Mon Japon, Michèle Lasseur, Sylvain Grandadam
Mon Japon, textes de Michèle Lasseur, photos de Sylvain Grandadam, éditions Petit futé
Genre : documentaire
" Comment ne pas tomber sous le charme de ce pays (...) où les habitants sont polis, où les femmes sont douces, devant ces foules besogneuses et souriantes qui aspirent à un pmode de vie ultramoderne ? Mais une fois gratté le vernis de politesse, on se demandera : qui sont ces japonsais qui au premier jour de l'an montent en silence de Harajuku au temple Meiji à Tokyo, jettent leur obole et se retirent ..."
Dans ce documentaire, les auteurs offrent un regard personnel sur le Japon. Il débute par une superbe photo du temple Kinkaku-ji, à fleur d'eau, où viennent se recueillir jeunes ou plus âgés qui emporteront un souvenir de leur visite, le cachet de Kinkaku - Ji avec le nom écrit au pinceau...
On évoque ici le roman de Mishima, le Pavillon d'or, et le ton est donné. La visite des temples peut commencer : le sanctuaire shintoiste de l'île Itsukushima, une île sur laquelle la coutume voulait que personne ne naisse ni ne meure, le sanctuaire shînto Heian devant lequel s'élèvent des arbres de papier porteurs de divination (omikuji)
Les omikujis sont vendus à l'entrée des temples. Accrochés à un arbre ou un panneau ils soulignent la malchance. ". les kamis peuvent ainsi conjurer le mauvais sort et éviter que l'oracle ne se réalise". Les japonais demandent à leur kami de les protéger contre la maladie ou de réussir. On écrit alors un voeu au dos d'une plaquette en bois (ema) portant un cheval, un coq ou une calligraphie
Les symboles forts du Japon sont mis en valeur par de superbes photos de Sylvain Grandadam
Au fil des saisons le paysage s'anime, se colore, change. Erables et cerisiers invitent à la poésie et au recueillement. "Ce sont les pruniers qui fleurissent d'abord et donnent le signal du printemps", puis ce sont les cerisiers et en quelques jours tout devient rose. Anecdote amusante : le bulletin météo annonce chaque jour l'avancée de la floraison, du Sud eu Nord. Ephémère, la floraison dure environ cinq jour. pour cela la fleur de cerisier est associée au Samourai, "sa vie est brève et la pluie des pétales évoque la mort glorieuse du samourai".
Le rouge vermillon est présent à l'entrée des sanctuaires. Toutes les couleurs du Japon ont été recueillies dans ce livre.
Mais l'on y trouvera aussi la grande ville, moderne, plus froide. Le contraste est d'ailleurs saisissant. Tokyo.Ici les rues n'ont pas de nom, on circule à l'oeil. L'architecture moderne est très présente dans tout le japon mais Tokyo, de verre et de métal, étonne. "Tokyo est l'avant-garde du développement architectural". La ville, de nuit, prend un nouveau visage, tout de néons colorés.
C'est aussi un monde d'excentricités où l'on retrouve de jeunes japonaises comme happée par un manga...
D'un style à l'autre, il y en aura pour tous les goûts dans cette ville où chaque coin de rue offre des tentations en tous genres. Kawai (mignon) ! Même les toutous sont ornés de bijoux, gilets ...
Le Japon est aussi le pays des conventions. "Il est impensable de voyager sans carte de visite (meishi) qui détermineront le comportement des interlocuteurs". Les hommes d'affaire courent et les barrières hiérarchiques ne tombent que le soir , dans un bar, autour d'un verre. Ne pas montrer ses sentiments donne parfois une apprence de froideur, de distance.
Pourtant les enfants et les grands aiment rire autour du Kamishibai-san, conteur autour d'un théâtre de papier. Tour à tour ogre ou dragon, il vend ses bonbons et illustre ses histoires. De façon générale le théâtre est un art sacré au Japon, à commencer par le Nô qui joue sur l'esthétique et se rapproche de la cérémonie religieuse. Au moment des cerisiers en fleurs, les maikos monteront sur scène dans de superbes kimonos.
"A 18h, dans les ruelles du quartier de Pontochô ou de Gion", les maikos sortent des maisons de thé, telles des poupées juchées sur des socques de 15 cm de haut. L'ouvrage présente alors la cérémonie du maquillage des maikos qui peut durer trois bonnes heures afin que leur teint devienne blanc laiteux. Il faut à une maikos conq années d'apprentissage avant de devenir une geisha ou geigi. Les jeunes filles décident de "devenir maiko vers 15 ans,(...) c'est jne profession de foi".
Des personnages hauts en couleur, comme les sumo ...
Le livre nous parle aussi d'Histoire, de l'ère Meiji, de l'art japonais du tatouage Mais je voudrais finir sur une note poétique autour d'un jardin japonais, comme le jardin blanc du Daisen-in à Kyoto. C'est un jardin que l'on contemple et qu'un jardinier entretient avec soin à l'aide d'outils traditionnels.
Si l'on finissait cette lecture par un thé matcha , "récolté début Mai dans la campagne d'Uji"? La cérémonie du thé est régie par quatre règles : pureté, tranquillité, respect et recueillement"; il faut être initié pour en percevoir toute la sensibilité . C'est auprès de Mme Furokawa que l'on observera ce rituel rigoureux, "Il conviendra de féliciter l'hôtesse sur la couleur, la saveur et l'odeur de ce thé délicieux".
Un joli livre qui fera aussi un beau cadeau ...