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L'Amour et les forêts, Eric Reinhardt, éditions Gallimard, 2014, 366 pages

Genre : roman

Thèmes : amour, souffrance, écrivain, harcèlement, femme

 

L'auteur en quelques mots ..

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Romancier et éditeur d'art, Eric Reinhardt est né en 1965. Connu pour son roman Cendrillon paru en 2007, il n'en demeure pas moins l'écrivain de huit récits.

 

L'histoire

Contacté par une lectrice, Eric Reinhardt, écrivain, finit par la rencontrer. La discussion tourne autour de la littérature, Bénédicte Ombredanne étant agrégée de lettres et professeur dans un lycée de Metz. Revenant sur cette rencontre, l'écrivain confie :" J'ai eu envie de connaitre Bénédicte Ombredanne en découvrant sa première lettre : c'était une lettre dont la ferveur se nuançait de traits d'humour, des ceux pasges m'ont ému et fait sourire, elles étaient aussi très bien écrites, c'est un alliage suffisamment rare pour qu'il m'ait immédiatement accroché.Partant de considérations sur l'écrivain et sa fiction, son statut, ils en viennent à évoquer quelques peu la vie de la jeune femme, sa passion pour Villiers de Lisle Adam, des lectures communes qui les ont fait devenir ce qu'ils sont. Il pressent pourtant autre chose là- dessous et commence avec elle une correspondance par mail qui les mènera à des révélations à la fois fascinantes et tragiques. " Que je me sois confié à bénédicte Ombredanne au premier rendez-vous est certainement ce qui l'a encouragée à se confier à mois au début du second". S'ouvre alors un gouffre de souffrance et d'abnégation sous les yeux de l'écrivain, une vie qu'il n'aurait pu lui-même imaginer pour ses personnages.

Car l'histoire de Bénédicte est l'histoire de l'émancipation d'une femme, de son emprisonnement, de sa soif de liberté, mais aussi celle d'un harcèlement qui l'a poussée à dépasser les limites de sa petite vie ... «Car c’est ça ma grande terreur, c’est que ma vie s’écoule inutilement comme de l’eau d’un robinet qu’on a oublié de fermer, ou d’un robinet qui fuit, quelque chose comme ça, tu vois.»


En vrac et au fil des pages ...

Ce récit est un coup de coeur. Pourtant les premières pages ne m'ont pas convaincue : ego de l'écrivain, considérations qui mènent le lecteur à se lasser de cet homme qui ramène tout à lui... jusqu'à cette phrase : "Elle me disait que tout était fiction pour elle, à commencer par cet Eric Reinhartd que je mettais en scène (...) elle avait abordé ce personnage comme un pur personnage de fiction". Je me suis alors prise au jeu de l'écrivain qui parle de lui sans vraiment parler de lui. Et puis on perd tout cela et on entre dans l'histoire incroyable de cette femme, Bénédicte Ombredanne.

Le récit se déplie en longues phrases, au rythme d'un souvenir.

Il devient alors à la fois plus sombre et émotionnellement fort. On entre peu à peu dans la vie et l'histoire de cette femme et le voile qui se lève sur les zones d'ombre de son existence font froid dans le dos. le lecteur se prend à la soutenir, à espérer avec elle. La fin est surprenante, ou plutôt les fins ! 

Les thèmes ici abordés n'est pas faciles à mettre en scène : harcèlement moral, adultère. On se prend à cautionner ce dernier geste tant la vie de Bénédicte nous fait bondir. On déteste son mari, on voudrait secouer ses enfants, on ne comprend pas cette femme, son abnégation, sa décision de rester malgré tout. Puis arrive le jour de bonheur qui sera de courte durée mais qui permet s'y croire et d'envisager une fin heureuse. 

Et la forêt dans tout cela ? Le refuge, la découverte, le lieu sacré, une promesse, une autre réalité sans doute ... mais là je n'en dis pas plus.

Truffé de références littéraires, ce roman se veut riche et complexe. Le lecteur peu attentif ou qui se laisse porter par le récit n'y prêtera peut-être pas attention mais chaque titre dont il est question renvoie à la vie de l'héroine, comme une clé. Ainsi L'Agrément inattendu de Villiers de Lisle Adam que l'on pourrait voir comme une métaphore de la vie de Bénédicte (mais enfin là c'est la littéraire de formation qui parle et ne peut s'empêcher de déceler un système d'écho dans le récit !), une richesse pour moi.

Ne connaissant pas les écrits d'Eric Reinhardt je ne savais quel chemin prendrait son roman. Il est palpitant , étonnant, il nous retourne et en même temps nous interroge : ce que l'on a lu a-t-il eu lieu ou bien est- ce le récit imaginaire d'une femme blessée. L'écrivain s'est-il laissé prendre au piège ? nul doute que vous vous interrogerez encore en refermant le livre ...

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