Entre autaffiche rock et littératureres musiques que j'affectionne : le rock, parfois jusqu'au métal. Oui, parfois, pas exclusivement car il est difficile pour moi de faire un choix aussi tranché et de verser totalement dans le côté obscur de la force (Ronny, mon maître es-métal, si tu me lis ...!). Tout de même "The last fight" accoustique de Bullet for my valentine devrait mettre tout le monde d'accord n'est-ce pas ?Mais là n'est pas le sujet du jour.

Des chansons qui ont rythmé mon adolescence et plus tard, je garde Nirvana avec une tendresse particulière pour Kurt Cobain qui me fait inmanquablement penser aux textes de Bob Dylan ou John Lennon , U2, ACDC ou encore Led Zeppelin, Gun's and roses, The Doors ... A l'autre extrêmité - et justement parce que je ne pense pas que ce soit l'autre extrêmité- le blues et le jazz. Mais ça, c'est une autre histoire ...

 

Au menu donc :

- Le livre de Joe, Jonathan Tropper

- Moins que zéro, Bret Easton Ellis


 

Et je convoque ici le grand Springsteen !

 

" LIVRE PREMIER

 

Now a life of lesure and pirate's treasure

Don't make much for tragedy

But it's sad man my friend who'livin in his own skin

And can't stand the company

                                       _ Better days, Bruce Spingsteen

 

It's a town full of losers

I'm pulling oiut of here to win

                                      _ Thunder road, bruce Springsteen "

 

Ainsi s'ouvre Le livre de Joe de Jonathan Tropper. Le ton est donné; ce roman sera rock ou ne sera pas ! Un simple résumé ne donnerait pas forcément envie de le lire tant l'histoire est convenue. Je m'y risque tout de même.

 

L'histoire : Joe a visiblement réussi sa vie en publiant un roman autobiographique qui l'a rendu riche et célèbre. Malgré tout il s'interroge sur son existence "A trente quatre ans, j'ai de l'argent, du succès, des rapports sexuels réguliers et un quatre pièces luxueux à Manhattan dans l'Upper west side. De quoi vous donner à priori l'impression de tenir le monde par l'entrejambe, pour rester poli. Et pourtant, récemment, j'ai commencé à me demander si je n'étais pas au fond qu'un sale connard seul au monde, et ce depuis longtemps déjà". Suite au décès de son père Joe va retourner dans sa ville natale, Bush Falls,  pour un face à face avec son passé et ses fantômes. Ses habitants, caricaturés dans son roman, lui réservent un accueil glacial bien compréhensible. Commence alors une lente prise de conscience ponctuée de souvenirs, de retour en adolescence et ...de rock. 

 

Car c'est bien là l'originalité de ce roman dont la fin, un peu décevante, ressemble à un happy end à l'américaine (on aurait aimé que l'histoire ne perde pas son mordant). L'écriture donc et la musique. Oui, la musique !

 

Que Jonathan Tropper ait trouvé un écho à son histoire dans les textes de Springsteen n'est pas étonnant. D'abord parce que les textes de ce dernier proposent une réflexion sur l'Amérique, ensuite parce que la littérature, comme le cinéma, sont toujours plus ou moins présents dans ses albums ( je pense ici au sublime album  The ghost of Tom Joad, hommage aux Raisins de la colère de Steinbeck et son héros du même nom). Sprinsteen a une écriture très visuelle, faite de détails, d'associations ( lieu/personnage), de mises en scènes. Le rêve américain et son désenchantement sont au coeur de ses chansons ( "Born in the USA"  pour seul exemple). Jonathan Tropper a choisi, lui, Better days qui oscille entre espoir et tristesse, constat désarmant de l'homme qui vit seul dans sa propre peau, "just sitting around waiting for my life to begin".

 

Peut-on faire une croix sur son passé ? Le roman pose la question en même temps qu'il se fait une critique acerbe de l'Amérique profonde, ses pom pom girls, son équipe locale et la grosse entreprise qui fait vivre la ville, ses ragots et ses préjugés. C'est ce joyeux petit monde que Joe a caricaturé dans son roman, comme pour se moquer de la ville dans laquelle il a grandi et qu'il a fuie.

 

A l'occasion de ce bilan, Joe replonge dans son passé adolescent et le comportement qui va de pair. Mais c'est justement là qu'arrive le meilleur, des pépites dans le roman : Born to run, Backstreets. Chaque souvenir est alors rythmé par la musique de Bruce Springsteen, tel un personnage à part entière. "On était complètement paumés. Et c'est de ça dont parle Backstreets (...). Ca parle de deux types qui essaient en vain d'aspirer le feu qui les a vus naitre. Après tout ce temps, ça reste la meilleure description que j'ai jamais entendue de ce qu'on a vécu, cet été là (...)" Pas de misérabilisme dans la description des souvenirs retrouvés, juste de quoi avancer.

 

D'autres avis:

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La musique dans Moins que zéro de Bret Easton Ellis met à l'honneur les années 80. J'avoue ne pas trop apprécier tous les titres dont il est question. Mais Fleetwood Mac et , surtout, surtout, Eagles ... !

 

L'histoire : un riche étudiant retourne dans sa ville natale ( non je ne me suis pas trompé de résumé ! Quand je vous disais que ce thème était rebattu ...) le temps des vacances: vie d'ado bien rempli entre alcool , drogue, sexe et reflexions sur son couple. Mais il prend peu à peu du recul et observe ceux qui l'entourent et leur existence vide, creuse. Les soirées trop arrosées ne sont qu'une façade pour masquer une peur que le roman dénonce dès les premières lignes : "Les gens ont peur de se perdre sur les autoroutes de LA", sans doute la clé du roman. Peur de ces jeunes sans support parental.

 

Pas facile d'y entrer ou plutôt d'y cheminer, tant on a l'impression de patauger aussi, comme les personnages, dans une sorte de flou artistique. Qui est qui ? Mais finalement est-ce important puisque tous mènent la même existence. On aurait peut-être aimé quelque chose de plus profond mais Bret Easton Ellis a choisi de montrer, pas d'expliquer, laissant le lecteur se faire sa propre opinion. La lassitude que l'on peut ressentir à la lecture du roman est à mon sens voulue, recherchée. Cependant l'intérêt réside aussi dans les titres qui parcourent le livre. Comment décrire cet aspect des années 80, en effet, sans assurer un fond musical qui nous plonge d'emblée dans l'époque ? Ici pas de message, les musiques accompagnent la descente en enfer en fond sonore, les personnages fredonnent des paroles de Talking heads parce que c'est dans l'air du temps.

 

Deux façons donc de traiter le rock dans les romans. Et il en existe bien d'autres (John Fante La route de Los Angeles; Denis Johnson et son Jesus' son hommage à Lou Reed au passage, pour ne citer qu'eux) mais ce qui m'a plu dans ces deux là c'est que le rock n'est pas le sujet du livre, c'est un support, une sorte de bande-son. L'écriture cinématographique n'est jamais très loin.

 

Ils en parlent sur leur site :

Rock et littérature à Nantes

Rock et littérature: vrai genre ou imposture ?

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