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Le Soleil des Scorta, Laurent Gaudé, éditions J'ai Lu, 2008, 249 pages

Genre : roman

Thèmes: Italie, Les Pouilles, famille, vengeance, héritage, terre

L'auteur en quelques mots ...

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Je vous renvoie à la page du Challenge laurent Gaudé pour découvrir cet auteur

L'histoire

Sous le soleil de plomb qui accable la région des Pouilles, un homme s'avance et entre dans le petit village de Montepuccio. Nous sommes en 1975. C'est "l'heure de la sieste et la terre aurait pu trembler, personne ne se serait aventuré dehors.Une légende courait dans le village qu'à cette heure, un jour, un homme remonté un peu plus tard des champs avait traversé la place centrale.Le temps qu'il atteigne l'ombre des maisons, le soleil l'avait rendu fou." Fou comme Luciano Mascalzone, qui avance sous ce soleil brûlant. Cette terre aride lui est familière, tout comme la silhouette qu'il perçoit en arrivant et à laquelle il n'a cessé de penser durant ces quinze ans d'emprisonnement. Il est venu pour elle, Filomena, et il sait qu'il mourra ensuite."Posseder Filomena Biscotti et mourir". Mais les montepucciens ne laisseront pas un monstre vivre dans leur village. Il sait que lorsqu'il sortira de cette maison ils l'attendront et le tueront. Personne n'y pourra rien,  pas même le père Don Gorgio.

Pourtant il ne mourra pas aussi facilement qu'il l'avait prévu. "Immolata est la dernière femme que tu violeras, fils de porc". La sentence tombe, ce n'est pas dans les bras de Filomena qu'il était quelques instants plus tôt mais de sa soeur, Immolata. "Le soleil rit de mon erreur...J'ai raté ma vie. J'ai raté ma mort...Je suis Luciano Mascalzone et je crache sur le sort qui se moque des hommes".

Une longue lignée de Scorta-Mascalzone naîtra pourtant de ce jour, de cette erreur. Chacun devra payer d'un dur labeur et de souffrances cet opprobre. Une lignée de brigands mais aussi d'hommes au grand coeur, avides de reconnaissance mais avant tout fiers et orgueilleux. Une famille pour laquelle Rocco, fils de Luciano, voudra la pauvreté afin que ,seuls, ils bâtissent leur héritage, mais que tous devront respecter à Montepuccio.

Ce roman est l'histoire de Domenico, Giuseppe et Carmela, les enfants Scorta. L'histoire de Rafaelle qui devint le quatrième de la fratrie. Tous condamnés à vivre et mourir sur cette terre des Pouilles. C'est l'histoire de leur descendance qui lavera, peut-être, le péché ...

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En vrac et au fil des pages

Je réfléchissais ,en pensant à cette chronique, au vrai sujet du livre. Souvent présenté comme une saga familiale, je l'ai lu plutôt comme l'histoire d'une terre qui retient les hommes, les empêche de partir et de se construire ailleurs. Une terre aride, dure à travailler, qui ne se livre pas, comme en font l'expérience ceux qui veulent travailler les oliviers. Liés par le sang et par la terre, les Scorta ont pourtant tenté de partir, de fuir en Amérique pour une nouvelle vie. Mais le destin les a rattrapés et, toujours, les a ramenés à Montepuccio où tout a commencé.

Ce roman est aussi l'histoire d'un clan comme l'explique Domenico à son neveu: "Tu n'es rien Elia. Ni moi non plus. C'est la famille qui compte (...) Les Scorta, ça, c'est quelque chose (...) Tu as une dette désormais. une dette envers ceux de ton nom". En disant cela il scelle le destin du garçon qui, à son tour, fera la terrible expérience de la souffrance, de la folie qui s'insinue lentement  en l'homme mais qui est aussi l'héritage des Scorta.

La fin apporte en même temps qu'un espoir, un renouveau. Anna, fille d'Elia sera peut-être celle qui brisera les chaines. Mais la suite ne le dit pas et l'on referme le livre en pensant à cette famille, née d'une erreur, maudite et battante, dont Carmela raconte l'histoire . Car le roman est bâti sur une alternance de récit et d'un monologue dans lequel Carmela, fille de Rocco, se livre, fait entendre sa voix au crépuscule de sa vie,mais aussi celle des Scorta, revient sur les secrets, les erreurs, pour enfin exorciser le mal. En même temps , s'adressant au prêtre, elle lui confie un dernier mensonge car seul compte l'honneur des Scorta.

L'écriture est belle, juste. Les mots sont recherchés pour exprimer l'essentiel et donner à voir la terre des Pouilles, le caractère bien trempé de ses habitants, l'intolérance et l'esprit de clan. On entend les accents du Sud de l'Italie jusque dans sa cuisine, savoureuse, riche, colorée. A la fin de leur vie, d'ailleurs, les frères Scorta se remémoreront ce jour où Rafaelle les convia dans le trabucco et où tous s'attablèrent autour d'un merveilleux repas, la famille réunie pour la première fois, toutes les générations à table, oubliant la malédiction de Luciano, fiers d'être ensemble, "Après une vie entière, c'est le souvenir le plus beau de tous".

defi Laurent Gaudé

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