Belgravia, Julian Fellowes

Belgravia, Julkan Fellowes, éditions J.C Lattès, 2016,420 pages

Genre : historique

Thèmes : famille, héritage, lignée, mariage, descendance, intrigue, société anglaise, XIXe S, Angleterre, secret de famille.

Traduit de l'anglais par Valérie Rosier et Carole Delporte

L'auteur quelques mots ...

 

 

Né en 1949 au Caire, Julian Fellowes est acteur, scénariste, réalksateur ,producteur et romancier. Connu pour la série Downtown abbey, son intérêt pour la société anglaise est visible dès Gosford Park en 2001  oû l'on rencontre déja les deux milieux : aristocratie et domesticité.

Il siège depuis 2011 à la chambre des Lords.

Outre ses films,il est l'auteur de trois romans : Snobs en 2004, Massé imparfait en 2014 et iBelgravia en 2016.

L'histoire

15 juin 1815. Alors que s'annonce la bataille de Waterloo, ce que la société anglaise compte de beau monde se retrouve au bal de la duchesse de Richmond à Bruxelles. Anne et James Trenchard y sont invités, alors même qu'ils n'appartiennent pas à ce monde, par le biais de leur fille Sophia, amoureuse du fils de lady Brockenhurst, Edmund Bellasis. James Trenchard est alors intendant du duc de Wellington et aspire à grimper l'echelle sociale. Aussi assiste t il avec fierté au bal qui sera plus tard connu dans l'histoire comme la légendaire soirée avant la tragédie. En effet, au cours de la soirée, les officiers apprennent l'arrivée imminente de Napoléon et ce qui devait être un bal de saison se transforme en adieux déchirants.

Quittant le bal au bras de sa mère, Sophia aperçoit alors une scène qui la laisse pantoise et qui déterminera son avenir. Quelques heures plus tard, on apprend le décès du jeune lord Bellasis.

1841. Alors qu'Anne Trenchard s'apprête à être reçue dans une des plus belles demeures du quartier Belgravia, elle se remémore l'ascension de son mari, désormais apparenté aux nouveaux riches grâce à ses investissements dans les constructions immobilières de luxe et le développement de quartiers de Londres. Quand a- t- elle émis le souhait d'être conviée aux thés de l'après midi ? Car si son époux rêve en grand, elle aspire à plus de modestie. Sa belle fille, Susan, épouse de son fils Oliver,en revanche, aimerait être reçue dans cette société aristocratique aux rituels surannés. Mais, malgré les efforts de James Trenchard, son fils n'a jamais montré de capacité de travail, profitant de la richesse de ses parents et attendant d'hériter.

C'est aussi ce qu'attend John Bellasis, bellâtre filleul de lady et lord Brockenhurst. Edmund décédé, c'est lui qui est pressenti pour hériter.

Pourtant, devant l'accablement de Caroline Brockenhurst et le souvenir de la soirée du 15 juin 1815, Anne Trenchard s'apprête à ouvrir la boite de Pandore, révélant ce qui s'est passé entre sa fille Sophia, décédée depuis, et Edmund Bellasis quelques 25 ans plus tôt et ce qui unit les deux familles que tout semble pourtant opposer...

 

En vrac et au fil des pages...

 

Je connaissais Downtown Abbey et avais envie de découvrir ce que le réalisateur de cette série proposait en roman. Ici les domestiques apparaissent en arrière plan, contrairement à la série tv qui les place comme personnages essentiels de l'histoire. On est plutôt sur un secret de famille qui unit deux maisons que tout devrait opposer, à commencer par la lignée et la place dans la société. 

L'ascension de ceux que l'on a appelé " nouveaux riches " ne plait pas à tous et si la haute société les tolère, elle ne les accepte pas comme égaux. Dans ce contexte, Anne Trenchard qui n'aspire pas à plus que son rang, se voit contrainte d'intégrer les salons pour le thé de l'après midi dans le grand Londres.

James Trenchard, parti de rien, a réussi. Reconnu pour son travail ,il n'en reste pas moins génant dans sa volonté de s'élever. Mais il cache un secret que sa femme va découvrir par hasard, car si Anne connait la vérité sur la relation que leur fille Sophia entretenait avec le jeune lord Bellasis, elle ne sait pas tout. 

Anne est trop sensible et ne prend pas garde aux révélations qu'elle s'apprête à faire à la mère de lord Bellasis, Caroline Brockenhurst. Une fois la boite de Pandore ouverte, les evénements vont s'enchainer, ramenant tout ce petit monde la soirée de 1815 et aux blessures du passé.

Une fois tous les éléments en place,le lecteur attend le dénouement, espérant pour les uns, détestant les autres. Car la force du récit réside dans les portraits. Tous sont représentés: les passifs, les jaloux, les envieux, les manipulateurs, les sensibles...

Les domestiques n'apparaissent pas ici sous leur meilleur jour, la plupart prenant part à la manipulation mise en place par John Bellasis. J'ai regretté que l'on ne découvre pas plus les coulisses des grandes maisons. 

Le roman développe également la vie des cadets des familles. Alors que les ainés héritent et font de beaux mariages, les enfants suivants sont comme des seconds rôles. Il est vrai que cette notion d'héritage détruit bien des relations. Le lecteur plaindra sans doute ces personnages relégués au second plan, récupérant les miettes, rendus aigris par les circonstances.

Le recit se lit bien, la fluidité amenant le lecteur vers des dernières pages sous tension. Les moeurs sont bien décrites , le rituel des journées, les conventions,les usages vestimentaires...

Pour la part historique, outre l'entrée en matière sur la bataille de Waterloo, on prend la route du coton avec Charles Pope, un personnage que je n'ai pas présenté et pour cause puisqu'il est le lien entre tous et la pierre angulaire de l'intrigue. L'évocation de l'Inde renvoie à l'exotisme que la période aimait tant, les femmes s'extasiant sur la vie là bas, les hommes voyant là une opportunité à saisir. La manufacture est malheureusement en retrait. J'avoue que j'aurais aimé en savoir plus.

Je vous recommande ce récit pour l'ambiance, l'intrigue originale. Mais ne lisez pas ce récit dans l'idée d'y retrouver un remake de Downtown abbey, ce qui est tout aussi bien finalement.

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