"Persépolis"Marjane Satrapi

Je profite de la rediffusion ce soir sur Arte, de Persépolis, pour faire un petit billet "coup de coeur" sur Marjane Satrapi.

J'ai découvert cette illustratrice par mon métier. Il faut avouer que Persépolis se prête parfaitement à une séquence littéraire sur l'étude de l'image , l'autobiographie et en même temps , la construction de l'identité. Comment assumer son statut d'exilé ? Comment vivre dans un pays qui ne nous reconnait pas et dans lequel la liberté d'expression est bafouée ? Quelle adolescence sous un régime autoritaire ? C'est ce que nous propose l'illustratrice dans cette série de Bandes Dessinées.

J'ai tout de suite admiré le trait, le dessin en noir et blanc ( en me disant d'ailleurs qu'il n'aurait pu en être autrement) ou plutôt les dessins noirs aux contours blancs ! Comme toujours, et bien qu'elle y ait participé, le film m'a un peu décontenancée de ce point de vue, par les passages en couleur qu'il propose. Cependant l'histoire me touche aussi le reverai-je avec plaisir.

Persépolis, c'est le regard d'une petite fille, Marjane, sur l'Iran d'après renversement du Shah. Les islamistes arrivent au pouvoir et le foulard est imposé à l'école. Marjane se voit devenir prophète mais porte un regard lucide sur les injustices qui l'entourent. Il faut dire que ses parents sont très engagés dans les luttes sociales et politiques de leur pays. Le tome 2 nous entraine dans la lutte contre l'intégrisme, les débuts de la guerre Iran Irak. Les parents de Marjane hébergent alors une famille malienne, réfugiée en Iran. L'auteur y dénonce aussi l'enrôlement des jeunes par les recruteurs. Dans cette atmosphère, Marjane va entrer dans l'adolescence et abandonner ses illusions. Ses parents l'envoient alors en Autriche afin qu'elle y fasse ses études.Le troisième tome raconte son adolescence révoltée à Vienne, l'injustice qu'elle découvre là bas aussi. Se rapprochant d'un groupe de jeune elle va connaitre la drogue et découvrir une doctrine : l'anarchisme. C'est aussi le choc des cultures, l'apprentissages douloureux des sentiments amoureux.Mais après une dépression, Marjane va retrouver le chemin de la foi et reprendre le dessus.Dans le dernier tome, nous sommes en 1988 et Marjane rentre à Téhéran. Elle y découvre les ruines de son pays et un régime autoritaire. Elle découvre combien il est difficile de ne pas se reconnaitre chez soi tout en n'étant pas étrangère. Elle épousera Réza dont elle divorcera très vite. Elle quittera finalement l'Iran pour la France, ne pouvant construire son identité sur sa terre natale.

  Marjane Satrapi avoue avoir été  inspirée dans sa vocation d'illustratrice par Maus, de Spiegelman, qui l'a bouleversée. La diffusion du film Persépolis a entrainé une grande polémique en Iran qui ne voyait pas d'un bon oeil sa diffusion. Malgré cela il reçut plusieurs prix. C'est un plaidoyer pour la tolérance et le respect.

Comments

[Le Cottage de Myrtille]

Je l'ai vu plusieurs fois et j'ai adoré, autant que la bande dessinée. J'aime beaucoup la BO également...

[unchocolatdansmonroman]

Moi aussi je n'ai pu m'empêcher de le regarder encore une fois, surtout qu'un reportage précédait la projection. La suite Valse avec Bachir m'a plu aussi, même si là c'est plus violent ...