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Les mains de Dieu, Ludovic Rosmorduc, éditions J'ai lu, 2014, 377 pages

Genre : roman d'aventure historique

Thèmes : croisade, hérésie, quête, croyances ...

L'auteur en quelques mots...

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Tourangeau passionné de Moyen âge et d'histoire, Ludovic Rosmorduc est un statisticien, mathématicien de formation,  tombé par passion dans l'écriture. Ses rêves d'enfants l'ayant conduit sur les pas du Merveilleux,entre Dordogne et languedoc, il fait évoluer ses personnages dans un cadre médiéval fantastique ( récits jeunesse : L'Héritière du temps (2011), Le Tertre des âmes (2011), Trahison et faux semblants (2012)). Pourtant, dans Les mains de Dieu, l'écriture et le cadre historique invitent le lecteur adulte. Nourri de récits comme les Piliers de la terre de Ken Follett ou Les cathédrales de la mer de Ildefonso Falcone, Ludovic Rosmorduc nous entraine ici dans une quête, une aventure historique.

Mais je n'en dis pas plus et lui laisse la parole ( en fin de billet)

L'histoire:

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Carcassonne

1215. Quatrième concile du Latran. Le pape Innocent III réunit ses fidèles afin de consolider la chrétienté et réaffirmer le pouvoir papal menacé par les ambitions des empereurs et des rois. Dans ce contexte où l'hérésie cathare se développe, les décisions prises lors de ce concile signeront l'arrêt de mort des albigeois, condamnés à être livrés au pouvoir séculier.

Jehanne, jeune femme d'une quizaine d'année, a vu sa famille décimée en 1209 lors de la croisade contre les albigeois proclamée par l'Eglise. Recueillie par une famille bienveillante qui ne pourra lui assurer un avenir bien long, elle se retrouve dans une maison close, contrainte de livrer son corps au plaisir de clients plus écoeurants les uns que les autres, à l'image de ce religieux au regard lubrique. Pourtant, mue par une volonté farouche d'échapper à ce destin, elle fuit et est hébérgée par un vieil érudit, collectionneur de livres et agnostique, Théodore d'Havricourt.

Au même moment, un frère Dominicain parvient à Carcassonne, alors aux mains de Simon de Monfort. Que cherche cet homme , intrigué par la bibliothèque dans laquelle travaille le copiste Barnabé ? Ses propos orientent sa quête vers des ouvrages hérétiques que le copiste s'empresse de cacher, mettant sans le savoir Théodore et Jehanne en grand danger.

Commence alors une fuite désespérée qui se meut peu à peu en quête pour ce duo improbable ...

" (...) si tout comme un homme, un livre peut décevoir, il ne pourra en revanche jamais faire de mal" (...) Théodore n'était pas tout à fait d'accord. De son avis, certains écrits pouvaient causer de grands maux ..."


En vrac et au fil des pages ...

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Conques

Quel plaisir de lire un récit documenté et dont le style reflète l'esprit d'une époque et plonge, d'emblée, le lecteur dans ce XIII°S tumultueux.

Le duo improbable constitué d'une jeune femme au caractère fort et d'un vieux sage, collectionneur de livres, apporte une touche particulière à ce récit dont le cadre historique est bien campé. Pourtant le lien qui les unit est aussi celui de la chair, diable de Theodore qui ne résiste pas à la jolie frimousse de Jehanne ! Une familiarité, une proximité qui se voudra paternelle , unit ces deux là pour le meilleur et pour le pire. Mais Jehanne est aussi une belle femme qui fait tourner les esprits, ce dont le vieil homme est conscient et qui l'aidera à passer un cap, revenir sur des événements de son passé, aider Jehanne à avancer. J'ai trouvé la demoiselle indifférente ou peu touchée par certains événements que je ne peux révéler jusqu'à ce que je me souvienne de son âge et du parcours initiatique que constitue son périple aux côtés de Theodore. le lecteur ne lui reprochera donc pas trop de se laisser entrainer sur le chemin du péché ! Théodore est quant à lui un savant en avance sur son temps qui n'hésite pas à livrer ses découvertes et avancées, comme cette méthode de calcul révolutionnaire qui permet de ne plus s'appuyer sur les abaques. Une sagesse novatrice qui va dans le sens du progrès.

On se prend d'amitié poiur ces personnages même si chacun porte un côté sombre comme le passé de Théodore qui nous le rend désagréable ou décevant à un moment, passionné qu'il est par la quête et oublieux de ce que devrait être son mea culpa. Mais on lui pardonne bien vite tant son enthousiasme est grand.

Il appréciera que le mystère vienne d'un livre et que le voile se lève peu à peu sur une intrigue codée, faite d'indices que seul un érudit peut résoudre, ceci pour le côté aventureux qui leur apportera la compagnie d' un chevalier, gaillard au coeur d'or , et d'un troubadour.

Le tout est porté par l'Histoire, une Histoire que je connais bien puisque j'ai vécu dix ans à Carcassonne, région fourmillant de châteaux ici nommés (Peyrepertuse où vit Guillaume) et reconnus comme hauts lieux du catharisme. La croisade qui décime les albigeois n'est pas développée outre mesure mais se présente ici comme une toile de fond. L'ordre des dominicains, récent, commence son oeuvre et les mains de Dieu envoyés par le pape cherchent à mettre la main sur l'élément clé qui pourrait mettre à mal la chrétienté telle que pensée par l'Eglise.

L'écriture, comme dit plus haut, sous tend un récit bien construit par une érudition qui ne s'impose pas . La maitrise de la langue et le travail fourni, pour qu'aucun anachronisme ne vienne choquer la lecture, est à noter.

La chronique de Licorne


Petit plus ..

Licorne et moi-même nous sommes livrées à une petite interview de Ludovic Rosmorduc que je remercie encore chaleureusement pour avoir répondu si vite et de façon si complète, apportant ainsi à son roman un éclairage que lui seul pouvait donner.

Mes petites questions

 J'ai tout d'abord été interpellée par le lieu, que je connais bien comme je vous l'ai dit. Les environs de Carcassonne et l'histoire de ce lieu vous interpellent-ils ou bien cherchiez-vous simplement un cadre pour votre récit ?

 

On va dire qu’il y a un peu des deux !

J’avais envie de m’essayer à un roman adulte sur fond historique, pour changer un peu de mes précédents romans, orientés fantasy jeunesse. Cependant, au départ je n’avais pas d’idées précises sur le lieu dans lequel se déroulerait l’action.  Une seule chose était sûre,  cela se passerait au XIIe ou XIIIe siècle. Cette période de l’histoire m’a toujours fasciné, aussi bien par le peu que j’en connais (je en suis en aucun cas historien et mes connaissances sont donc plus que lacunaires), que par sa propension à nourrir mon imaginaire. En cela je rejoins totalement Carole Martinez qui, dans son roman « Du domaine des murmures » faisait dire à son héroïne du XIIe siècle à peu près ceci : Tu ne peux pas te rendre compte, lecteur, combien notre époque est perméable au merveilleux. C’est exactement ce que j’ai toujours ressenti. Pour moi le merveilleux ça n’est pas ailleurs dans l’espace mais ailleurs dans le temps. Dans notre propre passé. Les hommes et les femmes du douzième siècle croyaient au merveilleux, il faisait intégrante de leur vie et, de ce fait, existait réellement.

Pour revenir à la question, l’idée du lieu où se déroulerait l’action m’est venue plus tard, tandis que je mûrissais le projet. Enfant, j’avais passé plusieurs fois des vacances dans la région, les balades dans Carcassonne et, bien sûr, dans certaines forteresses cathares environnantes, m’avaient comme tant d’autres, captivé. Les histoires racontées durant les visites guidées m’avaient marqué, et je me plaisais même déjà à m’en inventer d’autres une fois revenu de ses visites. J’ai donc bien vite compris que je tenais là l’arrière plan naturel pour planter le cadre du roman que je voulais construire. Il me ne restait donc plus qu’à lire des ouvrages sur cette période de l’histoire pour me rafraîchir la mémoire, me mettre dans l’ambiance et… me lancer !

 

 L'histoire des Cathares fascine en général, néanmoins une part de mystère plane sur cette communauté sur laquelle on a beaucoup écrit. Quelles lectures ou rencontres ont orienté vos recherches et votre récit ? J'ai retrouvé dans votre texte la même part d'inconnu dans la mesure où vous n'entrez pas dans le détail de la vie des albigeois, du choix de leur religion, est-ce voulu ?

 

Plusieurs questions en une !

Comme je le disais plus haut, ce sont les visites effectuées enfant, durant  mes vacances, qui m’ont poussé à choisir de planter mon récit dans le Languedoc pendant la période de croisade contre les albigeois. Ensuite, comme vous le dites, beaucoup de choses ont déjà été écrites sur le sujet. Je n’ai donc eu aucune peine à me documenter. Je suis simplement allé en librairie acheter quelques ouvrages. En fin de roman j’ai listé ceux qui m’ont servis. On y retrouve notamment Michel Roquebert et Anne Brenon, des spécialistes de cette période.

Pour répondre à la deuxième partie de la question, je ne suis pas entré il est vrai dans les détails concernant la vie des albigeois. Comme je l’indique en préambule du roman, je ne suis pas historien ni médiéviste, je n’avais donc ni les compétences, ni l’envie d’ailleurs, d’écrire un roman purement historique. Je voulais plus modestement écrire un roman d’aventures mais sur un fond historique réel afin de lui donner plus de crédibilité.

Il m’est souvent arrivé de lire des romans d’aventures historique et, parfois, j’ai trouvé le côté historique un peu trop approfondi, un peu trop professoral surtout que cela ne servait pas forcément le récit. Je voulais éviter cela. J’ai donc simplement essayé de trouver le bon dosage entre actions et informations. Un lecteur ne connaissant ni les lieux ni la période trouvera peut-être mon roman riche en éléments historiques, tandis qu’un connaisseur, comme vous l’êtes, trouvera cela plus « survolé ». L’équilibre n’est pas aisé à trouver.

Pour résumer, et comme je le dis en tout début de roman, je me suis documenté pour rendre le background le plus crédible possible, j’ai fait au mieux pour que les éléments historiques s’insèrent de façon naturelle, qu’ils aient un lien direct avec l’action, mais mon but premier était de distraire le lecteur avec une histoire et des personnages fictifs, non de l’instruire. Maintenant, si certains apprennent des choses et que cela leur donne envie d’approfondir le sujet en lisant des livres de spécialistes, tant mieux !

 

 Comment sont nés vos personnages ? Jehanne, femme forte et fragile à la fois, Théodore, physiquement démuni mais mu par une quête qui le transcende...

 

En me lançant je n’avais pas d’idée précise sur les personnages. J’avais le cadre historique, et aussi, depuis déjà longtemps, l’idée du « trésor » après lequel courent nos héros.

Dans mes romans jeunesse je mettais davantage l’accent sur l’histoire, l’action, le suspens, que sur les personnages. Je voulais, cette fois-ci, mieux équilibrer l’ensemble. L’idée qu’un des personnages principaux soit âgé, au terme de sa vie, était cependant naturelle. Je l’avais survolée dans deux de mes romans, sans m’appesantir étant donné le public visé. En me lançant dans un récit adulte j’avais l’occasion d’approfondir davantage. D’autant plus que cela faisait écho à la quête dans laquelle les héros allaient se lancer, mais je n’en dit pas plus pour ne pas spoiler !

Le personnage de Théodore s’est donc peu à peu précisé dans mon esprit et j’ai vite vu qu’il me permettrait des digressions, des réflexions sur la vie, la mort… Bref, je pressentais que j’aurai matière à créer un personnage riche et fort. En en faisant également un grand amateur de livres, là encore pour faire le lien avec l’objet de la quête, l’idée m’est venu qu’il soit érudit et athée.

Pour prendre le contre-pied, je me suis dit que le second personnage principal serait tout le contraire, quelqu’un de jeune, de sexe féminin, croyante. Comme le roman s’inscrivait dans la période de croisades contre les albigeois, quoi de mieux que d’en faire une albigeoise ! L’idée m’est alors venue d’une jeune femme tout d’abord fragile, née dans un monde trop dur pour elle, et qui, peu à peu, va comprendre que le seul moyen de survivre est de se montrer dure à son tour. Inexpérimentée de tout sauf du malheur au début de roman, elle va ensuite découvrir de façon accélérée en raison des événements qui se précipitent, l’amitié, le désir, l’amour… bref, la vie quoi ! 

Ainsi Jehanne et Théodore étaient nés dans ma tête, restait à les faire naître sur le papier et à les entourer de mystérieux dominicains !

 

 L'incipit de votre récit semble orienter le lecteur sur la piste d'un récit fantastique      (les ombres qui s'échappent de l'église) que l'on ne retrouve pas par la suite. Avez-vous été tenté, à un moment, de mêler les genres ?

 

Je ne voulais pas orienter le lecteur sur la piste du fantastique dans ce prologue. Les ombres qui s’échappent de la basilique n’étaient dans mon esprit que des silhouettes encapuchonnées. Je voulais créer le mystère, pas le fantastique.

Mea culpa !

En fait ce prologue était là pour mettre le lecteur dans l’ambiance tant du point de vue historique avec le concile du Latran et ses conséquences, notamment la volonté réaffirmée de l’Église mettre fin aux hérésies, que du point de vue de l’intrigue avec donc ces mystérieux personnages s’échappant de la basilique au moment précis où débute le concile.

Cela étant, en cours de récit, je me suis effectivement permis une petite incursion dans le fantastique, ou au moins l’ésotérique, avec le frère Norbert, un dominicain doté de quelques pouvoirs occultes

Mais je confirme cependant que l’idée était vraiment d’écrire un roman plausible, sans fantastique, mais propice au rêve et au merveilleux, comme l’est, je trouve, cette époque.

 

 Les données historiques sont bien présentes dans votre écrit et parfaitement intégrées au texte, à l'intrigue. Il est toujours difficile de ne pas couper l'élan de l'histoire lorsqu'on rapporte des faits historiques. Comment avez-vous travaillé cet aspect de votre roman ?

 

Merci pour ce joli compliment qui me touche vraiment d’autant que c’est exactement ce que j’ai essayé de faire. Cela rejoint un peu ce que j’évoquais en question 3. J’ai lu bon nombre de romans d’aventures historiques et, dans certains, j’ai ressenti exactement ce que vous dites. Des passages historiques, intéressants bien sûr, mais alourdissant l’ensemble car trop peu connectés au récit, à l’action, à ce que vivent les héros. J’ai donc toujours essayé de garder à l’esprit que si je distillais des informations historiques ces dernières devaient absolument avoir un rapport direct avec l’histoire. Voilà pourquoi je ne suis pas entré dans les détails (ce qui a pu vous laisser sur votre faim, vous qui connaissez bien le sujet), pour m’en tenir à des événements qui influaient ou expliquaient ce que vivaient les héros.

Pour cela, en amont du travail d’écriture, j’ai lu plusieurs ouvrages, pris des notes, afin que les références historiques me viennent naturellement à l’esprit en même temps que se construisait l’intrigue du roman. Il est même arrivé, une ou deux fois, qu’un de ces événements historiques me donne une idée, oriente le récit dans une direction que je n’aurai peut-être pas envisagée.

Bref, j’ai essayé de faire en sorte que, dans mon esprit, les faits réels et ceux inventés se combinent, afin que sur le papier tout semble "couler de source".

 

 On a beaucoup glosé sur le trésor des cathares. D’où vous est venue l’idée d’en faire… ce que vous en avez fait ?

 

Merci d’éluder pour ne pas "spoiler".

Comme pour les Templiers ou les Hospitaliers, on a en effet beaucoup parlé d’un « trésor Cathare ». Mythe ou réalité ?

Peu importe à mon avis.

 Je crois que nous avons tous besoin de rêver, de nous inventer des histoires, des quêtes merveilleuses, comme si, quelque part, dormait encore en nous l’enfant que nous étions. Enfin en ce qui me concerne, c’est le cas. Donc l’idée du supposé trésor des Cathares me semblait à intégrer dans l’intrigue. Je voulais cependant en faire un trésor vraiment énorme et singulier. Je voulais qu’il soit au-delà de ce que nos héros, et j’espère le lecteur, pourrait imaginer. Je voulais également qu’il soit propice à réflexion, sur la mort, la vie et le sens à y donner. Cela collait parfaitement avec une idée que j’avais en tête depuis déjà longtemps, mais pour laquelle je ne me sentais pas encore prêt à intégrer dans un récit.

Difficile de s’étendre davantage sans révéler la nature de ce trésor et gâcher la lecture de ceux qui liront cette interview sans connaître le roman.

 

 La fin ouverte laisse-t-elle supposer de nouvelles aventures pour Jehanne ?

 

Jusqu’à présent je n’ai écrit que des "one shot" comme ont dit. Deux raisons à cela. La première est que mes histoires s’y prêtaient bien, la seconde, plus terre à terre, est que signer un contrat d’édition n’est pas chose facile. Tant que l’on pas fait ses preuves en tant qu’auteur, j’entends par là tant que l’on a pas à son actif un bouquin qui s’est bien vendu, il est plus difficile de convaincre un éditeur de signer pour une série que pour un "one shot". En effet, un éditeur sera plus réticent à s’engager sur plusieurs volumes que sur un seul avec un auteur dont il ne sait pas si le premier volume marchera. Voilà pourquoi, sur mes précédents romans comme sur celui-ci, il n’y a pas de suite.

Bien, sûr, il serait tout à fait possible d’en envisager une, cela n’est toutefois pas d’actualité pour l’instant. Mais sait-on jamais, si d’aventures ce roman est amené à rencontrer un peu de succès, peut-être cela sera-t-il à reconsidérer ?

 

 

Merci Nathalie de m’avoir proposé ce petit jeu de l’interview, je trouve qu’il est toujours très agréable de pouvoir échanger ainsi avec le lecteur et de connaître son ressenti, ses questionnements... J’espère en retour, avoir répondu à vos interrogations ! 

 

Les questions de Licorne

 J’ai cru voir un peu de vous dans le frère comptable, cellérier de son état, n’êtes vous pas dans les chiffres vous-même ?

 

Alors la réponse est dans l’ordre non et oui !

Oui je suis dans les chiffres, mais statisticien, non comptable, deux disciplines pour moi assez différentes. J’ai une formation en mathématique théorique, et suis venu aux statistiques en toute fin de parcours universitaire, car cela m’ouvrait plus de débouchés. Je ne me suis donc pas identifié au frère cellérier, ni pour ce qui est de sa fonction de religieux ni pour sa fonction de comptable. Je me sens bien plus proche de Théodore, non pas que je lui ressemble, plutôt parce que, plus jeune, j’aurai aimé être, comme lui, un grand esprit scientifique en avance sur son temps !

 

 De même votre récit est très carré, on sent à travers votre écriture la précision d’un récit piloté selon un plan bien précis. Est-ce le cas, comment procédez-vous pour écrire de manière générale et quelles sont vos petites manies d’écrivain.

 

Alors je vais me montrer contrariant, mais en fait je n’élabore jamais de plan avant de me lancer dans une histoire ! Au départ, ce qui me pousse à écrire, c’est une idée, une ambiance. En l’occurrence pour ce roman-ci, c’était l’envie de m’essayer à un roman d’aventures historique, car je n’avais jusque là expérimenté que le « fantasy jeunesse ». J’écris donc en me laissant guider par l’inspiration, qui vient au fur et à mesure que les mots s’assemblent, m’entraînant sûrement dans des directions différentes que celles empruntées si j’avais élaboré un synopsis en amont. Je ne fais pas de plans pour deux raisons. D’une part pour moi l’écriture est un loisir, qui m’aide à me ressourcer au sortir d’une journée emplie de graphiques, tableaux et programmes informatiques. Avoir à rédiger une trame qu’il faudrait respecter par la suite me rebute, je me sentirais « prisonnier ». D’autre part, je crois que les idées me viennent plus naturellement si je ne les cherche pas. Cela me permet aussi de prendre davantage mon temps. Si je savais précisément quelle direction  prendre, j’irai en ligne droite (sûrement mon côté cartésien pour le coup !) et cela ne conviendrait pas forcément au récit. Voilà pourquoi je fonctionne à l’instinct. Il faut admettre que mes romans s’y prêtent aussi, cette méthode ne fonctionnerait pas si je devais écrire un polar alambiqué !

Pour autant, même si je ne dresse pas de plan, je ne laisse pas l’inspiration tout diriger et essaie bien sûr de conserver une cohérence dans le récit. Peut-être est-ce d’ailleurs mon esprit plus cartésien qui me permet de fonctionner ainsi, je sais que certains auteurs, à l’inverse, ont besoin de faire un plan en amont, quelle que soit l’histoire dans laquelle ils se lancent.

 

J’ai assez peu de manies d’écrivains, mais elles sont cependant tout à fait indispensables ! D’abord je n’arrive à écrire que chez moi, bien installé à mon bureau. Si je ne suis pas dans mon petit cocon, ça ne va pas ! Il faut aussi une musique d’ambiance en fond sonore (musique médiévale, classique, en passant par Enya ou des musiques de jeux vidéos médiéval fantastique très réussies comme Oblivion ou Skyrim). La musique est-elle aussi indispensable, affronter une page blanche est difficile, je serai incapable de le faire dans un silence de mort ! Suivant l’heure à laquelle j’écris, je peux aussi accompagner les phrases d’un petit café ou d’un bon vieux whisky écossais !

 

 J’aimerais savoir ce qui vous attire dans cette période moyenâgeuse.  On retrouve ce même univers dans vos romans fantasy. Continuerez-vous dans ce style ou un autre genre vous attire peut-être ?

 

J’ai découvert l’ambiance moyenâgeuse qui m’inspire vraiment, lorsque j’étais enfant. En même temps que je passais mes vacances d’été en Dordogne ou dans le Languedoc, régions riches en châteaux forts, en histoire, en rumeurs de batailles, j’ai découvert les jeux de rôles, les livres dont vous êtes le héros… Ainsi donc dans ma tête, la vraie Histoire et les histoires imaginaires se mélangeaient, mais toutes deux avaient pour cadre le moyen-âge. Cela m’est resté et voilà pourquoi j’ai fait mes premières armes en tant qu’écrivain avec pour toile de fond un monde médiéval. Dans les Mains de Dieu, j’ai voulu rendre cet arrière plan plus réel, en ancrant l’histoire dans notre monde, dans notre propre passé. Davantage donc que des auteurs, ce sont au départ des lieux et des jeux qui m’ont amenés à la fantasy, au médiéval. Aujourd’hui j’aime me plonger dans de gros romans d’aventures historiques parmi lesquels je citerai notamment Les piliers de la terre et la cathédrale de la mer.

 

J’ai effectivement un projet en cours, toujours dans le même univers, mais ne sachant pas si je viendrai au bout, ni s’il trouvera preneur je n’en parle pas davantage.

Sinon j’ai trois autres romans terminés, dans des genres assez différents.

Tout d’abord un roman jeunesse tournant autour du thème des pirates, des chasses au trésor, qui a aussi bercé mon enfance. Ce roman devrait voir le jour en octobre/novembre prochain aux éditions du Riez.

J’ai également terminé un roman destiné aux plus jeunes (10-12 ans) mais qui pourrait aussi bien plaire aux adultes, intitulé Victor. Ce court roman raconte l’histoire de Victor donc, un jeune garçon un peu fâché avec l’école et qui va croiser la route d’une petite fille handicapée. Une rencontre qui va changer la vie de ces deux héros. Il est encore un tout petit peu tôt pour révéler quand, et chez qui sortira ce roman.

Enfin, dernier roman achevé et encore en soumission chez différents éditeurs, intitulé pour l’instant « Une dernière valse ». Ce roman raconte l’histoire d’un vieil homme de 99 ans, vivant seul depuis la mort de sa femme, et dont la plus grande peur est de devoir finir ses jours en maison de retraite. Une jeune femme va soudain faire irruption dans sa vie, bousculer ses habitudes, ébranler ses certitudes. Au crépuscule de sa vie, le vieil homme va découvrir qu’il n’est jamais trop tard pour faire des rencontres, trouver l’amitié, peut-être même l’amour. Bref, il va s’apercevoir qu’il n’est jamais trop tard pour vivre !

 

Voilà donc des projets différents, mais qui ne vont sûrement pas m’empêcher de revenir prochainement à mes « premières amours » que sont les aventures moyenâgeuses et épiques !

Merci d’abord de m’avoir lu, et ensuite d’avoir voulu en savoir un peu plus par l’intermédiaire de ce petit questionnaire.

 

Merci à vous pour ce roman passionnant !

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