Riquet à la houppe, Amélie Nothomb

Riquet à la houppe, Amélie Nothomb, éditions Albin Michel, 2016, 198 pages

Genre : conte

Thèmes : enfance, apprentissage, beauté,philosophie, rejet

 

L'auteur en quelques mots ...

Fille de diplomate belge, Amélie Nothomb est née le 13 août 1967 à Kobé, au Japon. A moins que ce ne soit le 9 juillet 1966 à Etterbeek, Bruxelles. C'est que l'auteur s'est créé un personnage autobiographique !

Elle publie en 1992 son premier roman, Hygiène de l’assassin, unanimement salué par la critique et le public.

En vingt ans de carrière, Amélie Nothomb a notamment été récompensée par le Grand Prix du Roman de l’Académie française 1999, le Grand Prix Jean Giono pour l’ensemble de son œuvre et le Prix de Flore 2007.

Amélie Nothomb déclare écrire près de quatre romans par an pour n’en publier qu’un seul et souhaite user de son droit moral de divulgation pour que ne soient pas publiés les autres manuscrits.

En 2011, un géant du Nord est conçu à son effigie, rejoignant ainsi les rares Géants à représenter une personnalité vivante.

En 2012, elle retourne pour la première fois au Japon depuis le séisme, le tsunami et l'accident nucléaire de Fukushima, en disant : « le Japon m'a plusieurs fois sauvée et j'ai à nouveau besoin d'être sauvée par le Japon, qui a ce pouvoir guérisseur ». À cette occasion, un reportage sur elle sera tourné par France 5. Le tournage de ce documentaire est d'ailleurs le sujet de son roman La Nostalgie heureuse. Le 22 août est publié son vingt et unième roman, Barbe bleue.

Amélie Nothomb prête sa voix au personnage de Diane de Brassempouy, une aristo-sapiens snob et raciste, dans les trois saisons de la série d'animation Silex and the City, adaptée de la bande dessinée homonyme.

L'histoire:

Enceinte à 48 ans, Enide n'a pris conscience de son état qu'au sixième mois. C'est qu'elle et son époux avaient fait une croix sur une éventellement parentalité.Elle "attendait l'accouchement comme d'autres la roulette russe". Lorsque l'enfant arriva, la stupeur les étreignit : il était laid. Un vieillard fripé, en pleine santé, nommé Déodat. 

Rapidement, les heureux parents comprennent que leur enfant est hors norme et semble doué d'une intelligence surprenante.

"Sur l'autre rive de la Seine, un jeune couple nouvellement établi non loin de la gare d'Austerlitz mit au monde une petite fille". La perfection ! Un teint diaphane, des yeux merveilleux. Elle s'appellerait Trémière (le père s'appelant Lierre et la mère Rose, il ne pouvait en être autrement). Mais les jeunes parents, trop occupés par leur travail, confièrent la petite à sa grand-mère et ne s'occupèrent plus d'elle. C'est alors un univers merveilleux, féérique, qui entoura Trémière durant son enfance.

Déodat et Trémière avaient pourtant bien des points communs et ,chacun de son côté ,devait expérimenter le rejet, la jalousie et la dure réalité de la vie en communauté...

En vrac et au fil des pages ...

 

J'ai beaucoup lu Amélie Nothomb avant de tenir le blog, mais ai abandonné par la suite. Je ne sais ce qui a fait que je lui ai lâché la main, mais ces derniers temps, grâce au partenariat Albin Michel, j'ai eu envie de reprendre le fil.

Les éléments du conte sont bien là : une grand-mère aux allures de fée, les bijoux et les beaux atours, la beauté et son pendant, la laideur. Mais Amélie Nothomb explore davantage encore les profondeurs de l'âme humaine : la vie en société, la différence, la cruaté des enfants entre eux et le détachement des adultes...

On suit l'évolution des deux personnages que tout semble opposer mais dont les ressemblances vont peu à peu sauter aux yeux du lecteur. L'auteur a choisi la touche d'humour pour traiter de la laideur :

"Le sommet fut atteint par la méchante tante Épziba :
– Ma pauvre Énide, tu te remets ?
– Oui. La césarienne s’est bien passée.
– Non, je veux dire, tu te remets d’avoir un gosse aussi vilain ?"

C'est donc par ce petit côté décalé que le conte se démarque de l'original, que l'on connait le mieux par sa version de Charles perrault.

L'ensemble est travaillé à l'extrême et l'on pourrait passer du temps à observer la construction du récit : deux formes parallèles , les figures parentales que tout oppose mais qui suprennent ( les parents de Déodat l'aimant et le vénérant malgré sa laideur alors que ceux de trémières, jeunes et beaux, délaissent leur fille qui ressemble à un ange).

L'attachement de la jeune fille à sa grand-mère est un élément émouvant du récit qui rappelle que les liens familaux sont essentiels au développement de l'enfant.

J'ai apprécié la façon dont Amélie Nothomb s'est émancipé du conte de Perrault pour en faire une histoire de tolérance et de respect.

 

 

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