Qui es-tu Alaska ? John Green

Qui es-tu Alaska ? John Green, éditions Gallimard jeunesse, pôle fiction, 2011, 402 pages

Traduit par Catherine Gibert

Genre : drame, jeunesse

Thèmes : amitié, solitude, adolescence, littérature, souvenirs, résilience

 

L'auteur en quelques mots ...

Né à Indianapolis en 1977, John Green est devenu un auteur à succès avec la parution de Qui es-tu Alaska ? en 2005. Aumonier dans un hôpital pour enfants, il décide de se tourner vers l'écriture, la critique littéraire et la radio.Chacun de ses romans est un succès mais c'est Nos Etoiles contraires qui l'a propulsé en deuxième position des bestsellers du New York times en 2012.

Plusieurs de ses récits ont été adaptés au cinéma.

L'histoire :

"Je pars en quête d'un Grand Peut-Etre"

Miles Halter a 16 ans lorsqu'il décide de quitter ses parents pour aller étudier à Culver Creek. Depuis toujours Miles est un solitaire, comptant peu d'amis, voire aucun, ce que sa mère se refuse à accepter. Pourtant Miles ne vit pas cela comme une fatalité, lui qui apprécie plus que tout les biographies de personnalités et connait par coeur leurs dernières paroles.

Quitter le cocon familial pour aller à la rencontre du "Grand Peut-être" comme disait Rabelais. Pourtant ses premiers pas à Culver Creek, Alabama, semblent le maintenir dans la catégorie de ceux qu'on ne voit pas ou dont on se moque, comme en témoigne le bizutage dont il fait les frais, pour avoir sympathisé avec le Colonel, son jeune colocataire.

Rapidement une amitié solide s'instaure entre eux et le Colonel, Chip de son vrai nom, présente à Miles le reste de la troupe : la belle Alaska Young, jeune femme écorchée, lunatique, qui attire irrémédiablement Miles, Takumi et Lara.

Leur vie sur le campus est rythmée par l'alcool, les cigarettes et les blagues échangées entre les deux camps, les weekenders qualifiés de fils à papa et les jeunes comme la bande du colonel. Au milieu de ce tumulte bon enfant, le directeur du campus tente de faire régner l'ordre, instaurant la sanction par les pairs.

Chacun s'ouvre, se confie peu à peu et l'on découvre les blessures, les non-dits de vies de famille pas toujours facile. Premiers baisers, premières émotions et un drame qui va faire basculer la vie de ce joyeux groupe.

En vrac et au fil des pages ...

 

Enfin, me direz-vous ! Voilà longtemps que je prévois de lire un livre de John Green et cela aurait pu être Nos Etoiles contraires si je n'en avais pas vu l'adaptation cinématographique. Autant commencer par le début avec un premier roman réussi qui nous plonge au coeur d'un campus d'Alabama.

Le roman s'étire au rythme des cours, des discussions adolescentes parfois profondes qui ont pour sujet la famille, l'avenir, la vie d'un adolescent en devenir.

J'ai apprécié les références littéraires, les sujets de philo qui poussent à aller plus loin et à trouver la sortie du "labyrinthe de souffrance" dans lequel certains se sont enfermés. A commencer par Alaska, jeune femme insaisissable, attirante, qui semble cacher un lourd secret. On comprend rapidement qu'elle est centre de cette vie de campus,imaginant des blagues plus invraisemblables les unes que les autres, fournissant au groupe l'alcool et les cigarettes. Mais elle est touchante par le côté sombre qui se cache en elle, qu'elle laisse transparaître, qui la rattache à un passé douloureux. Evidemment ces jeunes boivent trop et fument trop. Mais l'adolescence n'est-elle pas la période des trop ?

Alaska trouvera en Miles un confident, mais peut-on réellement dépasser les souffrances à son âge, se projeter dans une vie d'adulte sans avoir fait le deuil de son passé ? Ces questions sont posées dès le départ et celle de la mort plane sur le récit, parfois de façon détachée comme avec les dernières paroles de personnalités que Miles apprend par coeur, ou de façon plus profonde comme les réflexions suscitées par le récit de vie d'Alaska.

La structure du récit suppose une certaine tension avec un compte à rebours qui nous invite à aller vers un irrémédiable drame. On le devine, on voit les pages défiler ,puis la vie reprendre son cours dans un APRES qui amène à la reconstruction.

On a reproché à ce livre sa lenteur, mais je pense qu'elle est voulue pour installer une sorte de routine adolescente, prendre le temps de découvrir chaque personnage comme ils se découvrent eux-mêmes. Bien entendu certaines pages sont répétitives , mais cela ne gène pas la lecture de mon point de vue.

S’attache-t-on à ces personnages ? Je dirais que cela dépend de notre âge et de notre vécu. Même si cette vie faite de transgressions sur un campus ne me parle pas, j'ai apprécié les réflexions plus profondes sur la vie, la douleur, les souvenirs, la nécessité de dépasser tout cela pour avancer. Par ailleurs le récit est bien écrit, fluide.

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