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Les Enfants de la terre, tome 1, Jean M.Auel

Genre : roman

Thèmes : préhistoire, rapports hommes/femmes, chasse, rites, mémoire

L'auteur en quelques mots ...

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Née à Chicago en 1936, Jean M Auel doit son succès à la saga publiée à partir de 1980 : Les Enfants de la terre, fresque préhistorique romancée, dont le dernier tome est sorti en 2011.

Ce n'est que vers 40 ans que Jean M.Auel se lance dans des recherches sur la préhistoire et entreprend de rédiger cette saga, s'entourant d'experts afin de coller au plus près des recherches et rendre son récit réaliste. L'evolution de l'espèce la passionne et est au coeur de ses romans.

En 2008 elle reçoit la distinction d'Officier de l'Ordre des Arts et des Lettres par le ministre français Christine Albanel

 

 

L'histoire

Suite à un tremblement de terre, Ayla, petite fille cro-magnon de cinq ans, est séparée de ses parents et se voit contrainte de fuir. La peur l'étreint au moment où la colère de la terre anéantit le campement où elle vivait en sécurité avec sa famille.Proie facile pour les prédateurs qui sévissent en ces lieux, elle parvient tout de même à échapper aux griffes d'un lion des cavernes. Mais, blessée, elle ne peut aller plus loin. Au même instant le clan de Brun, qui ne compte plus que vingt âmes, franchit la rivière, jeunes et vieux à la recherche d'une caverne qui les abritera. Découvrant le corps inerte de la petite fille, les hommes ont tout d'abord un mouvement de recul. Elle n'est pas comme eux et, si petite, ne s'en sortira probablement pas. Blonde aux yeux bleus , elle appartient au peuple des Autres qu'ils connaissent assez mal. Pourtant , sous les supplications d'Iza,ils l'emportent avec eux, lui prodiguant les soins adaptés. Peu à peu la fillette apprend à vivre au sein du clan, découvrant des coutumes qu'elle ne connait pas, des règles strictes auxquelles elle n'est pas habituée mais aussi des liens forts qui unissent les membres des familles. Rapidement Creb, le vieux sorcier, se prend d'affection pour Ayla, lui apprenant sa langue ,essentiellement faite de gestes, et insiste pour qu'elle soit adoptée définitivement par le clan. Iza devient alors sa mère adoptive, consciente qu'un monde les sépare, elles qui ne sont pas de la même lignée. Ayla recevra un totem puissant: le lion des cavernes et devra faire ses preuves dans un clan où la domination des hommes les pousse parfois à une grande violence. Elle découvrira l'univers des femmes, soumises, reléguées à certaines tâches mais aussi essentielles pour la vie du clan, garantes de la lignée. Douée de remarquables qualités d'adaptation, Ayla apprendra les techniques d'Iza la guérisseuse, de Zoug le chasseur et de Creb le sorcier, surpris qu'un être qui ne possède pas la mémoire du clan puisse ainsi mémoriser les gestes, les plantes, les pratiques. Mais sa différence est trop grande, suscitant la haine de Broud promis à un avenir de chef de clan, et son attitude éveille les soupçons. Que deviendra-t-elle au milieu du clan de l'ours des cavernes, elle qui se différencie en tous points des néandertaliens qui l'entourent et qui voient en elle une grande laideur en même temps que des capacités hors normes ?

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En vrac et au fil des pages

La présentation de Jean Philippe Rigaud, directeur du centre national de préhistoire en 1991, place immediatement la saga de Jean M. Auel entre fiction et réalité. Ce spécialiste reconnait dans cet écrit de nombreuses recherches scientifiques et des descriptions très proches de la réalité de la préhistoire. C'est donc dans une lecture pour une grande part historique que le lecteur se lance.

J'ai beaucoup apprécié cette confrontation entre les différentes espèces : l'homme de néandertal et la dernière évolution de l'homme, les homo sapiens, représentés par Ayla. L'humour est bien présent, notamment par l'évocation de la laideur d'Ayla, plus grande, blonde aux yeux clairs, dont les capacités sont plus évoluées et surprennent. Les suppositions de l'auteur sont bien amenées , à tel point que le lecteur fait confiance à ce qu'elle nous livre. Certains passages sont ainsi passionnants , comme celui où Creb apprend à compter à Ayla et découvre ss capacités d'abstraction que lui -même ne maitrise que jusqu'à un certain point alors que les hommes de son clan n'ont pas idée des nombres au-delà des doigts de leurs mains. De la même façon, les caractéristiques physiques ne sont pas décrites dans le détail mais perçues par le regard  des personnages. Le fait qu'Ayla pleure ou rie est inconnu des hommes de néandertal qui voient là une anomalie liée à l'espèce à laquelle Ayla appartient ou une maladie. L'auteur nous oblige donc à reconsidérer notre point de vue en nous transportant 35.000 ans plus tôt à la découverte des prémices de l'homme moderne.

Le roman est aussi l'occasion d'aborder des thèmes plus forts comme les rapports hommes femmes dans une société patriarcale qui soumet les femmes et les relègue aux rôles subalternes, à moins qu'elles n'occupent une haute fonction, comme Iza la guérisseuse. En Ayla germent des désirs de rebellion qui rappellent au clan qu'aux origines de l'homme, les femmes chassaient elles aussi puis ont peu à peu été exclues de ces tâches et rendues inférieures aux hommes. Un propos féministe sous-tend donc l'oeuvre de Jean M Auel.

J'avoue avoir été séduite par le propos tant que par la plume fluide et alerte. On ne s'ennuie pas, bien au contraire, tout en s'instruisant et cela donne envie d'en savoir plus. Que sait-on aujourd'hui des homo sapiens ? Ont-il vraiment été confrontés aux néandertaliens ? Ont-ils vécus côte à côte et assuré une lignée commune comme ce sera le cas pour Ayla qui devient mère à la fin du premier tome ? Est-ce possible ? J'ai surtout été passionnée par la question de la mémoire dont le sorcier est détenteur et qu'il peut livrer à ses congénères, mémoire qui permet au clan de bénéficier des découvertes de leurs ancêtres.

Je ne connais pas d'autre saga préhistorique et suis séduite par celle-ci dans laquelle j'ai hâte de me replonger. L'originalité du propos fait la part belle aux recherches scientifiques en vigueur au moment de l'écriture mais n'oublie pas de régaler le lecteur par une fiction entrainante.

Les chroniques des copinautes :

Nanet

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