"Plus léger que l'air" Joelle Ecormier
Plus léger que l'air, Joelle Ecormier, Azalées Editions, 2003, 232 pages
Genre : roman
Thèmes : ile de la Réunion, deuil, passé/présent, estime de soi, plongée en apnée
L'histoire : Joséphine est une publicitaire brillante qui entretient sa forme en nageant et en plongeant en apnée. Sa vie parisienne défile entre l'attente d'une promotion qui consacrera son talent et une vie amoureuse qui ne la satisfait pas mais qu'elle pense adaptée à sa vie. Aussi le jour où une lettre lui parvient depuis l'ile de la Réunion où elle est née et a grandi, elle ne l'ouvre pas tout de suite, présageant le retour d'un passé qu'elle souhaite occulter. Il lui fait cependant se rendre à l'évidence: elle va devoir y retourner, ne serait-ce que pour vendre la demeure familiale qu'un groupe hôtelier convoite. Ce voyage sera comme une plongée en apnée dans son lourd passé. Les visages attanchants de Madeleine et Léger rythmeront son avancée et les sentiments oubliés ( ou masqués) pour François réapparaitront pour la hanter. Face à son passé Joséphine devra se remettre en question, être à l'écoute, retrouver l'harmonie que l'ile propose.
En vrac et au fil des pages : la construction de ce récit m'a beaucoup plu. Les têtes de chapitres ont été rédigées par un apnéiste, Andy le Sauce, recordman du monde qui a beaucoup voyagé pour assouvir sa passion. Ces petits textes , tantôt explicatifs, tantôt poétiques, toujours sensibles, accompagnent le récit du voyage de Joséphine . Il n'est pas rare de voir un lien entre ce qui est dit de la vie d'un plongeur en apnée, de la discipline qu'il s'impose, de la communion avec la nature qu'il vit, et le déroulement des chapitres dans lesquels, comme un plongeur, Joséphine évolue. Car c'est une plongée dans le passé, dans l'enfance perturbée par deux événements majeurs (le décès de son jeune frère puis l'accident de voiture de ses parents) que nous propose ce roman. Ces têtes de chapitres font l'originalité de l'écrit. Le retour de Joséphine est vécu comme une apnée, a la fois terrifiant et attirant où l'on prend l'air suffisant pour apprécier la descente tout en sachant que l'on ne remontera pas indemne. A plusieurs reprises le fond l'attire et elle y aperçoit le fantôme de son frère, hallucination mais aussi ouverture à l'inconscient.
L'écriture, la vie parisienne, la description d'un personnage happé par son travail, sa passion, m'ont fortement rappelé l'univers que décrit Katherine Pancol dans le dernier tome de la trilogie: Les écureil de central parc s'ennuient le lundi. sans doute le prénom de Joséphine n'sest-il pas innocent dans ce rapprochement. Le style fluide et imagé permet une lecture aisée que l'on goûte jusqu'à la dernière page.
Je dois dire que retrouver des rues connues de St Denis, les paysages du cirque de Mafate, l'évocation de la flore réunionnaise mais aussi des traditions créoles m'a enchantée. Tout cela est noyé dans le récit d'une réunionnaise et trouve donc sa juste place. Le contraste entre la vie parisienne et réunionnaise n'est pas trop accentué car les seules descriptions suffisent à présenter les avantages de l'une et de l'autre. Cependant la nostalgie devant la grande demeure familiale, le personnage attanchant de Léger dans son pliant, le regard bienveillant de Madeleine penchée sur ses brèdes, tout cela dresse un tableau que l'on a envie de découvrir et qui fait le quotidien de la vie créole ici, sur l'ile de la Réunion. Alors même, et surtout, si vous ne connaissez pas l'ile, lisez -le !