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On ne peut pas lutter contre le système, J Heska, auto édité, 2012
Genre : thriller
Thèmes : écologie, OGM, mondialisation
 
L'auteur en quelques mots ...
 
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"Comme tout « artiste », je pense que l’envie d’écrire vient du besoin vital d’expulser des idées d’un esprit trop encombré, afin d’éviter la schizophrénie. Mais paradoxalement, mon goût de l’écriture n’est venu que peu après mon adolescence. Et j’ai vraiment commencé à écrire de manière professionnelle à la fin de mes études, après quelques rencontres littéraires qui m’ont donné le goût de mots.
Pour les influences, c’est assez simple : j’ai grandi dans les années 90. J’ai été élevé à la B.D., au cinéma à grand spectacle (Indiana Jones, Retour vers le futur, Star Wars, etc.), à l’Internet naissant et aux romans d’action « tout en muscle », avec une prédilection pour le genre S.F. Je m’inscris donc dans cette époque sans complexe et n’hésite pas à piocher à droite à gauche des petits clins d’œil qui vont nourrir à la fois l’histoire, mais également la narration en elle-même. C’est pour cela que je m’amuse souvent à me définir comme un écrivain « nouvelle génération » : point de veste en tweed, de pipe et d’intégrale de Kant dans ma manche ;-). Un gars qui veut raconter des histoires sympa sans complexe, c’est tout."
 
 
 
L'histoire : Et si on commençait par la fin ? Assaut de la compagnie HONOLA, compagnie agro-alimentaire et biologique,  par les forces de l'ordre suite à la chute du groupe commercial. L'immeuble est assailli. Les marchés mondiaux s'écroulent. Dans ce tumulte Laurence Newton , une des têtes d'HONOLA, revient sur sa vie, son parcours , ce qui l'a mené jusque là.
Quelques semaines auparavant un petit groupe d'opposants militant pour Greenforce a découvert le pot aux roses dans l'une des annexes d'HONOLA : un rapport compromettant qui pourrait mettre à mal les agissements du grand groupe financier. Ce qui aurait pu n'être qu'un grain de sable va alors prendre des proportions inattendues. Les fameuses semences OGM présentées comme miraculeuses et capable d'abolir la faim dans le monde mais aussi de subvenir aux besoin en carburant, ont fait des dégâts en Ouganda, laissant des populations affamées et démunies. De loin, Laurence Newton, ex compagnon de Clara et anciennement membre de Greenforce, observe les trois amis. Aujourd'hui tout les sépare. Pourtant , quelques années plus tôt, tous luttaient contre le système pour un monde meilleur.
Alors que Laurence tente de maintenir sa place au sein de la société de son père, face à une PDG despotique et insensible, Clara mène une bataille personnelle contre HONOLA. A la veille du Grenelle de l'Agriculture qui pourrait changer les modes de vie et orienter la politique vers une préservation plus grande de l'environnement, chacun lutte pour ce en quoi il croit. Emportés par des révélations plus frappantes les unes que les autres et alors que le compte à rebours a commencé, le petit groupe de Greenforce se rendra en Ouganda, où des guerres intestines déciment des villages entiers, à la rencontre de Samson Binda.
Corruption, violence, domination gangrènent la société. Mais les apparences sont parfois trompeuses et l'ennemi n'est pas toujours celui que l'on croit ...
 
En vrac et au fil des pages : voici un roman mené tambour battant ! Impossible de s'ennuyer tant le rythme imposé au lecteur est dense. L'histoire est riche et documentée mais, contrairement à une précédente lecture à laquelle je reprochais une accumulation de faits à la manière d'un exposé, ici le sujet est traité avec finesse.
Et c'est un sujet brûlant : la place réservée aux OGM, le lobbying de certaines compagnies, les revers de la mondialisation. Peu ragoûtant me direz-vous ! Vous avez tort. Cela se lit d'une traite. Il faut dire que les ingrédients sont là : des personnages attachants et convainquants que l'on peut tout à fait imaginer militant pour Greenpeace, une intrigue qui ne cesse de dévoiler de nouveaux éléments , proposant ainsi au lecteur une nouvelle approche, une histoire d'amour tout de même ( et les fleurs bleues comme moi de se poser la question : mais enfin va-t-il les réunir oui ou non ?) et une fin ... Là je ne peux rien dire mais j'avoue que le dernier chapitre est surprenant (et pourtant je vous ai bien dit que l'on commençait par la fin !). Ajoutez à cela quelques malversations que l'on ne trouve malheureusement pas uniquement dans un polar (nous avons tous en tête les dégâts générés par des semences OGM en Inde par exemple) et vous passerez quelques bonnes soirées !
On retrouvera des réflexions entendues au cours de repas animés ! "Et toi, tu crois trop à tes conneries. On ne change pas le monde en hurlant sur des flics lors des manifestations. Quelles actions menées ont abouti à du concret ? Les gens se foutent royalement des déchets nucléaires et de la disparition des ours polaires tant qu’ils peuvent s’acheter des DVD ! On ne peut pas lutter contre le système ! " et qui font bondir ! hihi !
Le découpage en chapitre propose des allers-retours entre le présent et le passé, dévoilant à la fois la personnalité des protagonistes et les éléments clés de l'intrigue , quelques pages de communiqués télévisés apportent un peu plus de réalisme. J'ai apprécié de me laisser porter par l'histoire, de ne pas toujours avoir vu juste même si j'avais quelques bonnes intuitions au sujet de Laurence Newton par exemple et de retrouver des données politiques que je connais bien malheureusement. Evidemment on peut lire ce roman d'anticipation sans y voir de liens avec notre vie ... hum!
 
Comme vous l'imaginez, j'avais des milliers de questions à poser à J-Heska ! Il faut dire que ce livre voyage d'un blogueur à l'autre et que j'avais hâte de le lire .C'est avec bienveillance que l'auteur a accepté d'y répondre, je l'en remercie encore.
 
Je m'interroge beaucoup sur tes liens avec ce sujet fracassant auquel on ne prête pas assez attention au quotidien : OGM, faim dans le monde, domination.
Bravo, tu m’as découvert ! Je suis en réalité un politicien corrompu qui écrit sous pseudonyme ;-)
Plus sérieusement, je travaille au sein d’un milieu proche du monde politique (même si je n'en fais pas partie, heureusement), je vis au quotidien les recombinaisons stratégiques, les négociations, les chantages, pour arriver à des finalités qui parfois laissent l’intérêt général de côté. Tout cela a énormément nourri ma réflexion personnelle sur le « système » ;-).
En ce qui concerne la finance mondiale et l’environnement, c'est un énorme travail de recherche et de documentation qui m'a pris presque un an. En tant qu’écrivain « observateur du monde », je voulais comprendre les rouages de ces thématiques, qui, je le pense, sont au cœur de nos changements de civilisation actuels. Rien de mieux pour nourrir « l’arrière-plan » d’un roman d’action.
 Ton roman est mené par moments comme un scénario et je n'ai pas eu de mal à visualiser les actions. Une technique cinématographique émane de ton écriture. Voulu ? Il serait facilement adaptable!
L'écriture cinématographique est une marque de fabrique volontaire. Mon rôle d’auteur est avant tout de divertir. Les lecteurs n'ont plus la patience de patienter 350 pages le temps que l'action veuille bien décoller. Il faut que ça bouge !
Toutefois, je ne suis pas partisan d'une écriture scénaristique trop hachée qui se concentre sur l'action et sur les dialogues et appauvrit la langue. Mon "graal" est de trouver la bonne image : pas besoin d'écrire des tartines de descriptions ennuyeuses, une représentation mentale qui touche facilement le lecteur, une immersion immédiate dans l'action, et cela permet de m'amuser littérairement.
Tu écris des Thriller. Qui sont tes auteurs favoris dans ce genre ? J'imagine que tu es aussi un grand lecteur ...
Ho là là, je t’arrête tout de suite ! Je n’ai écrit qu’un seul thriller et je refuse de m’enfermer dans un genre. Mon premier roman était un roman « social », mon second un thriller, mon troisième lorgnera d’un autre côté !
Tu ne t’étonneras pas donc si je te dis que mes romans préférés ne sont pas forcément orientés thriller. J’ai même plutôt un penchant pour la S.F. : Dragon Déchu de Peter F. Hamilton est un must du genre. Sinon, les autres romans qui m’ont influencé sont La Guerre du feu, et la façon très brute de Rosny Aîné de décrire les scènes de combat ; Le meilleur des mondes, de Huxley, où j’ai découvert la construction d’un univers crédible basé sur des principes sociétaux complètement différents ; Band of brothers de Stephen Ambrose (qui n’est pas un roman à proprement parler) mais qui prend d’autant plus de profondeur que les évènements racontés sont véridiques.
Et pour répondre quand même à ta question, côté thriller, j’aime les classiques : Harlan Coben (même si ça tourne un peu en rond : le gars qui est mort-mais-en-fait-pas-vraiment est lassant à force), Ken Follett (Les piliers de la terre est un chef-d’œuvre), Werber (le côté new-age est toutefois un peu agaçant), John Grisham (L’idéaliste est vraiment très bon), Dan Brown (pour le côté pas de temps mort), Vargas, Grangé, Loevenbruck, etc.
Troisième opus : peut-on en savoir un peu plus ? Dans quel milieu évolueront les personnages par exemple ...
Comme tu as pu le constater, je suis un grand fan des thématiques sociales. J’aime parler de la façon dont un groupe / une société / une civilisation peut basculer à un moment ou un autre, s’éteindre, ou évoluer. Pourquoi les gentils ne se feront plus avoir exposait un changement philosophique de civilisation dans un roman généraliste. On ne peut pas lutter contre le système montre comment celle-ci peut s’écrouler dans un thriller.
Le troisième, va donc raconter comment une société se transforme, en lorgnant du côté fantastique… Je ne t’en dis pas plus pour le moment ! Faut bien que je réserve la surprise ;-)
Le fait que tu insères un fond social ou politique, en tous cas actuel, dans tes romans est-il une forme d'engagement, de dénonciation ?
Pas du tout ! Point d’engagement ou de dénonciation chez J. Heska ;-). Pour moi, un artiste est avant tout un observateur du monde qui doit soulever des questionnements. C’est le lecteur qui doit trancher. D’ailleurs, rien ne me fait plus plaisir lorsque j’assiste à des débats contradictoires sur le fond de mon œuvre : ça montre que mon point de vue était suffisamment neutre pour susciter des impressions différentes. Après, je reste un être humain, il y a donc forcément une prise de position à un moment ou un autre, même si j’essaie de gommer cela.
En tout cas, mon but premier est d’offrir une dose d’évasion et de liberté aux lecteurs, pas de bourrer des crânes avec une démonstration idéologique complètement biaisée.
Ecrire en 2012 : pas facile d'être édité. Quelle est ta démarche ? J'imagine que tu as envoyé ton manuscrit à plusieurs maisons d'édition...ou bien crois-tu davantage en l'auto publication ?
J’ai publié mon premier roman, Pourquoi les gentils ne se feront plus avoir, à vrai compte d’éditeur après avoir ramé plusieurs années (envoi de manuscrits, refus, rendez-vous, refus, etc.). Ce fut une expérience intéressante… mais que je ne renouvellerai pas pour tout l’or du monde !
L’édition est un monde particulier, qui, malgré ce que les grands éditeurs peuvent indiquer la main sur le cœur, reste globalement déconnecté de toute démarche artistique. Qu’on vendre du papier toilette ou des livres, c’est la même chose (et encore, je soupçonne le consortium du papier toilette de plus penser au bonheur des acheteurs que les éditeurs).
Quand j’ai décidé de publier On ne peut pas lutter contre le système, j’ai donc voulu le faire selon mes conditions. Je me suis auto-édité. Dans ce domaine, depuis quelques mois, il y a une volonté, des outils (impression à la demande, livre numérique, etc.) et une énergie qui stimulent les démarches. Le tout à des coûts réduits. Par contre, je ne conseille pas ce type d’édition à tout le monde : il faut avoir les reins solides et surtout, être sûr de ses capacités en tant qu’écrivain.
Ton roman et les blogueurs : la critique va bon train concernant les blog de lecture ! Tu as opté pour ce type de communication. Pourquoi ?
Parce que les blogueurs restent le « média » que j’affectionne le plus : des gens passionnés, animés d’une vraie démarche artistique, sympathiques, pas encore blasés et obnubilés par la revente des SP, pertinents, meilleurs chroniqueur que n’importe quel journaliste et surtout, indépendants ! J’aime discuter et débattre avec les blogueurs, c’est une expérience très enrichissante. Que la critique soit positive ou négative, elle est en général constructive et peut même parfois, dans certains cas, influencer ma manière d’écrire.
Mais de manière générale, si je suis beaucoup présent sur le web et auprès des blogueurs, c’est avant tout parce que j’y prends du plaisir. Vendre des livres ne doit pas être un objectif en soi, sinon la démarche est très décevante (le porno amateur, c’est plus rémunérateur ;-) ).
Le mot de la fin
Allons-y pour la promotion ! Vous voulez faire un vrai geste en faveur d’une édition indépendante ? Vous voulez accompagner et mettre en valeur ma démarche d’une littérature accessible, populaire (sans le côté péjoratif) et pas chère ? Achetez mon livre Pourquoi les gentils ne se feront plus avoir (format e-book à seulement 2.99 euros) ici : http://www.amazon.fr/Pourquoi-gentils-feront-avoir-ebook/dp/B008E0ASA0/ref=tmm_kin_title_0 ou mon autre roman On ne peut pas lutter contre le système ici : http://www.amazon.fr/peut-lutter-contre-syst%C3%A8me-ebook/dp/B007Z46FYE/ref=tmm_kin_title_0
Merci beaucoup pour cet échange très sympathique !
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