http://www.cpmhe.fr/IMG/jpg/photoGGauvinDSC00066.jpgRencontre à la médiathèque de ma commune, à l'occasion de la sortie de deux volumes de la bande dessinée Tambour battant, illustrée par Laetitia Larralde.

 

 

Ma chronique sur le volume 1 de Tambour battant: Bahiya, ICI

 

 

Gilles Gauvin est professeur d'Histoire d'origine réunionnaise. Pour ces deux raisons, la période esclavagiste qui a construit les fondements de l'île de la Réunion ne pouvait que l'interpeler. Intéressant est le choix du

 

support  pour faire passer son message. En effet, Gilles Gauvin n'en est pas à son premier écrit . Après un DEA sur l'histoire des représentations de la Réunion en France entre le XVII°S et le XIX°S, il rédige une thèsehttp://clio-cr.clionautes.org/IMG/jpg_Abecedaire_de_l_esclavage_des_Noirs._Gilles_Gauvin-2_Page_1.jpg 

intitulée "Michel Debré : archéologie d'une identité nationale, 1946-1988" qui donnera lieu à une publication aux éditions de l'Harmattant Michel Debré et l'île de la Réunion, 1959/1967. Membre du Comité pour la Mémoire de l'Esclavage, il s'intéresse à la thématique de l'enseignement de la traite négrère , de l'esclavage et de leurs abolitions.En 2007 il publie aux editions Dapper un Abécédaire de l'esclavage des noirs conçu comme un outil pédagogique au service des élèves et des enseignants mais que tout le monde prendra plaisir à consulter pour la richesse de son contenu et l'enseignement qui en découle. En 2008 il rédige pour les éditions Azalées une Histoire de la Réunion.

 

Cet après midi il est face à nos élèves pour présenter deux volumes de la trilogie Tambour battant. De nombreux écrits ont été publiés concernant l'esclavage et je souhaite avoir de plus amples explications quant au choix de ce support. La BD évidemment, parle davantage aux jeunes que ne le ferait un texte. Néanmoins elle impose des choix, une sélection.

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Le rendu satisfait moyennement Gilles Gauvin qui reconnait que le deuxième volume: Joro, correspond mieux à ce qu'il voulait faire passer. Dans le premier volume: Bahiya, la collaboration s'installe avec Laetitia Larralde. Le défi est de présenter l'histoire de l'esclavage sur l'île de la Réunion de 1794 à 1848 (période couverte par l'ensemble de la trilogie). Le choix de l'auteur s'est porté sur un destin, celui de Bahiya, depuis sa capture jusqu'à sa vie

dans une plantation.

 

Pas facile d'écrire une BD quand ...on ne l'a jamais fait ! Gilles Gauvin a alors opté pour l'écriture du scénario sous forme de pièce de théâtre, soulignant ainsi les dialogues qui allaient alimenter la bende dessinée. Pour ce premier volume 27 pages de manuscrit ont donné 70 pages de dessins. Gilles Gauvin souligne l'évolution de son travail en insistant sur le fait que pour le deuxième volume, 22 pages de manuscrit ont donné 130 pages de dessins ! "Dans cette collaboration j'ai appris à travailler avec Laetitia et elle avec moi. Au départ elle était très proche du texte, puis elle a osé mettre d'autres éléments dans ses dessins. Il fallait aussi donner un rythme au récit. J'ai choisi le "kriké-kraké" du conteur réunionnais"

 

 

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PC060427.JPGNous intérrogeons Gilles Gauvin sur le choix des couleurs ou des non-couleurs justement." Le choix de dessins en lignes claires s'est imposé de façon à ne pas accentuer la différence blanc/noirs, par ailleurs cela aurait été inutile, on voit très bien qui est noir ou blanc sur les planches. Cela accentue aussi la pureté du trait".

 

Dans cette BD l'auteur a choisi d'introduire des éléments caractéristiques de la culture créole réunionnaise. On a parlé du "kriké-kraké" mais on relève aussi l'allusion aux devinailles, sirandanes qui sont des devinettes créoles ou au moringue dans un passage magnifique du volume Joro. "Je voulais montrer comment l'esclave respecte les règles et le maître non. ce dernier devait attaquer l'esclave par derrière, en lâche. Pour cette raison j'ai pensé à cette danse, le moringue, mélange de danse et d'art martial, qui permet aux deux personnages de s'affronter à travers des règles

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précises, un code"

 

Les contraintes éditoriales ne snt pas simples et freinent ou alourdissent le travail. Pour cette raison il est intéressant de poursuivre le récit dans un deuxième pui un troisième volume afin de s'affranchir de ces contraintes ou d'imposer sa vision. Le plus difficile pour Gilles Gauvin a donc été de retranscrire ce qu'il avait dans la tête, de faire passer ses idées et sa vision des choses, pas évident lorsqu'on n'est pas totalement aux commandes !

 

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Ses recommandations sur le même thème et toujours en BD :

 

 

Les Passagers du vent, Bourgeon

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ATAR Gull, Nury, Bruno,

adaptation d'une nouvelle d'Eugène Sue

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J'avoue que ce fut une rencontre très intéressante, d'abord parce qu'elle m'a permis de percevoir un peu mieux le travail sur une BD, totalement différent d'un travail sur un roman, parce que j'ai pu afiner mes connaissances sur l'ile sur laquelle je vis depuis bientôt trois ans et ensuite parce que je suis aussi enseignante et parfois tentée de passer à l'écriture !

 

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