on connait un tant soit peu le héros, Nicolas Le Floch, fin limier, sensible et honnête et ses accolytes.

L'intrigue est ici complexe car mêle deux voire trois affaires, en apparence différentes mais liées par les relations entre la Cour et l'Angleterre.

Les relations entre les personnages ont bien évoluées elles aussi. Ainsi la rupture entre Nicolas et Sartine, que l'on pressentait du fait de la forte personnalité et de l'arrivisme de Sartine, est -elle consommée. La sensibilité de notre enquêteur le poussse à regretter cette situation, lui qui a été accueilli et hissé dans ses fonctions par Sartine et dont la valeur a été reconnue de tous grâce à lui. Toutefois l'on comprend les enjeux qui entourent ces réactions et soupçonne qu'il s'agit là de choses qui dépassent l'intrigue de cet opus : "Sartine sortit sans le saluer, mais lui jeta au passage une phrase intriguante : " Vous croyez triompher ! mais vous ne savez rien. La surface des choses ...". Cela laisse présager le pire (mais aussi le meilleur pour le lecteur !) pour les volumes suivants .

Le lecteur apprécie toujours la plume de l'auteur, qui se fait ici plus riche me semble-t-il, mêlant des expressions typiques du XVIII°S à une langue enlevée ( la langue du peuple fleurie et celle de la cour pleine de métaphores !). Heureusement un lexique en fin de volume nous éclaire sur des passages parfois obscurs ! Ainsi Monsieur de Noblecourt et le docteur Semacgus se plaisent -ils à aiguiller Nicolas dans son enquête en lui montrant comment elle s'apparente au procédé de l'anamorphose, découvert il y a peu, et qui parvient à créer l'illusion, trompant l'observateur. Les sciences sont d'autant plus présentes dans cet opus qu'elles guident aussi notre héros, toujours à l'affût des progrès.

Les petites recettes de cuisine qui émaillaient les volumes précédents sont toujours présentes au point que l'on pourrait dresser une anthologies des passages gourmands comprenant de vraies recettes de l'époque et parfois leur histoire. Mais dans ce volume les affaires de mode sont tout aussi intéressantes et le tailleur renommé Vachon explique fort bien comment les caprices de la mode sont liés à l'Histoire avec ces tissus provenant d'Angleterre, le désir d'être à l'aise dans ses vêtements ( idée dont on se souciait peu jusqu'alors puisque les apparences prévalent) et l'autorisation donnée aux couturières par Louis le Grand d'ouvrir boutique.

Le côté historique dans lequel évolue l'intrigue est complexe et l'on naviguera d'autant mieux que l'on a des connaissances sur la cour de Frédéric II, les tensions entre la France et l'Angleterre alors que les colonies se soulèvent , le règne du jeune Louis XVI et les intérêts de la couronne. Cependant, sans lasser, l'auteur parvient à glisser quelques explications sur les relations entre les différents pays et l'on apprécie de découvrir au détour des pages des personnalités de l'époque, tels Le Roy et Berthoud, horlogers.

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